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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/462

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APPEL DES SENTENCES — APPIUS (FORUM D')

rable. Cf. Voetius, Ad Pandectas, De appellationibus et relationibus, XLIX, i, n- 12, Venise, 1828, t. VI, p. 308. C'était le cas pour le décret de renvoi au sanhédrin. Saint Paul avait donc le droit d’en appeler à César. Aussi Festus, ayant délibéré quelque temps avec ses assesseurs, revint et dit : « Tu en as appelé à César, tu iras à César. » L’appel de Paul n'était que conditionnel, puisque le décret de renvoi n'était pas porté, mais seulement proposé. Cf. Kuinoel, In Actus Apost., xxv, n° 12 ; Beelen, In Actus Apost., xxv, 11, p. 551. Par l’acceptation de Festus, l’appel devint absolu. Dès lors il produisit tout son effet, c’est-à-dire qu’il suspendit complètement la juridiction du procurateur dans cette affaire. En effet, d’après la loi romaine, l’appel une fois interjeté, le juge ne pouvait plus rien contre l’appelant ; s’il faisait quelque acte à son préjudice, cet acte était réputé « une violence publique ». D., XLVIII, vi, Ad legem Juliam de vi publica, 1. vu. Cf. Daremberg et Saglio, Dictionnaire des antiquités grecques et romaines, au mot Appellatio. Bien plus, après l’appel, le juge ne pouvait rien faire même en faveur de l’appelant. C’est ce qui explique ces paroles d’Agrippa à Festus, tous deux convaincus de l’innocence de Paul : « Si cet homme n’en avait pas appelé à César, on aurait pu le renvoyer absous. » Act., xxvi, 32. Dans l’affaire de cet appel, saint Paul n’avait pas été guidé seulement par le désir d'échapper à la mort : il avait des vues plus hautes ; dès l’an 57, étant à Éphèse, il manifesta clairement l’intention d’aller à Rome, Act., xix, 21 ; en 58, étant à Corinthe, il écrivit aux Romains, et leur témoigna le vif désir qu’il avait de les voir, pour leur communiquer les dons de Dieu. Rom., i, 10-12. La même année, à Jérusalem, Jésus lui apparut et l’assura qu’il lui rendrait témoignage à Rome, comme il le faisait à Jérusalem. Act., xxiii, 11.

Les Actes racontent comment cet appel lut suivi. Festus envoya Paul à Rome ; c’est ainsi que les procurateurs envoyaient à la capitale les citoyens romains de leur province qui en avaient appelé à l’empereur. Pline, Epist. x, 97. Paul, étant arrivé à Rome, attendit pendant deux ans sa comparution devant l’empereur Néron, ou plutôt devant le conseil chargé de juger les appels faits à César. Cf. Daremberg et Saglio, Dictionnaire, au mot Appellatio. Du reste, il jouit pendant ce temps d’une assez grande liberté, habitant dans une maison louée par lui, accompagné du soldat qui le gardait, mais pouvant recevoir tous ceux qui se présentaient. Act., xxviii, 30-31. C'était la « garde militaire », custodia militaris, prévue par les lois romaines. Ct. D., XLV1II, iii, De Custodia reorum, 1. i, xii, xiv. Enfin Paul comparut devant le conseil impérial ; d’après toutes les vraisemblances, c’est de cette comparution qu’il faut entendre les paroles de saint Paul à Timothée, II Tim., iv, 16-18 ; suivant ce texte, personne n’osa assister l’Apôtre dans le pressant danger qu’il courait ; mais le Seigneur Jésus lui tint lieu de tout, le secourut, le fortifia, et « il fut délivré de la gueule du lion ». — Sur l’appel de saint Paul à César, voir surtout Krebs, De provocatione Pauli ad Cæsarem, dans ses Opuscula academica, Leipzig, 1783, p. 143 ; Santoroccius, Dissertatio de Pauli ad Cæsarem appellatione, Marbourg, 1721.

S. Many.

APPHAIM (hébreu : ʾAppaim, « narines ; » Septante : Ἀπφαίμ), fils de Nadab, de la tribu de Juda.I Par., ii, 30-31.


APPHUS (Septante : Ἀπφαῦς), surnom de Jonathas Machabée. I Mach., ii, 5. C’est probablement le nom hébreu ḥappuš, « rusé, habile. »


APPIA (Ἀπφία), chrétienne du Ier siècle. Dans son épître à Philémon, 2, saint Paul souhaite grâce et paix à Appia, sa sœur très chère. Saint Jean Chrysostome, Théodoret et d’autres exégètes à leur suite ont cru qu’elle était l'épouse de Philémon. Appia faisait certainement partie de la maison de celui-ci ; elle est nommée dans les martyrologes latins et les ménologes grecs au 22 novembre, avec Philémon, dont elle aurait partagé le martyre. Voir Philémon.


