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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/402

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ANTIMOINE — ANTIOCIIE DE PISIDIE

Arabes ont tiré leur nom ûe kohl : kâhalt 'ênayik, « fu as peint tes yeux en noir, » dit le prophète à Ooliba-Jérusalem ( Les Septante et la Vulgate ont bien traduit le sens : Ἐστιϐίζου τοὺς ὀφθαλμούς σου : Circumlinisti stibio oculos tuos). Jérémie décrit la même opération, iv, 30, en se servant du verbe qârʿa, « déchirer, fendre. » S’adressant à Jérusalem, il lui dit : « Alors même que tu te fendrais les yeux avec du pûk, etc., » sans doute parce que les yeux peints paraissent plus largement fendus, comme on le voit sur les monuments égyptiens (fig. 106). Cette interprétation est plus naturelle que celle qui est donnée par d’autres commentateurs, suivant lesquels Jérémie indiquerait, non le résultat produit, mais la manière de le produire, d’après le procédé ainsi décrit par un voyageur anglais, Chandler : « Une jeune fille, fermant un de ses yeux, prit les cils supérieurs et inférieurs entre le pouce et l’index de la main gauche et les tira en avant ; elle mit ensuite dans le coin extérieur de l’œil un poinçon qu’elle avait plongé dans la poudre noire et le retira de telle sorte que les particules de poudre qui y étaient adhérentes restèrent dans l’œil et se rangèrent autour de l’organe. » Travels, t. ii, p. 140.


166. — Œil peint, d’après les monuments égyptiens antiques. Lane, Modern Egyptians, p. 43.


Elle se fendit ainsi l'œil, en quelque façon, et le déchira pour l’ouvrir et le peindre. Il est possible que les femmes juives se peignissent les yeux de cette manière, mais il est probable que Jérémie a voulu exprimer l’agrandissement factice qu’elles se proposaient de donner à l'œil pour en augmenter l’expression et l'éclat. Il n’est pas douteux, en effet, que l’emploi de ce cosmétique n’eût pour but de rehausser la beauté de celles qui en faisaient usage. Aussi quelques interprètes ont-ils vu une allusion à la peinture des yeux dans la description que fait le Sage de la femme de mauvaise vie, pour prévenir contre ses séductions : « Ne désire point sa beauté dans ton cœur ; ne te laisse pas prendre par ses paupières, beʿafʿappéhâ. » (Vulgate : nutibus illius, « par ses clignements d’yeux. » ) Prov., vi, 25.

En dehors des passages de l'Écriture que nous avons rapportés, IV Reg., ix, 30 ; Jer., iv, 30, le mot pûk se lit encore, Is., liv, 11, et I Par., xxix, 2. Dans Isaïe, la signification de ce terme n’est pas claire. Le prophète, prédisant la restauration de Jérusalem, dit qu’il en posera les assises de pierres « avec du pûk », soit qu’il veuille indiquer par là que les pierres seront comme encadrées d’une bordure noire et brillante, telle que celle que produit le pûk sur les yeux, soit qu’il entende désigner une sorte de mortier semblable au pûk, qui sera employé pour cimenter les pierres destinées à la reconstruction de la ville sainte. En tout cas, il y a dans ces paroles d’Isaïe une allusion au cosmétique des yeux (La Vulgate a traduit : per ordinem, « avec ordre. » ) — Dans le premier livre des Paralipomènes, xxix, 2, le pûk est expressément qualifié de « pierre », ʾében, et placé dans l'énumération des pierres précieuses rassemblées par David pour l’ornementation du temple que son fils Salomon devait construire à Jérusalem. Il n’est pas aisé d’en déterminer la nature avec certitude. Les uns y voient une pierre brillante, de couleur noire comme la poudre de pûk ; d’autres, de couleur rouge dans le genre du rubis. Voir Pùk. La Vulgate a traduit lapides… quasi stibinos, « des pierres semblables à l’antimoine. »

