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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/551

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ARIOCH — ARISTOBULE

sanscrite, etc., Gesenius, Thesaurus linguæ hebrææ, 1829, p. 148 ; cf. Keil, Daniel, 1869, p. 78 ; Hitzig, Daniel, Leipzig, 1850, p. 26, dans l’intention plus ou moins avouée de renverser l’autorité et le caractère historique de Daniel ; mais présentement on y reconnaît un nom babylonien, soit Ariku, « le long, » soit Rim ou Riv-Aku, « serviteur du dieu Lune, » forme analogue à Sidrach, Sudur-Aku, « envoyé du dieu Lune, » Dan., i, 7. — Arioch remplissait à la cour la charge de « chef de la milice royale », non pas de chef de l’armée babylonienne, mais de chef des gardes du corps, comme porte le texte chaldéen, rab tabbâḥayâʾ, « chef des satellites ; » au v. 14, il est chargé d’exécuter les devins, incapables de découvrir le songe du roi ; au v. 24, c’est lui qui introduit Daniel auprès de Nabuchodonosor. Ces fonctions sont souvent confiées, en Orient, aux mêmes officiers. II Reg., iv, 12 ; i, 15. Les bas-reliefs nous montrent que quelquefois même les rois exécutaient en personne leurs prisonniers. — Voir Schrader-Whitehouse, The cuneiform Inscriptions and the Old Testament, t. ii, p. 127 ; Lenormant, La divination chez les Chaldéens, p. 198, où il propose l’étymologie Ariku, « le long », nom propre, certainement usité aussi en Assyrie et en Babylonie, mais rendant peut-être moins bien compte de la présence du vav et du iod dans la transcription chaldéenne. Cf. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., t. iv, p. 456.

ARISAI (hébreu : ʾĂrîsaï ; Septante : Ῥουφαῖος), huitième fils d’Aman. Esth., ix, 9.

ARISTARQUE (Ἀρίσταρχος, « excellent chef » ), chrétien de Thessalonique, Act., xx, 4, qui accompagna saint Paul dans son troisième voyage de missions. Avec Gaïus, il fut entraîné dans le théâtre d'Éphèse, par la foule irritée contre l’Apôtre, Act., xix, 29, et faillit être massacré. Aristarque suivit saint Paul en Macédoine, puis en Grèce, et alla avec lui en Judée, Act., xx, 4, par la Macédoine, la Troade, Milet, la mer Méditerranée, Tyr et Césarée. Il monta avec l’Apôtre captif sur le navire d’Adrumète, Act., xxvii, 2, qui les conduisit le long des côtes de la province d’Asie, d’où ils partirent pour Rome. Dans cette ville, il fut le fidèle compagnon de captivité et de travail de saint Paul. Coloss., iv, 10 ; Philémon, 21. On perd ensuite ses traces. D’après les Grecs, il fut évêque d’Apamée, en Phrygie ; d’après le martyrologe romain et Adon, de Thessalonique. Il aurait été décapité à Rome sous Néron avec saint Paul ; sa fête est fixée au 4 août.


ARISTÉE, Ἀρισταῖος, auteur prétendu d’une lettre relative à l’origine de la version grecque des Septante. Il se dit Égyptien d’origine, païen de religion, devenu prosélyte juif, ὑπεραπιστής, c’est-à-dire officier des gardes de Ptolémée Philadelphe (284-247), et très aimé de ce prince. Quand celui-ci, sur le conseil de Démétrius de Phalère, voulut faire traduire en grec la loi de Moïse, pour placer cette version dans la bibliothèque qu’il avait fondée à Alexandrie, Aristée fut un des messagers envoyés au grand prêtre Éléazar, à Jérusalem. Dans sa lettre à son frère Philocrate, il raconte les événements dont il est censé avoir été témoin. Voir Septante. Son récit trouva créance. Josèphe, Ant.jud., ll, ii, 2 et suiv., le reproduit presque mot pour mot. Philon, Vita Mosis, ii, 6, l’a accepté aussi, mais sans nommer Aristée. Les anciens admettaient unanimement la lettre d’Aristée comme authentique. Louis Vives, dans une note sur saint Augustin, De Civitate Dei, xviii, 42, émit le premier des doutes sur son authenticité. Il fut suivi par Joseph Scaliger, Ad chronicon Eusebii, Patr. lat., t. xxvii, col. 485. Dès lors la plupart des critiques ont tenu cette lettre pour apocryphe. H. de Valois, In l. y, c. 8 Eusebii H. E. ; Léon de Castro, In Isaiam, prœm. ; Salmeron, Comment. in Evang., proleg., vi ; Montfaucon, Prælimin. in Hexapla Origenis, iii, 9, Patr. gr., t. xv, col. 62 -66, etc. Son authenticité a cependant été soutenue par Ussérius, De græca LXX interpretum versione syntagma, Londres, 1655 ; Isaac Vossius, De LXX interpretibus eorumque translatione, La Haye, 1661 ; Appendix ad librum de LXX interpretibus, 1663 ; Responsio ad objecta nuperæ criticæ sacras, dans Variarum observationum liber, Londres, 1685, p. 301-304 ; B. "Wallon, Prolegom., ix, 4 ; Le Nourry, Bibliotheca maxima Patrum, t. xi, p. 225 ; Simon de Magistris, Daniel secundum LXX, Rome, 1772, p. 309-623 ; Const. Oikonomos, Περὶ τῶν ὁ ἑρμηνευτῶν τῆς παλαῖας θείας γραφῆς βιϐλία, Athènes, 1844 ; Grinfield, An apology for the Septuagint., Londres, 1850. On pense généralement aujourd’hui que cette lettre est l'œuvre d’un Juif pieux, qui a voulu, en la composant, donner de l’autorité à la version grecque de l’Ancien Testament, et glorifier son peuple et sa législation aux yeux des Grecs. Il a pris le nom d’Aristée, qui était celui d’un écrivain, auteur d’un livre sur les Juifs, que mentionne Alexandre Polyhistor. Voir Eusèbe, Prsepar. Ev., ix, 25, t. xxi, col. 728. Cf. Nœldeke, Histoire littéraire de l’Ancien Testament, trad. franc., Paris, 1873, p. 160-169.

