appartient néanmoins à la Bible par plusieurs de ses parties. Son prolongement méridional, qui renferme les cimes les plus élevées, est bien connu sous le nom de Grand Hermon, aujourd’hui Djebel ech-Cheikh. Voir Hermon. Un autre de ses sommets est mentionné dans le Cantique des cantiques, iv, 8 ; c’est l’Amana, probablement le Djebel Zebdâni. Voir Amana. De ses lianes sortent quatre fleuves importants, qui, par leurs coure opposés, forment, la croix : au nord, l’Oronte (Nahr el-Açi) ; au sud, le ; Jourdain (Nahr ech-Chériat) ; à l’ouest, le Léontès (Nahr el-Leïtani) ; à l’est, l’Abana (Nahr Barada), auquel il convient de joindre le Pharphar (Nahr el-Aouadj). Voir Abana et Pharphar. Sur le versant oriental se trouve l’antique ville d’Abila (Souq-Ouadi-Barada), capitale de l’Abilène ; et, à l’ouest, plus haut, s'étendent à ses pieds les merveilleuses ruines de Baalbek (Héliopolis). Voir Abila, Abiléne.
L’Anti-Liban est appelé aujourd’hui Djebel ech-Charqi, « montagne orientale, » pour indiquer sa position par rapport au Liban proprement dit. Il court du nord-est au sud-ouest, dans une longueur à peu prés égale à celle de la chaîne occidentale, c’est-à-dire cent cinquante ou cent soixante kilomètres, si l’on y comprend le massif de l’Hermon. Il commence, au nord, non loin de Riblah, à l’une des extrémités de la grande plaine de Homs ( Émèse), et aboutit, au sud, à Banias (Panéas ou Césarée de Philippe), qu’il domine de toute la masse imposante du Djebel ech-Cheikh. D’une remarquable analogie avec le Liban, il est composé des mêmes roches calcaires, revêtu de la même terre rouge, aride et nue au nord, plus fertile vers le midi. Percé d’innombrables fissures sur le versant occidental, qui descend, d’une façon plus abrupte, vers la plaine de Cœlésyrie, il s’incline à l’est par une longue contre-pente ou des gradins parallèles vers le désert de Syrie. Le point culminant consiste dans les trois cimes de l’Hermon, dont la plus haute atteint deux mille huit cent soixante mètres au-dessus de la Méditerranée. Le plus haut sommet ensuite, Talaat Mousa, s'élève à deux mille six cent soixante mètres ; et l’altitude du Djebel ech-Chouqif, au nord-est de Bloudan, n’est plus que de deux mille soixante-quinze mètres.
Inférieur à la chaîne principale de trois cents à quatre cents mètres en moyenne, l’Anti-Liban se distingue par des formes plus pittoresques, des cimes plus fières, des ravins plus sauvages, des teintes plus vives. Les pentes méridionales sont couvertes de bois, qui, un peu clairsemés, ont néanmoins çà et là l’aspect de forêts. Les sommets perdent ordinairement, dès le commencement de l'été, la neige qui les re-ouvre en hiver ; mais le Djebel ech-Cheikh garde beaucoup plus longtemps cette couronne éclatante, qui ne le quitte guère que pendant deux ou trois mois de l’année, et lui a valu, de la part des Arabes, le surnom de Djebel eth-Theldj, « la montagne neigeuse. » Moins peuplé et moins cultivé que le Liban, il sert de refuge à diverses espèces de bêtes fauves, telles que le sanglier, la panthère et l’ours ; mais le lion et le léopard, qui l’habitaient jadis également, Cant., IV, 8, semblent en avoir disparu. Des bandes de gazelles errent dans les vastes steppes qui s'étendent au pied des pentes orientales. Voir Liban.
ANTILOGIE est une contradiction réelle ou apparente, constatée ou supposée, entre plusieurs passages d’un ouvrage ou d’ouvrages différents. De tous temps, les adversaires du christianisme ont signalé dans les Livres Saints des contradictions qui leur semblaient inconciliables avec l’origine divine et la véridicité de la Bible, mais que les apologistes et les commentateurs chrétiens expliquaient facilement. Elles ne sont qu’apparentes et consistent en de simples divergences de récits.
I. Histoire. — Les Gnostiques opposaient le Nouveau Testament à l’Ancien, et concevaient le christianisme comme la condamnation et la contre-partie du judaïsme.
