Aujourd’hui encore cette contrée est très fertile, surtout dans la plaine du Hauran. Le sol, composé de lave, de dolérite granulée et de scories rouge-brun ou vert-noirâtre, produit un froment aux grains à demi transparents, de beaucoup supérieur à celui des autres régions. Le blé et l’orge y viennent en abondance quand la sécheresse ou les sauterelles n’exercent pas leurs ravages, et ils sont l’objet d’une exportation considérable. Au rapport de Schumacher, Across the Jordan, Londres, 1866, p. 23, la quantité de céréales transportées du Hauran à Akka et Khaïfa à destination de l’Europe, principalement de la France et de l’Italie, n’a pas été pendant plusieurs années moindre de 100 000 à 120 000 tonnes par an. Le prix du blé sur place n’est pas élevé, mais il augmente beaucoup en raison des difficultés de transport. Ces difficultés seront désormais aplanies par la voie ferrée qu’on établit en ce moment entre le Hauran et Damas, et qui se joindra plus tard à d’autres lignes actuellement en projet. Dans les contrées, comme le nord et le centre du Djaulan, où le sol pierreux est moins propre à la culture, les nombreux troupeaux des Bédouins trouvent encore d’excellents pâturages. Partout où, entre les blocs de basalte, s’étend la terre végétale, l’herbe pousse d’une façon luxuriante, hiver comme printemps ; sur ce sol bien arrosé les chaleurs de l’été ne brûlent jamais toute végétation. Les « chênes de Basan » ont, hélas ! disparu comme les cèdres du Liban. Tombés sous la hache des Bédouins, souvent pour servir de bois de chauffage, ils meurent, à peine repoussés, sous la dent des troupeaux. Cependant, les pentes du Djebel Hauran présentent encore certains massifs d’arbres, très rares dans la plaine, et l’on rencontre çà et là quelques restes de forêts. Il y a peu d’années, le Djaulan septentrional devait être couvert de bois assez épais, comme l’indiquent quelques noms, en particulier Scha’fat es-Sindiànéh, « la cime du chêne. » Les chênes que l’on voit ou isolés ou groupés au pied et sur les pentes des tells el-Ahmar, Abou en-Neda, Abou el-Khanzir et ailleurs, appartiennent à deux espèces principales, le Quercus pseudo-coccifera et le Quercus ægilops. Voir Chêne. Cf. G. Schumacher, Across the Jordan, p. 4-5, 13, 24-25 ; Der Dscholan, dans la Zeitschrift des Deutschen Palästina-Vereins, Leipzig, 1886, p. 205 ; traduction anglaise, The Jaulân, Londres, 1888, p. 15. Nous n’exposons ici que les caractères généraux du pays de Basan, suivant les données de l’Écriture. Pour la physionomie spéciale de ses différentes parties, voir Auran, Argob, Iturée, Gaulanitide. Pour la bibliographie, voir Auran.
