Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/30

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esse asserenda ut dogmata fidei, etsi aliquando sub nomine philosophorum introducantur, nec sic esse neganda tamquam fidei contraria, ne sapientibus hujus mundi occasio contemnendi doctrinam fidei præbeatur[1]. » Sane, quamquam ea, quæ speculatores natura ? certis argumentis certa jam esse affirmarint, interpres ostendere débet nihil Scripturis recte explicatis obsistere, ipsum tamen ne fugiat, factum quandoque esse, ut certa quædam ab illis tradita, postea in dubitationem adducta sint et repudiata. Quod si physicorum scriptores terminas disciplinæ suæ transgressi, in provinciam philosophorum perversitate opinionum invadant, eas interpres theologus philosophis mittat refutandas.

Hæc ipsa deínde ad cognatas disciplinas, ad historiam præsertim, juvabit transferri. Dolendum enim, multos esse qui antiquitatis monumenta, gentium mores et instituta, similiumque rerum testimonia magnis ii quidem laboribus perscrutentur et proferant, sed eo sæpius consilio, ut erroris labes in Sacris Libris deprehendant, ex quo illorum auctoritas usquequaque infirmetur et nutet. Idque nonnulli et nimis infesto animo faciunt nec satis æquo judicio ; qui sic fidunt profanis libris et documentis memoriæ priscæ, perinde ut nulla eis ne suspicio quidem erroris possit subesse, libris vero Scripturæ Sacræ, ex opinata tantum erroris specie, neque eā probe discussa, vel parem abnuunt fidem. Fieri quidem potest, ut quædam librariis in codicibus describendis minus recte exciderint ; quod considerate judicandum est, nec facile admittendum, nisi quibus locis rite sit demonstratum : fieri etiam potest, ut germana alicujus loci sententia permaneat anceps ; cui enodandæ multum afferent optimæ interpretandi regulæ : at nefas omnino fuerit, aut inspirationem ad aliquas tantum Sacræ Scripturæ partes coangustare, aut concedere sacrum ipsum errasse auctorem.


des dogmes de foi (bien que ceux-ci quelquefois soient présentés sous le patronage des philosophes) et de ne pas les rejeter comme étant en contradiction avec la foi, pour ne pas fournir aux savants l’occasion de mépriser la doctrine. » Aussi, quoique l’interprète doive montrer que les faits établis sur des preuves solides par les observateurs de la nature ne sont pas en opposition avec l'Écriture bien comprise, il doit cependant se garder d’oublier que d’autres faits, d’abord présentés comme certains, ont été ensuite mis en doute et rejetés. Que si les auteurs des traités de physique franchissent les limites de leur science et font invasion dans le domaine de la philosophie avec de fausses données, le théologien exégète doit renvoyer au philosophe le soin de les réfuter.

On pourra aussi appliquer ces principes aux sciences voisines, surtout à l’histoire : car il faut déplorer que nombre de ceux qui, au prix de grandes fatigues, interrogent les monuments de l’antiquité, les mœurs et les institutions des peuples et autres documents de même espèce et qui les publient, aient trop souvent le parti pris de surprendre l'Écriture en flagrant délit d’erreur, pour en venir à ébranler de toutes parts et à infirmer son autorité.

C’est aussi la manière d’agir de quelques auteurs, dont l’esprit pèche par prévention et par défaut d’impartialité : ils accordent un tel crédit aux ouvrages profanes et aux monuments de l’histoire ancienne, qu’ils n’admettent même pas le soupçon d’erreur ; au contraire, lorsqu’il s’agit des Livres sacrés, il leur suffit d’y apercevoir une prétendue apparence d’erreur, — sur laquelle ils ne discutent même pas, — pour se décider, sans y regarder de plus près, à refuser à nos Saints Livres une confiance au moins égale. Certes il a pu échapper aux copistes des inexactitudes dans la transcription des manuscrits ; mais il ne faut admettre cette conclusion qu’après mûr examen et seulement pour les passages à l'égard desquels l’erreur est prouvée. Il peut se faire aussi que le véritable sens d’un passage reste douteux. C’est alors que, pour l'élucider, les règles les plus sûres de l’interprétation seront d’un grand secours ; mais il ne sera jamais permis ou de restreindre l’inspiration à certaines parties seulement de la Sainte Écriture ou d’accorder que l'écrivain sacré ait pu se tromper.

  1. Opusc. x.