Pour les réfuter, les Pères de l'Église démontrèrent l’accord des deux Testaments. S. Irénée, Adversus hæreses, III, xii, 11, t. vii, col. 905 ; IV, ix, xii et xxxiv, col. 996-999, 1001-1006, 1083-1086 ; Tertullien, Adversus Praxeam, 24, t. ii, col. 186 ; Adversus Hermogenem, 20, t. ii, col. 216 ; Clément d’Alexandrie, Pædagogus, i, 7, t. viii, col. 264 ; Origène, In Joa., i, 3, 15, t. xiv, col. 33-36 et 48 ; De principiis, ii, 4, t. xi, col. 198-203. Dans son livre des Antithèses, Marcion mettait la Loi en opposition avec l’Évangile ; Tertullien, qui nous l’apprend, Adversus Marcionem, i, 19, t. ii, col. 267 ; iv, 1, ibid., col. 361-363, écrivit contre lui. Tatien et Théophile d’Antioche composèrent des Atà c£<j<7stpMv dans le but d’harmoniser les récits des quatre Évangiles. Porphyre et Celse (Origène, Contra Celsura, v, 52, t. xi, col. 261) notaient dans les narrations évangéliques des détails contradictoires ; Hiéroclès, dans ses deux Discours véridiques aux chrétiens, taxait de fausseté l'Écriture, la montrait toute remplie de contradictions, et signalait les chapitres qui paraissent en désaccord. Lactance, Divin. institut., v, 2 et 3, t. vi, col. 555-557. Julien l’Apostat avait consacré tout un livre de son Discours contre les chrétiens à l’exposition des antilogies de l'Évangile (S. Cyrille d’Alexandrie, Contra Julianum, viii, t. lxxvi, col. 833). Origène répondit à Celse, saint Méthode à Porphyre, Lactance, saint Jérôme et Eusèbe de Césarée à Hiéroclès, saint Cyrille d’Alexandrie à Julien. Les écrivains ecclésiastiques expliquent à l’occasion quelques dissonances des Évangiles. Origène, In Joa., x, 2, 3, 15, t. xiv, col. 309, 312 et 345 : S. Ambroise, In Lucam, iii, 1, t. xv, col. 1589 ; x, 22 ; ibid., col. 1809-1810 ; S. Jérôme, In Matth., i, t. xxvi, col. 21 ; S. Chrysostome, In Matth., Rom. xxviii, 1-2, t. lvii, col. 349-352 ; In Joa., Boni, xxiii, 2, t. lix, col. Và'd ; Hom. xlii, ibid., col. 240 ; De cruce et latrone, Hom. ii, 2, t. xlix, col. ill ; In paralyticum, 4, t. ii, col. 54 ; S. Augustin, In Joa., XVIII, v, 7, t. xxxv, col. 1546 ; Sermo ii, 4 et 5, t. xxxviii, col. 336 ; In psal. lxiii, 5, t. xxxvi, col. 763. Ce Père a écrit un traité De consensu evangelistarum, i. xxxiv. Quand les Manichéens eurent renouvelé les erreurs gnostiques, les docteurs catholiques démontrèrent de nouveau l’accord des deux Testaments. S. Augustin, Contra Faustum, t. xlii, col. 207-602 ; S. Grégoire le Grand, Moralia in Job, IV, præf., t. lxxxv, col. 633-637 ; Concordia quorumdam testimoniorum S. Scripturæ, t. lxxix, col. 659678 ; Cosmas Indicopleuste, Topographia christiana, proleg. ii et l. V, t. lxxxviii, col. 56-57, 281, 284 et 289 ; Julien de Tolède, Antikeimenon libri duo, t. xcvi. Raban Maur, Paschase Radbert, Bède le Vénérable et les autres commentateurs du moyen âge répètent les réfutations des anciens ; plus tard, Hugues de Saint-Victor expose encore les principes de solution, Erudit. didascal., vi, 11, t. clxxvi, col. 808-809.
Les modernes adversaires de la révélation ont rajusté les vieilles armes des premiers hérétiques. Lord Bolingbroke, Essay the fourth, § vii ; Works, t.iii, p. 307, mettait la prédication de Jésus-Christ en contradiction avec celle de saint Paul. Le système du prétendu conflit qui se serait produit entre saint Pierre et saint Paul repose en partie sur les antinomies de doctrine que l'école de Tubingue remarque dans les livres du Nouveau Testament. Les critiques rationalistes actuels, qui bouleversent toute l’histoire littéraire de l’Ancien Testament, et attribuent toute la littérature juive à des travaux de retouche, s’appuient sur les contradictions qui semblent exister entre les différents récits d’un même fait, sur les diverses rédactions des mêmes lois, et sur l’opposition des idées qu’ils croient apercevoir. Ils rejettent le témoignage des Évangiles, parce que, d’après eux, les Synoptiques comparés les uns aux autres présentent des divergences inconciliables, et que le quatrième Évangile contredit manifestement les trois autres. Cf. Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, 5 in-12, 3e édit, Paris, 1890-1891, passim.
II. Nature et importance. — Les prétendues antilogies