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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/403

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ANTIOCHE DE PISIDIE — ANTIOCHE DE SYRIE

fondée (300 avant J.-C). Les rois de Syrie en furent les maîtres jusqu'à la défaite d’Antiochus III par les Romains (190 avant J.-C). Ceux-ci la donnèrent à Eumène II, roi de Pergame. Ils en firent plus tard une colonie romaine, avec le surnom de Cæsarea (fig. 167). Pline, v, 4. Elle était exempte d’impôts publics et se gouvernait elle-même. C'était un des centres asiatiques où les Juifs se trouvaient en grand nombre. Le livre des Actes nous apprend qu’ils y avaient même fait du prosélytisme avec succès, et que beaucoup de païens étaient passés au culte du vrai Dieu. Act., xiii, 16, 43, 49. Paul et Barnabé visitèrent cette cité considérable dans leur première tournée apostolique. Act., xiii, 14. Paul y prononça dans la synagogue un important discours, qui devait être le prélude d’autres prédications publiques, mais la jalousie des Juifs empêcha la conférence annoncée pour le samedi suivant. Paul et Barnabé s'écrièrent alors : « Vous vous jugez indignes de la vie éternelle, nous nous retournons vers les Gentils. »
168. — Ruines d' Antioche de Pisidie.

Parole encourageante pour ceux-ci, qui, en effet, accueillirent avec empressement la bonne nouvelle. Les Juifs, au contraire, ne contenant plus leur haine contre les prédicateurs, fomentèrent une terrible cabale contre eux. Bon nombre de femmes pieuses et de personnages notables subirent leur influence et prirent partie contre Paul et Barnabé, qu’on expulsa du territoire d’Antioche. Ceux-ci, indignés, partirent en secouant la poussière de leurs pieds contre les Juifs auteurs de cette odieuse mesure. Act., xiii, 46-51. Ils repassèrent néanmoins à Antioche quelque temps après pour y consolider le bien qu’ils y avaient commencé, Act., xiv, 20-22, et y organiser une communauté chrétienne sous la direction d’anciens qu’ils désignèrent. Antioche est mentionnée par saint Paul, IITim., iii, 11, comme une des villes où il avait souffert pour Jésus-Christ.

Strabon indique à peu près la place de cette cité en disant qu’elle était au midi de l’arête montagneuse traversant la Phrygie Parorée et bâtie sur une petite colline. Arundell, il y a soixante ans, crut en découvrir les ruines près d’Yalobatch, petit village au pied du Sultan Dagh. Hamilton, visitant ce site douze ans après, y releva plusieurs inscriptions latines. L’une d’elles donne raison à l’hypothèse d’Arundell. Le nom d’Antiochæa Cæsarea s’y lit tout au long. Des fragments d’aqueduc encore debout sur un monticule (fig. 168), près du petit plateau où fut Antioche, un vaste édifice, construit en pierres de bel appareil, et se terminant en abside, peut-être jadis une église : voilà tout ce qui reste de l’antique cité. Des débris d’une enceinte beaucoup moins importante marquent-ils la place où fut le temple du dieu Mois (Mèn, Lunus ou Mensis), auquel la ville était consacrée, et dont on retrouve l’image sur des médailles avec l’inscription : Mensis Coloniæ Cæsareæ Antiochiæ (fig. 167)? C’est possible. Des fouilles autour du monticule donneraient de plus sérieuses indications. Voir Arundell, Discoveries in Asia Minor, 1834 ; Hamilton, Researches in Asia Minor, etc., 1842. Les indications des anciens sont dans Strabon, xii, 8 ; Pline, H. N., v, 24 ; Ptolémée, V, v, 4.

2. ANTIOCHE DE SYRIE (Ἀντιοχεία) fut la capitale des rois Séleucides (I Mach., iii, 37 ; iv, 35 ; vi, 63 ; x, 68 ; xi, 13, 44, 56 ; II Mach., v, 21 ; viii, 35 ; xiii, 23, 26 ; xiv, 27), comme Alexandrie l'était des Ptolémées (fig. 169). C’est Séleucus qui, après la victoire d’Ipsus (301 avant J.-C), la bâtit non loin d’Antigonie, dans le vallon fertile arrosé par l’Oronte, entre les dernières ramifications de l’Amanus au nord et les embranchements du Casius au midi. Rien de plus pittoresque que le site de cette superbe ville (fig. 170), cinquante fois détruite par des tremblements de terre et cinquante fois rebâtie, jusqu'à ce que la barbarie musulmane, plus inexorable que tous les bouleversements du sol, lui a définitivement interdit de redevenir