APPIUS (FORUM D')(Ἀππίου φόρον, Appii Forum), station postale de l’antique voie Appienne, située au milieu des marais Pontins, où les fidèles de Rome allèrent à la rencontre de saint Paul, quand il était conduit captif à la capitale de l’Empire pour être jugé par César. Act., xxviii, 15.

Saint Paul, après avoir fait naufrage à Malte, avait été emmené en Italie par un nouveau navire alexandrin, qui avait débarqué à Pouzzoles. De là il avait pris directement la route de Rome. C’est ce qui résulte des expressions de saint Luc, qui voyageait avec lui ; aussitôt après avoir nommé Pouzzoles, il ajoute : καὶ οὕτως εἰς τὴν Ρώμην ἤλθομεν, « et ainsi nous allâmes à Rome. » Act., xxviii, 14. De Pouzzoles, on pouvait se diriger sur Capoue pour prendre directement la voie Appienne, ou bien longer le littoral jusqu'à Gaète, et aller de là à Terracine pour rejoindre la voie Appienne qui menait à Rome. Les Actes ne nous font pas connaître lequel de ces deux chemins fut suivi par l’Apôtre ; mais un ancien apocryphe grec, qui décrit le voyage de saint Paul, raconte que de Pouzzoles il alla à Baïes et de là à Anxur (Terracine). Ce même écrit apocryphe nomme une autre station jusqu’ici inconnue de la via Appia, Bικουσάραπι, « Bourg de Sérapis ». Voir de Rossi, Bulletino di archeologia cristiana, 1883, p. 87. L’Apôtre entra ainsi dans les marais Pontins, où, à la station du Forum d’Appius, il trouva, à sa grande consolation, les frères qui étaient venus à sa rencontre. Il eut ensuite la même consolation aux Trois-Tavernes (voir Trois Tavernes), où d’autres frères étaient venus également au-devant de lui.

Le Forum d’Appius fut peut-être établi quand Appius Claudius l’Aveugle construisit la voie Appienne, c’est-à-dire en l’année 442 de Rome, et c’est de lui qu’il tira son nom. Ce fut d’abord un lieu de repos, une halte. Quelques marchands commencèrent bientôt à s’y rassembler pour se livrer à leur commerce et tenir un marché (forum), de sorte qu’ils formèrent peu à peu un centre d’habitation qui, par la suite des temps, se transforma en une grosse bourgade, dont l’origine ne fut pas différente de celle de quelques autres villes d’Italie, telles par exemple que Forum Livii (Forli), Forum Sempronii (Fossombrone).

La position du Forum Appii peut se déterminer exactement au moyen des Itinéraires de l'époque impériale. (Pour ces Itinéraires, voir le Corpus inscriptionum latinarum, t. x, p. 683 et suiv.) D’après ces documents, elle était distante de Rome de 43 milles, sur la voie Appienne ; mais comme le tracé de cette route célèbre, dans la partie comprise entre les monts Lepini et la mer, n'était pas complètement connu avant les grands travaux d’assainissement exécutés sous le pontificat de Pie VI, dans les marais Pontins, les opinions des savants étaient partagées sur la situation du lieu correspondant à cette ancienne bourgade.

Quelques-uns, supposant que l’antique via Appia, à cause des marais situés entre Velletri et Terracine, passait sous les monts Lepini par Sulmona, Sezze et Piperno, croyaient que le Forum d’Appius correspondait à la localité où se trouve aujourd’hui le couvent de Fossa Nuova. Voir la carte, fig. 188. Cluverius, Italia antiqua, 1. iii, le plaçait à Maruti, entre Piperno et Terracine ; Pierre Comestor la cherchait au contraire sur le littoral. In Act. Apost., cxix, Migne, Patr. lat., t. cxcviii, col. 1720.

Mais admettrait - on que l’ancienne route postale de Naples par Sezze et Piperno existât déjà à l'époque romaine, il n’en résulterait pas comme conséquence qu’il n’y avait pas de route au milieu des marais Pontins, il est même certain qu’une route les traversait, quelque incommode et fatigante qu’elle put être, parce qu’elle était presque toujours couverte par les eaux, ce qui faisait que beaucoup préféraient aller en barque dans les