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ARMÉE CHEZ LES HÉBREUX

xxv, 13 ; xxvi, 2. Saül apportait lui-même le plus grand soin à ce recrutement ; car, « aussitôt qu’il avait reconnu qu’un homme était vaillant et propre à la guerre, il le prenait prés de lui. » I Reg., xiv, 52. David, qui, avant d’arriver au trône, avait toujours été assisté par sa fidèle troupe de quatre cents, I Reg., xxii, 2, puis de six cents hommes, [ Reg., xxiii, 13, continua après son avènement à avoir près de lui, même en temps de paix, cette garde d'élite, éprouvée par tant de privations et de combats. I Reg., xxii, 2 ; xxiii, 13 ; xxv, 13 ; xxvii, 2-8 ; xxx, 1-9 ; II Reg., n. 3 ; v, 6.

Garde du corps. — L'Écriture dit que les soldats qui la composaient étaient en partie Philistins d’origine, II Reg., xv, 18. Malgré les divergences des éditions des Septante sur ce verset, et le silence du Textus receptus grec, en cet endroit, sur les six cents Philistins de Geth mentionnés dans la Vulgate, cf. Hummelauer, Comment. in lib. Samuelis, p. 380 ; malgré aussi la répugnance de plusieurs, Tostat et Thenius, par exemple, à admettre que David ait enrôlé dans son armée régulière six cents hommes des ennemis séculaires d’Israël, et la correction qu’ils croient devoir faire de Giṭtîm (Géthéens) en gibborim (héros), il semble néanmoins qu’il faille maintenir le texte de la Vulgate, avec la mention des Géthéens, dont la nationalité est d’ailleurs essentiellement liée à celle de leur chef « Éthaï le Géthéen », qualifié expressément d' « étranger ». II Reg., xv, 19. Car autrement comment des gibborîm, ces vaillants d’Israël, eussent-ils accepté d’avoir pour chef un Philistin ? La présence de ces étrangers dans la garde ordinaire du roi est suffisamment expliquée par les relations d’amitié qui avaient uni David et Achis, roi de Geth, I Reg., xxvii, 2-12 ; xxix, 2-11, et les services qu’il avait tirés d’eux dans les campagnes contre les troupes de Saül et d’Absalom.

La garde des Géthéens était distincte d’une autre légion étrangère instituée par David d’une manière permanente, et composée de Céréthiens et de Phéléthiens, II Reg., viii, 18 ; cf. I Reg., xxx, 14 ; II Reg., xv, 18 ; xx, 7, 23 ; III Reg., i, 38, 14 ; I Par., xviii, 17 : soldats probablement sortis de deux tribus alliées des Philistins, ou même faisant partie de ce peuple, I Reg., xxx, 16 ; Ezech., xxv, 16, où, selon l’hébreu, les Céréthiens sont mentionnés avec les Philistins, comme ailleurs avec les Phéléthiens, ce qui fait croire que Phelethi équivaut à Philisthæi. Cf. Soph., II, 5. Voir Céréthiens, Phéléthiens. Cette légion formait la garde du corps du roi.

C’est par erreur que quelques exégètes, comme Weiss, David und seine Zeit, Münster, 1880, p. 173, soutiennent que les gibburim de David dont il est question II Reg., xxiii, 8-39 ; I Par., xi, 10-46, sont les six cents Géthéens de II Reg., xv, 18.

Les « gibborîm » de David. — Les gibborîm ne semblent pas avoir formé une cohorte spéciale, mais plutôt un ordre de vaillants soldats que le roi prenait comme ses aides de camp, et auxquels il donnait des commandements ou des missions de confiance, suivant la nécessité du moment. Quand ils n’avaient ni commandement ni mission à remplir, ils faisaient fonction de gardes du corps, cf. II Reg., xxi, 17, et c'étaient eux qui, à tour de rôle, commandaient les sections de vingt-quatre mille hommes qui chaque mois fournissaient le contingent de la garde royale. I Par., xxvii, 1-15. Saül paraît avoir été l’instituteur de cette sorte d'état-major. I Reg., xiv, 52. Amizailab, fils de Banaias, commandait cette garde à la place de son père, retenu par un autre commandement. I Par., xxvii, 6. Quatre gibborîm, Jesbaam, Éléazar, Semma et Abisaï, avaient le haut emploi de šâlîšîm en chef ; deux autres, Banaias, avant d'être général en chef, et Asaël, étaient simples šâlîšîm, II Reg., xxiii, 8, 13, 18, 23, 25, ce qui indique clairement que les gibborîm étaient inférieurs aux šâlîšîm. L'Écriture nomme plusieurs gibborîm : trente-sept dans II Reg., xxiii, 39 ; cinquante-trois dans I Par., xi, 1$1-$26. Rien n’indique d’ailleurs que cette énumération soit complète.

