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AMBROISE DE MILAN — AMBROISE DE LISIEUX

onction qui charme encore dans ses écrits, et fit de lui un des instruments dont Dieu se servit pour ramener saint Augustin dans le giron de l'Église. La plupart de ses ouvrages ne sont que des homélies, retouchées après coup pour leur donner la forme sous laquelle elles nous ont été conservées. Ce sont surtout des leçons morales, généralement tirées des Livres Saints. Saint Ambroise expose dans le sens littéral les faits historiques racontés dans l’Ancien et dans le Nouveau Testament, et en tire des exhortations pieuses, qu’il relève par des allégories mystiques. Il emprunte beaucoup à Philon et aux Pères grecs, qu’il lisait dans leur langue originale, en particulier à saint Basile, à Origène et à saint Hippolyte. Son goût est celui de son époque ; il surcharge sa phrase d’antithèses, et son style, ordinairement noble et éloquent, manque parfois de naturel et de clarté. Il appartient à l'école allégorique. Mais, quoique son exégèse soit d’ordinaire plus édifiante que scientifique, il n’en mérite pas moins justement le titre de Docteur de l'Église pour l’exactitude et la solidité de sa doctrine. Parmi les éditions de ses Œuvres, on remarque celle des Bénédictins de Saint-Maur, 2 in-f°, Paris, 1686-1690, réimprimée dans la Patrologie latine de Migne, t. xiv-xvii, et celle de P. A. Ballerini, 6 in-f°, Milan, 1876-1886.

Les écrits de saint Ambroise qu’on peut ranger dans la classe des écrits exégétiques sont les suivants : 1° Hexæmeron, t. xiv, col. 123-274, explication de l'œuvre des six jours de la création, prêchée d’abord en neuf sermons, en 389, puis réduite en six livres, d’après Origène, saint Hippolyte et saint Basile. L'évêque de Milan traduit quelquefois des passages entiers de l’Hexaméron de ce dernier Père, ce qui ne l’empêche point d’ailleurs d’avoir des opinions différentes. C’est de tous ses écrits exégétiques celui où il s’occupe le plus du sens littéral ; on y trouve des pensées profondes et des passages remarquables. — 2° Liber de paradiso, composé en 325, t. xiv, col. 275-314, brève exposition historique, longues applications allégoriques à l'âme humaine. — 3° De Cain et Abel libri duo, écrits vers 375, t. xiv, col. 314-360, commentaire allégorique et dogmatique. — 4° Liber de Noe et arca, composé vers 379, t. xiv, col. 361-416, un des ouvrages les plus soignés du saint docteur, soit pour l’explication du sens littéral, soit pour l’exposition du sens mystique. — 5° Libri septem de patriarchis, composés vers 387, et comprenant : De Abraham libri duo, t. xiv, col. 419-500 ; Liber de Isaac et anima, col. 501-534 ; Libri duo de Jacob et vita beata, col. 597-638 ; Liber de Joseph patriarcha, col. 641-682 ; Liber de benedictionibus Patriarcharum, col. 673-694. Ce dernier est une explication de la prophétie de Jacob, Gen., xlix, explication allégorique et pratique, comme tous les livres sur les patriarches, résumés d’instructions données aux catéchumènes. —6° Liber de Elia et jejunio, col. 697-728, vers 389 ou 390. Contre l’intempérance. — 7° Liber de Nabuthe et Jezrælita, col. 731-756, vers 395. Contre l’avarice. — 8° Liber de Tobia, col. 759-794, vers 377. Contre l’usure. — 9° Libri quatuor de interpellatione Job et David, col. 797-850, écrits en 383. Les deux premiers livres traitent des plaintes que leurs souffrances arrachent à Job et à David ; les deux derniers expliquent, pour défendre la Providence contre les païens, pourquoi les justes sont quelquefois malheureux. — 10° Apologia prophetæ David ad Theodosium Augustum, col. 851-884, vers 384. David fut coupable d’adultère et d’homicide, mais il expia ses crimes. — 11° Enarrationes in duodecim diversos Psalmos, col. 922-1180, vers 390-397. Explication surtout morale des Psaumes I, xxxv, xxxvi, xxxvii, xxxviii, xxxix, XL, xliii, xlv, XL vii, xlviii et lxi. En tête est placée une belle préface sur les Psaumes, imitée de saint Basile. — 12° Expositio in Psalrnum cxviii, t. xv, col. 1197-1526, vers 386-387. Elle renferme vingt-deux sermons. C’est une des œuvres les plus célèbres de l'évêque de Milan. « Saint Ambroise, dit dom Ceillier, Histoire des auteurs ecclésiastiques, Paris, 1729-1763, ch. iv, art. 8, n. 2, p. 687, s’est comme surpassé lui-même dans l’explication du Psaume cxviii ; rien n’est plus beau ni plus édifiant ; c’est un trésor de vérités morales et de maximes de la vie chrétienne, traitées avec autant d’esprit et d'éloquence que de zèle et de piété. » — 13° Expositio Evangelii secundum Lucam, t. xv, col. 1527-1850, vers 386-387. Commentaire littéral, moral et polémique, contre les manichéens, les photiniens et surtout les ariens. — 14° Epistolæ biblicæ, t. xvi, col. 1046 et suiv. On peut désigner sous ce titre plusieurs lettres où le saint docteur répond aux questions qui lui étaient proposées sur la Sainte Écriture. On y trouve l’explication de beaucoup de passages du Pentateuque, des Prophètes, de saint Paul, etc.

