Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/32

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Itaque, ait Augustinus, quum illi scripserunt quæ ille ostendit et dixit, nequaquam dicendum est, quod ipse non scripserit : quandoquidem membra ejus id operata sunt, quod dictante capite cognoverunt[1] : » pronuntiatque S. Gregorius M. : « Quis hæc scripserit, valde supervacanæ quæritur, quum tamen auctor libri Spiritus Sanctus fideliter credatur. Ipse igitur hæc scripsit, qui scribenda dictavit : ipse scripsit qui et in illius opere inspirator exstitit[2]. » Consequitur, ut qui in locis authenticis Librorum Sacrorum quidpiam falsi contineri posse existiment, ii profecto aut catholicam divinæ inspirationis notionis pervertant, aut Deum ipsum erroris faciant auctorem. Atque adeo Patribus omnibus et Doctoribus persuasissimum fuit, divinas Litteras, quales ab hagiographis editæ sunt, ab omni omnino errore esse immunes, ut propterea non pauca illa, quæ contrarii aliquid vel dissimile viderentur afferre (eademque fere sunt quæ nomine novæ scientiæ nunc objiciunt), non subtiliter minus quam religiose componere inter se et conciliare studuerint ; professi unanimes, Libros eos et integros et per partes a divino æque esse afflatu, Deumque ipsum per sacros auctores elocutum nihil admodum a veritate alienum ponere potuisse. Ea valeant universe quæ idem Augustinus ad Hieronymum scripsit : « Ego enim fateor caritati tuæ solis eis Scripturarum libris qui jam canonici appellantur, didici hune timorem honoremque déferre, ut nullum eorum auctorum scribendo aliquid errasse firmissime credam. Ac si aliquid in eis offendero litteris quod videatur contrarium veritati, nihil aliud quam vel mendosum esse codicem, vel interpretem non assecutum esse quod dictum est, vel me minime intellexisse non ambigam[3]. »

At vero omni graviorum artium instrumente pro sanctitate Bibliorum plene perfecteque contendere, multo id majus est, quam ut a sola interpretum et theologorum


quand ceux-là écrivirent ce qu’il leur a montré et suggéré. Les membres écrivaient ce que la tête leur dictait. » Saint Grégoire le Grand dit également : « Il est bien inutile de chercher qui a écrit ces livres, puisque nous devons croire que le Saint-Esprit en est l’auteur. Celui-là donc a écrit qui a dicté ce qu’il fallait écrire. Celui-là a écrit qui fut l’inspirateur de l'œuvre. »

Il s’ensuit que ceux qui pensent que dans les endroits authentiques des Livres Saints se trouve quelque chose de faux, ceux-là ou bien altèrent la notion catholique de l’inspiration divine, ou font Dieu lui-même auteur de l’erreur. Aussi tous les saints Pères et les docteurs ont-ils été tellement persuadés que les Saintes Lettres, telles qu’elles sont présentées par les auteurs sacrés, sont absolument exemptes de toute erreur, qu’en présence des nombreux passages (les mêmes ou à peu près qu’on nous objecte aujourd’hui au nom de la science moderne), où semble se rencontrer quelque contradiction ou quelque divergence, ils ont multiplié leurs efforts avec autant de sagacité que de piété pour les mettre d’accord et les concilier entre eux. Ils professaient ainsi avec unanimité que les Saints Livres, dans leur ensemble et dans chacune de leurs parties, sont également l'œuvre de l’inspiration divine, et que Dieu lui-même, parlant par la bouche des auteurs inspirés, n’a pu absolument rien énoncer qui s'écartât de la vérité.

Telle doit être la portée universelle de ces paroles que saint Augustin écrit à saint Jérôme : « Je dois, en effet, l’avouer à votre affection ; entre tous les livres, j’ai voué à ceux-là seuls qui font partie de l'Écriture et sont appelés canoniques un tel respect, une telle vénération, que c’est pour moi une ferme croyance qu’aucun de leurs auteurs n’a pu se tromper en quoi que ce soit. Et si par hasard je rencontrais dans les Saintes Lettres quelque chose qui parût contraire à la vérité, je n’hésiterais pas à conclure, ou bien que le texte est défectueux, ou bien que le traducteur n’a pas saisi le sens, ou enfin que moi-même je n’ai nullement compris. »

Mais l’application pleine et parfaite de toutes ces sciences difficiles à la défense de la sainteté de la Bible est une œuvre qui dépasse de beaucoup ce que l’on peut raisonnablement attendre de l’activité exclusive des commentateurs et des théologiens. Il est bien à désirer que vers ce but conspirent aussi tous les

  1. De consensu Evangel., 1. i, c. 35.
  2. Præf. in Job, n. 2.
  3. Ep. lxxxii, 1, et crebrius alibi.