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inquit, ipsi de natura rerum veracibus documentis demonstrare potuerint, ostendamus nostris Litteris non esse contrarium ; quidquid autem de quibuslibet suis voluminibus his nostris Litteris, id est catholicæ fidei, contrarium protulerint, aut aliqua etiam facultate ostendamus, aut nulla dubitatione credamus esse falsissimum[1]. » De cujus æquitate regulæ in consideratione sit primum, scriptores sacros, seu verius « Spiritum Dei, qui per ipsos loquebatur, noluisse ista (videlicet intimam adspectabilium rerum constitutionem) docere homines, nulli saluti profutura[2] » ; quare eos, potius quam explorationem naturæ recta persequantur, res ipsas aliquando describere et tractare aut quodam translationis modo, aut sicut communis sermo per ea ferebat tempora, hodieque de multis fert rebus in quotidiana vita, ipsos inter homines scientissimos. Vulgari autem sermone quum ea primo proprieque efferantur quæ cadant sub sensus, non dissimiliter scriptor sacer (monuitque et Doctor angelicus) « ea secutus est, quæ sensibiliter apparent[3] », seu quæ Deus ipse, homines alloquens, ad eorum captum significavit humano more.

Quod vero defensio Scripturæ Sanctæ agenda strenue est, non ex eo omnes seque sententiæ tuendæ sunt, quas singuli Patres aut qui deinceps interpretes in eadem declaranda ediderint : qui, prout erant opiniones ætatis, in locis edisserendis ubi physica aguntur, fortasse non ita semper judicaverunt ex veritate, ut quædam posuerint, quæ nunc minus probentur. Quocirca studiose dignoscendum in illorum interpretationibus, quænam reapse tradant tamquam spectantia ad fidem aut cum ea maxime copulata, quænam unanimi tradant consensu ; namque « in his que de necessitate fidei non sunt, licuit Sanctis diversimode opinari, sicut et nobis », ut est S. Thomæ sententia[4]. Qui et alio loco prudentissime habet : « Mihi videtur tutius esse, hujusmodi, quæ philosophi communiter senserunt, et nostræ fidei non repugnant, nec sic


ont appuyé de preuves solides leurs assertions relatives aux sciences de la nature, montrons qu’elles ne sont pas en contradiction avec nos Saints livres ; mais lorsque, dans leurs ouvrages, ils avancent des choses contraires à nos Saints Livres, c’est-à-dire à la foi catholique, montrons-leur, si nous le pouvons, ou du moins n’hésitons pas à croire, qu’ils se trompent. » Cette règle est très juste. En effet, il faut d’abord considérer que les écrivains sacrés ou plutôt « l’Esprit-Saint parlant par leur bouche n’ont pas voulu nous révéler la nature du monde visible, dont la connaissance ne sert de rien pour le salut » ; c’est pourquoi ces écrivains ne se proposent pas d'étudier directement les phénomènes naturels ; mais, lorsqu’ils en parlent, ils les décrivent d’une manière métaphorique ou en se servant du langage communément usité de leur temps, langage dont les plus grands savants se servent encore de nos jours dans la vie ordinaire. Or dans la conversation on désigne les choses comme elles apparaissent aux sens ; de même les écrivains sacrés « s’en sont rapportés aux apparences » ; c’est le Docteur angélique qui nous en avertit. Dieu, parlant aux hommes, s’est conformé, pour se faire comprendre, à leur manière d’exprimer les choses.

D’ailleurs, si l’on doit défendre énergiquement l'Écriture Sainte, il ne s’ensuit pas qu’il faille soutenir toutes les opinions émises par chacun des Pères et des exégètes postérieurs. Ces hommes ont subi l’influence des opinions qui avaient cours de leur temps : en expliquant les passages des Saintes Écritures qui font allusion aux choses naturelles, ils ont pu mêler à la vérité des jugements qu’on n’accepterait pas aujourd’hui. Aussi faut-il soigneusement mettre à part dans leurs interprétations les points qu’ils donnent réellement comme touchant à la foi ou comme étroitement unis à elle, ainsi que les vérités qu’ils présentent d’un consentement unanime ; car, « surtout ce qui n’appartient pas au domaine de la foi, les Saints ont eu le droit, comme nous l’avons, d'émettre différents avis. » C’est la pensée de saint Thomas, qui fait ailleurs cette si sage réflexion : « Je crois plus prudent, à l'égard des doctrines qui sont communément admises par les philosophes et ne sont pas contraires à nos croyances, d'éviter tout ensemble et de les affirmer comme

  1. S. Aug., De Gen. ad litt., i, 21, 41.
  2. S. Aug., ibid. ii, 9, 20.
  3. Summa theol., p. I, q. lxx, a. 1 ad 3.
  4. In Sent., II, dist. II, q. i, a. 3.