Vulgate latine appelée l’Italique. Voir Italique (version). Son esprit, curieux et subtil, a plus d’une fois poussé trop loin la recherche du sens allégorique. Mais il ne méconnaît pas la valeur propre et la nécessité du sens littéral ou historique ; au contraire, il établit en principe qu’il doit passer en première ligne, sinon on ouvre la porte à l’esprit de système, on fournit le moyen d’éluder l’enseignement contenu dans la Bible.
On peut, en prenant pour base l’ordre méthodique combiné avec l’ordre chronologique (d’après les Bénédictins), distribuer les écrits exégétiques de saint Augustin de la manière suivante :
I. Écrits des débuts. — Saint Augustin lui-même a ainsi caractérisé ses premiers écrits. Il ne conserva le De Genesi ad litteram imperfectus liber de l’année 393 que « comme un monument assez curieux à consulter de ses premiers essais dans l’étude et l’exposition des divins oracles ». (Retr., i, 18, t. xxxii, col. 613.) Aux débuts appartiennent : 1o De moribus Ecclesiæ catholicæ et de moribus Manichæorum libri duo (387), t. xxxiii, col. 1309. Réfutation des calomnies des manichéens. Au livre I, chap. ix et chap. xvi, est un essai de concordance de l’Ancien et du Nouveau Testament, qui ont le même enseignement sur chacune des quatre vertus cardinales, la tempérance, la force, la justice, la prudence ; ces vertus sont décrites d’après les Écritures, les Épîtres de saint Paul surtout. On y remarque l’emploi du sens allégorique.
— 2o De Genesi contra Manichœos libri duo (vers 389), t. xxxiv, col. 173-220. C’est une explication des trois premiers chapitres de la Genèse, afin de répondre aux difficultés soulevées par les manichéens. Ce livre a été écrit à la hâte, avec le sentiment du sens littéral, mais en faisant un usage excessif du sens figuré. « Pour ne pas être retardé dans mon entreprise, dit saint Augustin, j’ai expliqué sommairement et avec toute la clarté possible le sens figuré des passages dont je n’ai pu trouver le sens propre. ». De Gen. ad litt., viii, 2, 5, t. xxxiv, col. 374.’— 3o De vera religione liber unus (390), t. xxxiv, col. 121-172. L’enseignement de la vraie religion dans l’Ancien comme dans le Nouveau Testament se recommande par son excellence, par l’harmonieuse ordonnance qu’elle leur emprunte (cap. xvii). Il faut donc méditer les Écritures, pour puiser en elles non la vérité qui passe, mais celle qui demeure. Le but de cette étude doit être de chercher sous l’allégorie et sous l’histoire, sous les figures et sous les faits, l’objet immuable de la toi. Mais il faut interpréter l’Écriture d’après le génie de la langue de l’Écriture (cap. l, col. 165). — 4o De utilitate credendi ad Honoratum liber unus (391), t. xlii, col. 65-92. Ordonné prêtre en 391, saint Augustin, dans une magnifique lettre à Valère, demanda du temps pour étudier les divines Écritures (Ep. xxi, t. xxxiii, col. 88). Le premier fruit de cette étude fut le De utilitale credendi. C’est une nouvelle défense de l’Ancien Testament contre les manichéens. On ne peut accepter les explications de l’Écriture que ses ennemis donnent. Le Nouveau Testament reçu des manichéens envisage l’Ancien sous quatre points de vue : l’histoire, l’étiologie, l’analogie et l’allégorie. C’est la clef de la solution de toutes les difficultés.
— 5o De Genesi ad litteram imperfectus liber (393), t. xxxiv, col. 219-246. Commentaire des vingt-six premiers versets de la Genèse. C’est un simple essai, contenant des explications allégoriques. — 6o Contra Adimantum Manichæi discipulum liber unus (394), t. xlii, col. 129-172. Saint Augustin, après avoir donné une réponse générale et de principe, aborde les réponses de détail aux attaques des manichéens, en rétablissant par les Écritures l’accord des deux Testaments par les passages de la Genèse, de l’Exode, du Deutéronome, du Lévitique, des Nombres, des Psaumes, des Proverbes et des prophètes Osée, Amos et Isaïe, qu’ils alléguaient à l’appui de leur système. — La fin de cette période des débuts se signale par un emploi fréquent de l’Écriture, dans la correspondance, dans la prédication, dans la Disputa (392) avec le manichéen Fortunatus ; il est permis de penser qu’il la savait déjà en grande partie par cœur : Epist. xxii (392), t. xxxiii, col. 91-92 ; Epist. xxiii (392), col. 91 ; De duabus animabus contra manichæos (391), t. xlii, col. 93 ; Acta seu disputatio contra Fortunatum manichæum (28 août 392), t. xlii, col. 114.