Saint Ambroise avait aussi expliqué Isaïe et les autres prophètes, les Proverbes et la Sagesse ; mais ces ouvrages sont perdus. Parmi les œuvres contestées, on remarque Altera apologia Davidis, t. xv, col. 887-917, dans laquelle l’auteur montre que David pèche par faiblesse humaine et se relève par sa vertu. — Commentaria in Epistolas sancti Pauli. Ces commentaires sont de l'écrivain désigné sous le nom d’Ambrosiaster. Voir Ambrosiaster. — Un savant allemand, Rudorff, Ueber den Ursprung und die Bestimmung der Lex Dei oder Mosaicarum et Romanarum legum collatio, dans les Abhandlungen der philosophisch-historischen Klasse der Berliner Akademie der Wissenschaften, 1868, p. 265-296, attribue cet ouvrage à l'évêque de Milan ; mais son sentiment n’a pas prévalu, quoiqu’on reconnaisse que la Lex Dei est de l'époque de saint Ambroise. Voir Ph. Ed. Huschke, Jurisprudentiæ antejustinianæ quæ supersunt, 2e édit., Leipzig, 1867, p. 547-609. On a attribué longtemps à saint Ambroise un Commentarius in Apocalypsim, dont le véritable auteur est Bérengaud, diacre d’Angers. Voir Bérengaud.

Voir Paulini, diaconi Mediolanensis, Vita sancti Ambrosii, Migne, t. xiv ; C. Baronius, Vita sancti Ambrosii, en tête de l'édition des Œuvres de saint Ambroise, Rome, 1580 ; Vita sancti Ambrosii ex ejus potissimum scriptis collecta, en tête de l'édition des Bénédictins, Migne, t. xiv ; G. Hermant, Vie de saint Ambroise, in-4o, Paris, 1678 ; A. Baunard, Histoire de saint Ambroise, in-8o, Paris, 1872 ; J. P. Silbert, Leben des hl. Ambrosius, in-8°, Vienne, 1841 ; J. Pruner, Die Théologie des hl. Ambrosius, Eichstadt, 1862 ; Fessler-Jungmann, Institutiones Patrologiæ, l. 1, Innsprück, 1890, 655-705.

2. AMBROISE d’Alexandrie. Saint Jérôme, ' au chapitre cxxvi de son De viris illustribus, t. xxiii, col. 751, mentionne un disciple de l’Alexandrin Didyme comme l’auteur d’un traité contre Apollinaire de Laodicée. Cet Ambroise vivait encore en 392, au moment où saint Jérôme écrivait son De viris illustribus : « …usque hodie superest, » dit-il. Et saint Jérôme lui attribue un commentaire du livre de Job, Commentarius in Iob. Ce commentaire ne nous est point parvenu. — Il ne faut point confondre cet Ambroise avec celui qui fut l’ami et le disciple d’Origène. Ramené du marcionisme au catholicisme par Origène, il s’attacha à la personne de son maître, et fit les frais de ses grandes publications : « Hujus industria et sumptu et instantia adjutus infinita Origenes dictavit volumina, » écrit saint Jérôme dans son De viris ill., lvi, t. xxiii, col. 669. Il mourut avant Origène, et sans avoir rien écrit. — Sur Ambroise, disciple de Didyme, voyez J. Dräseke, Patristische Untersuchungen, p. 201 et suiv., Leipzig, 1889.

3. AMBROISE AUTPERT. Voir AUTPERT.

4. AMBROISE DE LISIEUX, religieux du tiers ordre de Saint-François de la congrégation gallicane, fut gardien du couvent de cet ordre dit de Notre-Dame des Miracles, à Rome, et mourut en 1630. La bibliothèque de son couvent de Paris conservait de lui un manuscrit intitulé ; Lampas accensa in quatuor Evangelia, Actus