L’Epistola ad Philocraten a été éditée par Jac. Middendorpius, Historia Aristeæ, Cologne, 1578 ; par Garbitius, Aristeæ historia de legis divinæ ex hebræa lingua in græcam translatione, Francfort, 1610 ; par Hody, De Bibliorum textibus originalibus, Oxford, 1705 ; par Van Dale, Dissertatio super Aristea de LXX interpretibus, Amsterdam, 1705. Une édition critique a été publiée par Schmidt, dans Archiv fur wissenschaftliche Erforschung des A. T. de Merx, Halle, 1868, t. iii.

1. ARISTOBULE (Ἀριστόϐουλος), Juif d’Alexandrie, de famille sacerdotale, διδασκάλός, maître ou conseiller du roi d’Égypte Ptolémée. II Mach., i, 10. Le peuple de Jérusalem, le conseil et un certain Judas, lui adressèrent une lettre, II Mach., i, 10-n, 19, pour l’engager, lui et les Juifs d’Égypte, à rendre grâces à Dieu, qui avait délivré la nation de grands dangers par la mort d’Antiochus, II Mach., i, 11-17, et à célébrer, de concert avec leurs frères de Jérusalem, la fête de la purification ou fête du feu sacré, découvert, par Néhémie. II Mach., ii, 15 et i, 30. L’Antiochus dont cette lettre rapporte la mort paraît bien être Antiochus III le Grand et non Antiochus IV Épiphane, qui périt dans des circonstances différentes. Cf. col. 692. Le récit de cette mort semble avoir été écrit peu après l'événement (187 avant J.-C) ; la lettre doit donc être datée de l’an 187 ou 186 avant J.-C, et non pas de l’an 124 avant J.-C. (188 de l'ère des Séleucides), comme le ferait croire la ponctuation défectueuse du v. 10 de II Mach., i. Cette date se rapporte à la lettre précédente ; elle la termine, comme c'était l’usage. II Mach., xi, 21, 33, 38. Le Ptolémée dont Aristobule fut le maître ou conseiller serait donc Ptolémée V Épiphane (204-181). Dans cette hypothèse très vraisemblable, notre Aristobule pourrait très bien être le même personnage que le philosophe péripatéticien qui dédia à Ptolémée VI Philométor (185-146) une exposition allégorique du Pentateuque. Eusèbe, Præp. Ev., viii, 9, t. xxi, col. 636. Rien ne s’oppose à ce qu’il ait vécu sous les deux règnes. Le but de son commentaire, intitulé Ἐξηγήσεις τῆς Μουσέως γραφῆς ou τοῦ Μουσέως νόμου, était de prouver que les anciens poètes et philosophes grecs avaient largement puisé dans les livres de Moïse, en sorte que le Pentateuque était la source de la philosophie et de la sagesse païenne. Cf. Alexandrie (École exégétique d’), col. 360. Manquant de preuves, il forgea un bon nombre de passages de poètes et d’historiens. Ainsi il en fit sous le nom de Linus, de Musée, d’Orphée, d’Homère, d’Hésiode, etc., et il le fit si habilement, qu’il trompa plusieurs écrivains profanes et certains Pères de l'Église. Les fragments qui nous restent d' Aristobule ont été réunis par Eichhorn, dans l’Allge-