II. Grands commentaires. — On entend ici par grands commentaires les commentaires de livres entiers de la Bible, ou de parties notables du même livre et formant une suite. On peut ranger dans cette catégorie : 1o De sermone Domini in monte secundum Matthæum libri duo (393), t. xxxiv, col. 1229-1308. Le sermon sur la montagne occupe, dans saint Matthieu, les chapitres v, vi et vii : livre Ier, explication du chap. v ; livre ii, explication des chap. vi et vii ; division quelque peu artificielle. L’auteur s’étend trop sur le sens allégorique, mais il a en même temps le souci du sens littéral. — 2o Epistolæ ad Galatas expositionis liber unus (394), t. xxxv, col. 2105-2148. Commentaire littéral verset par verset, dans lequel il montre quels sont les rapports de la loi et de la foi. Saint Paul a eu raison de reprendre saint Pierre. — 3o Annotationum in Job liber unus (vers 400), t. xxxiv, col. 825-886. Annotations marginales du livre de Job, recueillies et publiées par les amis de saint Augustin, qui les trouvait fort obscures, à cause de leur laconisme. Le sens allégorique y est poussé trop loin, mais il y a encore ici le souci du sens littéral. Cet ouvrage, bien que ne renfermant que des notes fugitives, fut recherché ; de nombreuses copies s’en répandirent. — 4o Enarrationes in Psalmos (404 [?]-416), t. xxxvi, col. 67-1967. C’est un commentaire des Psaumes en partie dicté, en partie prêché dans des discours prononcés devant le peuple. Le commentaire dicté est plus bref que le commentaire parlé. Le même Psaume a souvent fourni la matière de plusieurs discours. Après le sens littéral, le saint docteur recherche le sens ou les sens spirituels, qu’il applique le plus souvent à Notre-Seigneur. Il a grand soin de suivre le texte le plus pur.
— 3o De Genesi ad litteram libri duodecim (415), t. xxxiv, col. 245-486. Livres i à xi, commentaire des trois premiers chapitres de la Genèse ; livre xli, ravissement de saint Paul au troisième ciel, divers genres de visions. C’est un des principaux commentaires de saint Augustin ; il y donne les règles du sens allégorique, mais il y expose aussi le sens littéral ou historique ; les rapports de la Bible et de la science ; leur accord en principe ; le commentateur ne doit émettre aucune opinion qui ne soit certaine ; il lui faut une grande prudence scientifique. C’est pour avoir suivi trop à la lettre le texte sacré que saint Augustin a cru à un premier jour type de vingt-quatre heures. Cependant sur ce point sa pensée est parfois flottante. — 6o In Joannis Evangelium tractatus centum viginti quatuor (416-417), t. xxxv, col. 1379-1976. C’est une explication de l’Évangile de saint Jean faite du haut de la chaire, riche en applications morales, d’après le sens allégorique, mais souvent aussi d’après le sens littéral, déterminé par le langage certain de l’Écriture. À citer le n. 2 du Traité x, où saint Augustin donne d’une manière remarquable l’explication du mot « frères », appliqué aux cousins de Notre-Seigneur. — 7o In Epistolam Joannis ad Parthos tractatus decem (416, semaine de Pâques), t. xxxv, col. 1977-2062. Explication de la première Épître de saint Jean donnée au peuple et du haut de la chaire, saint Augustin s’est attaché à exposer l’enseignement sur le Verbe et la charité divine contenu dans cette Épître. Ce commentaire est surtout moral.
III. Petits commentaires et questions exégétiques. — Sous ce titre on peut ranger : 1o Expositio quarumdam propositionum ex Epistola ad Romanos liber unus (vers 394), t. xxxv, col. 2063 - 2088. Ce sont des réponses improvisées à des questions soulevées dans une lecture de cette Épître faite en commun. L’auteur montre quel est