L’infanterie. — Avant Salomon, tous les Israélites combattaient à pied. Même après lui, la plus grande partie des troupes furent des fantassins. L’infanterie, selon la différence des armes, se divisait en deux sections : l’infanterie légère, armée du petit bouclier, mâgên, III Reg., x, 17, et comprenant elle-même deux subdivisions, dont d’une combattait avec l’arc, l’autre avec la fronde ; et la grosse infanterie, dont les armes étaient le grand bouclier, ṣînnâh, III Reg., x, 16, l'épée et le javelot ou la lance. Bien qu’aucune règle n’eût prescrit à chacune des tribus d’Israël l’emploi d’une arme plutôt que d’une autre, ce fut pendant longtemps un usage parmi elles d’avoir une spécialité d’armes pour ses guerriers, ce qui dans l’ensemble constituait une armée complète de soldats exercés. La tribu de Benjamin, par exemple, dont les guerriers étaient armés à la légère, II Par., xiv, 8, s’adonnait avec un rare succès au maniement de la fronde, Jud., xx, 16 ; II Par., xiv, 8 ; ses frondeurs étaient si adroits, « qu’ils auraient pu même frapper un cheveu, sans que la pierre se fût le moins du monde écartée. » Jud., xx, 16. Ils lançaient d’ailleurs la pierre avec la main gauche aussi bien qu’avec la droite. I Par., xii, 2. Les hommes de Juda, armés d’ordinaire plus pesamment, I Par., xii, 24 ; II Par., xiv, 8, donnaient cependant d’importants contingents d’habiles archers. II Par., xvii, 17. Gad et Nephthali fournissaient avec Juda la grosse infanterie ; Juda et Gad, les lanciers armés de la lourde lance, rômaḥ, I Par., xii, 8, 24 ; II Par., xiv, 8 ; Nephthali, les lanciers armés de la courte lance ou javelot, ḥôniṭ, I Par., xii, 34. Ainsi, quand sonnait l’appel aux armes, l’armée d’Israël se trouvait immédiatement formée sur le pied de guerre avec la variété de ses différentes unités, et chaque tribu étant tenue d’envoyer tous ses hommes disponibles, I Par., xii, 24-37, leur réunion formait une armée considérable, capable de tenir tête aux armées étrangères.

Cavalerie. — Salomon créa le premier un corps de cavalerie, à l’exemple des peuples voisins, surtout des Syriens, qui comptaient dans leur armée de nombreux chariots, II Reg., x, 18, des Assyriens et des Chaldéens, IV Reg., vi, 14, et même des Philistins, où la cavalerie formait une légion de six mille hommes au temps de Saül. I Reg., xiii, 5 ; cf. II Reg., 1, 6. L’absence des représentations de troupes à cheval dans les monuments des anciennes dynasties de l’Égypte donne lieu de penser que pendant longtemps la cavalerie ne fut pas employée par les Égyptiens pour les opérations militaires. Cf. Fr. Lenormant, Sur l’antiquité de l'âne et du cheval, IIe partie ; Lefébure, Sur l’ancienneté du cheval en Egypte, dans l’Annuaire de la faculté des lettres de Lyon, 2e année, p. 1-11. Cependant ils devancèrent certainement les Hébreux, qui ne réalisèrent ce progrès qu’après tous leurs voisins, retard qu’on s’expliquerait difficilement, si Dieu, pour garantir le caractère théocratique de leur état politique, ne leur avait maintes fois recommandé de ne pas mettre leur confiance dans les chevaux, et de ne pas en multiplier le nombre. Deut., xvii, 16. À cette recommandation la voix des prophètes fera écho jusqu'à la fin, alors même que la nécessité des temps aura amené les rois de Juda et d’Israël à pourvoir leur armée de ce renfort. Surtout lorsqu’ils verront le peuple oublier l’appui de Jéhovah, et ne penser qu'à s’assurer pour la guerre le secours de la cavalerie et des chars égyptiens, ils feront entendre le même reproche, y joignant de terribles menaces. Is., ii, 8-21 ; xxxvi, 6, 8-10 ; Ose., 1, 7 ; Mich., v, 10 ; cf. Ps. xix, 8. La cavalerie instituée par Salomon formait un contingent de douze mille hommes. III Reg., x, 26 ; II Par., 1, 14 ; ix, 25. Elle ne se composait pas de cavaliers montés sur des chevaux, mais de guerriers combattant sur des chars. Dés leur entrée en Chanaan, les Hébreux avaient appris à