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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/546

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ARGOB — ARIAS MONTANUS


et la beauté de leurs monuments d’architecture témoigne de leur importance et de leur richesse primitives. Il suffit de nommer ElMusmiyéh, Burâk, Nedjrân, Ezra.

Au sud et au sud-ouest du Ledjah s'étend une immense plaine formée d’une terre volcanique de couleur rougeâtre, au-dessus de laquelle s'élèvent des affleurements de basalte ; elle porte le nom d’EnJS’ouq rat elHaurân, « la pente du Hauran. » Très riche et très fertile, quelquefois légèrement ondulée, quelquefois absolument plate, elle renferme çà et là des monticules de forme arrondie, que l’on aperçoit à de grandes distances. Elle est couverte dans toutes les directions de villes construites en basalte noir, dont quelques-unes ne sont plus que des monceaux de débris ; d’autres sont dans un état de conservation presque parfaite. Leurs rues et leurs murs sont bien conservés, et, chose plus étonnante, les portes en pierre tiennent encore sur leurs gonds. Malgré des remaniements postérieurs, quelques-unes des constructions, de l’avis des voyageurs, remontent à une haute antiquité et doivent leur origine à une nation puissante, à un peuple d’une force et d’une taille supérieures à celles d’aujourd’hui. Pour plus de détails, voir Amorrhéens, col. 508, et Auranitide. Outre les ouvrages cités dans cet article, on peut consulter aussi, sur les pays que nous venons de décrire : J. L. Burckhardt, Travels in Sijria and the Holy Land, in-4°, Londres, 1822, p. 51 et suiv., 2Il et suiv. ; U. J. Seetzen, Reisen durch Syrien, Palàstina, etc., Berlin, 1854, t. i, p. 34-134 ; E. G. Rey, Voyage dans le Haouran, Paris,

1860, avec un atlas in-fol.

A. Legendre.
    1. ARIARATHE##

ARIARATHE ('Apiapiâï) ; ), nom porté par un grand nombre de rois de Cappadoce. Les Romains, du temps du gouvernement de Simon Machabée, écrivirent en faveur des Juifs à un prince de ce nom, Ariarathe V Eusèbe Philopator, qui régna de 163 à 130 avant J.-G.

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254. — Monnaie d' Ariarathe V.

Tête d’Ariarathe V, jeune, diadémée, à droite.— %. BASIAEÛS APIAPA0OY Eï'SEBOrS <î>IAOPATOPOS. Dans le champ, S, an 3.

I Mach., xv, 22. Avant son avènement au trône, il s’appelait Mithridate. Diodore, xxxi, 19, 7, édit. Uidot, t. ii, p. 503. Il avait été élevé à Rome, Tite Live, xlii, 19, et fut toute sa vie l’instrument docile des Romains. Dès le début de son règne, il s'était attiré l’inimitié de Démétrius I er Soter, roi de Syrie, dont il avait refusé d'épouser la sœur. Démétrius appuya les prétentions d’Oropherne, qui s’empara du trône de Cappadoce, en 158. Ariarathe fut obligé de se réfugier à Rome, mais bientôt il fut rétabli sur le trône avec l’aide des Romains et d’Attale II, roi de Pergame, son beau-frère. Polybe, iii, 5 ; xxxii, 20 ; Appien, Syr., 47 ; Justin, xxxv, 1. Peut-être, toutefois, fut-il obligé de partager le trône avec Oropherne. Appien, Syr., 47. Ariarathe V fut le plus grand roi de Cappadoce et celui qui fit faire le plus de progrès à la civilisation hellénique dans ce pays. Il intervint dans les affaires de tous les pays voisins, et mourut après un règne de 33 ans, en combattant pour les Romains dans la guerre d’Aristonique. Ariarathe dut accueillir favorablement la lettre de Lucius en faveur des Juifs. — Voir Théodore Reinach, Trois royaumes d’Asie Mineure, in-8°, Paris, 1888, p. 15 et 37, E. Bevrlier.