On voit, par tout ce qui précède, qu’il ne faut pas confondre le pûk avec le « fard » ou la couleur rouge en usage pour peindre les joues. Cette couleur rouge s’appelle en grec φῦκος, en latin fucus, Sap., xiii, 14, mais la ressemblance de son qui existe entre pûk et φῦκος est tout à fait fortuite ; le φῦκος est ainsi appelé parce que ce cosmétique était tiré d’une algue marine, nommée en grec φῦκος. Voir Fard. Il ne faut pas confondre non plus le pûk avec le henné, tiré de la plante connue sous le nom de Lawsonia alba, et qui sert en Orient à se peindre en rouge les ongles et les extrémités des doigts des mains et des pieds. Voir Henné, Toilette. Cf. Hille, Ueber Gebrauch und Zusammensetzung der orientalischen Augenschminke, dans la Zeitschrift der deutschen morgenländischen Gesellschaft, année 1851, p. 236.

ANTINE (Maur François d'), né le 1° avril 1688, à Gonrieux, dans le diocèse de Liège (aujourd’hui de Namur), mourut à Paris, au monastère des Blancs-Manteaux, le 3 novembre 1746. Après avoir fait ses études à l’université de Douai, il entra au monastère de Saint-Lucien de Beauvais, où il fit profession à l'âge de vingt-quatre ans (14 août 1712). Chargé d’abord de l’enseignement de la philosophie à Saint-Nicaise de Reims, il fut envoyé peu après à Saint-Germain-des-Prés, pour travailler à la collection des Lettres des Papes, puis, de concert avec dom Pierre Carpentier, à la réédition du Glossaire de Ducange. Mais son attachement au jansénisme le fit reléguer, en 1734, à Pontoise, où il s’adonna exclusivement à l'étude des Saintes Écritures, et spécialement du Psautier, qu’il entreprit de traduire sur le texte original. Rappelé à Paris, en 1737, il publia sa traduction sous ce titre : Les Pseaumes traduits sur l’Hébreu avec des notes, par un Religieux Bénédictin de la Congrégation de Saint-Maur, in-8°, Paris, 1739. En même temps il s’appliquait à l'étude de la chronologie, préparant par ses travaux particuliers l’inestimable ouvrage de L’Art de vérifier les dates, publié seulement après sa mort, mais dont il doit être regardé comme le premier auteur.

Quant à la traduction des Psaumes, qui doit seule nous occuper ici, trois éditions successives, données en 1738 (?), 1739, in-8°, et 1740, in-12, disent assez quel en fut le succès. La troisième édition comprend, outre le Psautier, les Cantiques du bréviaire, la distribution des Psaumes selon l’ordre de l’office, les hymnes de l'Église, l'éloge des Psaumes par saint Ambroise (Enarr. in Ps. i), les oraisons du propre du temps et diverses prières. La traduction française de dom Maur d’Antine donne généralement le sens exact du texte hébreu, sans le suivre servilement. Des notes choisies dans l'Écriture et les Pères, que l’auteur s'était rendus familiers par une lecture assidue, facilitent l’intelligence du texte dans les passages difficiles. Enfin la préface est pleine de vues excellentes sur le sens et le but des psaumes. La mort ne permit pas à dom d’Antine de publier une quatrième édition qu’il avait préparée sur un nouveau plan. Voir Jean de Bar.

J. Parisot.

1. ANTIOCHE DE PISIDIE, ou mieux voisine de la Pisidie (Ἀντιόχεια ἡ πρὸς τῇ Πισιδιᾴ ou τῇς Πισιδίας), car elle appartenait en réalité à la Phrygie Parorée, Strabon, xii, 8, 14, était située sur le versant méridional des montagnes qui séparent la Phrygie de la Pisidie.


167. — Monnaie d’Antioche de Pisidie.
Tête laurée d’Antonin le Pieux. ANTON[INVS] PICS PMTPP COS lin. — 3. MENSIS COL CAES ANTIOCH. Le dieu Mén (Mensis, « mois » ), tenant une lance de la main droite et une statuette de la Victoire de la main gauche.

Une colonie venue de Magnésie, près du Méandre, l’avait peuplée ; mais c’est Séleucus Nicator qui l’avait réellement