1. ARIAS MONTANO Benito, orientaliste espagnol, né, en 1527, dans le diocèse de Badajoz, à Frejenal de la Sierra, c’est-à-dire de la montagne, d’où son surnom de Montano ou Montanus, mort à Séville le 6 juillet 1598, l’un des hommes les plus éminents de l’Espagne au xvi 8 siècle. Après avoir fréquenté les écoles de Séville et étudié la théologie et les langues orientales à Alcala, il voyagea dans diverses contrées de l’Europe, en s’appliquant aux langues vivantes. Ensuite il entra dans l’ordre de Saint-Jacques en qualité de clerc ; en 1562, Martin Perez d’Aiala, évêque de Ségovie, se fit accompagner par lui au concile de Trente, et Arias s’acquit une grande réputation au sein de cette assemblée. Philippe II le tira de son ermitage d’Aracena, où il s'était fixé au retour de Trente, pour le charger de l'édition d’une nouvelle Bible polyglotte. Montanus eut pour collaborateurs dans cette entreprise des hommes de haut mérite, tels qu’André Mæs, François Lucas de Bruges, docteur de Louvain, Lefèvre de la Boderie et son frère Nicolas, Fr. Rapheling, gendre de Plantin, Guill. Canter. L’ouvrage entier fut imprimé en trois ans (1569-1572), chez Christophe Plantin, à Anvers, et parut en huit volumes in-folio, sous le titre de Biblia sacra hebraice, chaldaice, grsece et latine, Philippi II régis catholici pietate et studio ad sacrosanctse Ecclesise usum. Cette Polyglotte, bien supérieure à celle d’Alcala par le nombre de ses versions, et surtout à cause de la richesse de son Apparatus biblicus, est plus ordinairement connue sous le nom de Bible royale, ou Polyglotte d’Anvers. Elle renferme, outre ce qui se trouve dans la Bible d’Alcala, des paraphrases chaldaïques, une version syriaque du Nouveau Testament en caractères syriaques et hébraïques, accompagnée d’une traduction latine. Outre la direction générale des travaux, Montanus a contribué pour une large part à cette œuvre. Il a corrigé la version latine de l’Ancien Testament donnée par Santé Pagnini, et son interprétation latine du texte grec du Nouveau Testament a été souvent reproduite par les éditeurs qui vinrent plus tard. Il a composé encore plusieurs dissertations sur les antiquités hébraïques. Ce bel ouvrage fit honneur à Arias, mais lui suscita un ennemi dans la personne de Léon de Castro, professeur de langues orientales à Salamanque. Castro dénonça Arias d’abord à l’Inquisition de Rome, puis à celle d’Espagne, pour avoir altéré le texte de la Bible, et confirmé les Juifs dans leur croyance par ses paraphrases chaldaïques. Arias dut faire plusieurs voyages à Rome pour se justifier. Il fut absous en 1580, et c’est alors que Philippe II lui offrit un évéebé comme récompense de ses travaux ; mais la modestie de ce savant se contenta d’une pension et d’une place de chapelain royal. Il s'était fixé de nouveau dans sa solitude d’Aracena ; Philippe II l’en tira une seconde fois pour lui confier la bibliothèque de l’Escurial, récemment construit, et le soin d’enseigner les langues orientales aux Hiéronymites de ce monastère. Arias Montanus mourut à Séville, dans la maison des chevaliers de Saint-Jacques, enl598. Les contemporains et les écrivains postérieurs s’accordent à louer la science et les vastes connaissances de cet homme vraiment éminent. Ses ouvrages roulent presque tous sur l'Écriture Sainte. Sa traduction latine de la Bible, qui forme le t. vu de la Polyglotte, a été tirée à part et plusieurs fois réimprimée. Elle a pour titre : Rebraicorum Bibliorum Veteris Testaments latina interpretatio, opéra olim Xantis Pagnini Lucensis : nunc vero Benedicti Arise Montani, etc., ad hebraicam dictionem diligenlissime expensa ; Novum Testam.entu.rn grsece cum Vulgala interprelalione latina grseci contextus lineis inserta : quse quidem interpretatio, cum a grsecarum dictionum proprietate discedit, sensum, videlicel magis quant verba exprimens, in margine libri est collocata, atque alla B. Arise Montant hispalensis opérae verbo reddita ac diverso generum charactere distincta ; 2 tomes en 1 in-f°, Anvers, 1572. Onze ans plus tard, Plantin en publia une nouvelle édition avec les livres deutérocaiioniques ; Biblia hebraica.