Cette contrée, à l’époque gréco-romaine, fut divisée en plusieurs provinces : la Gaulanitide, le Djaulan actuel ou le plateau occidental qui domine le lac de Tibériade et le lac Houléh ; la Trachonitide, comprenant plus particulièrement le Ledjah ; l’Auranitide, c’est-à-dire les pentes occidentales du Djebel Hauran et la partie de la grande plaine qui l’avoisine à l’ouest ; la Batanée, dont le nom fait évidemment revivre celui de Basan. Il est très difficile de savoir quelle est la position géographique de cette dernière, et les auteurs sont loin de s’entendre sur ce sujet. Josèphe, dans certains passages, comprend sous le nom de Batanée tout le pays de Basan, qu’il distingue, comme l’Écriture, de celui de Galaad ; cf. Ant. jud., IV, vii, 4 ; IX,viii, 1. Dans d’autres, il distingue cette province des districts voisins, mais sans en indiquer nettement la situation ; il se contente de dire qu’ « elle confinait à la Trachonitide », Ant. jud., XVII, ii, 1 ; Bell, jud., i, xx, 4 ; était-ce à l’est ou à l’ouest ? Là est la difficulté. J. L. Porter, Five years in Damascus, Londres, 1855, t. ii, p. 52-54, 264-267, et plusieurs auteurs à sa suite placent la Batanée à l’est du Ledjah et au nord du Djebel Hauran, dans la contrée appelée actuellement Ard el-Beteniyéh : ce nom et celui de la ville d’El-Buteina (ou Bataniyéh, dans certaines cartes) appuient suffisamment, selon eux, cette opinion. Ce sentiment est vivement combattu par J. G. Wetzslein, Reisebericht ûber Hauran und die Trachonen, in-8o, Berlin, 1860, p. 82-86 ; Das Hiobakloster, dans Fr. Delitzsch, Das Buch Job, p. 553-558. M. W. H. Waddington, Inscriptions grecques et latines de la Syrie, in-4o, Paris, 1870, p. 500, dit également : « Les ruines de Btheiné se composent d’une vingtaine de maisons et de deux grandes tours ; l’endroit n’a jamais été qu’un petit village sans importance, et dans notre inscription (n » 2127) il est appelé κώμη ; il n’y a jamais eu là une ville, comme Porter le croit… Quant à moi, je doute que la Batanée des historiens et des géographes grecs soit identique avec le Basan de la Bible. » Elle n’en comprenait évidemment qu’une partie, et si, suivant cette dernière opinion, elle était située à l’ouest du Ledjah, elle devait occuper à peu près le centre du pays dont elle conservait le nom, ayant l’Auranitide au sud, la Gaulanitide à l’ouest et la Trachonitide à l’est.
III. Histoire. — Dans les temps les plus reculés, Basan était habité par les Raphaïm ou race de géants que Chodorlahomor vainquit à Astaroth-Carnaïm. Gen., xiv, 5. Og lui-même était le dernier représentant de cette race, Deut., iii, 11 ; et « tout Basan était appelé la terre des géants ». Deut., iii, 13. Les Israélites, après avoir soumis les Amorrhéens du sud, montèrent vers le nord, et le roi s’avança vers eux avec tout son peuple pour leur livrer bataille à Édraï ; ils le frappèrent jusqu’à l’extermination et s’emparèrent de son royaume. Num., xxi, 33, 35 ; Deut., i, 4 ; iii, 1, 3, 4, 5 ; iv, 47 ; xxix, 7 ; Jos., ix, 10 ; II Esdr., x, 22 ; Ps. cxxxrv (hébreu, cxxxv), 11 ; Ps. cxxxv (hébreu, cxxxvi}}), 20. Voir Amorrhéens. Cette importante région fut alors donnée à la demi-tribu de Manassé. Num., xxxii, 33 ; Deut., iii, 13 ; Jos., xiii, 29-31 ; xvii, 1, 5 ; xxii, 7. Gaulon et Astaroth furent assignés aux Lévites de la famille de Gerson, la première étant en même temps ville de refuge. Jos., xxi, 27 ; 1 Par., vi, 71. Cette contrée rentrait avec Galaad et la terre de Séhon, roi amorrhéen du sud, dans une des circonscriptions territoriales qui, sous Salomon, devaient payer un impôt en nature pour la table royale ; l’officier à qui elle était confiée s’appelait Gaber, fils d’Uri. III Keg., iv, 19. Sous le règne de Jéhu, elle fut dévastée par Hazaël, roi de Syrie, IV Régi, x, 32, 33. L’histoire n’en dit plus rien ensuite : seuls les poètes sacrés et les prophètes mentionnent les chênes de ses forêts, ses gras pâturages et leurs nombreux troupeaux. Ps. xxi (hébreu, xxii), 13 ; Is., ii, 13 ; xxxiii, 9 ; Jer., L, 19 ; Ezech., xxvii, 6 ; xxxix, 18 ; Am., iv, 1 ; Mich., vii, 14 ; Nah., i, 4 ; Zach., xi, 2. Plus tard, la province de Batanée fut donnée par Auguste à Hérode le Grand, avec la Trachonitide et l’Auranitide, pour les soustraire aux brigandages de Zénodore. Josèphe, Ant. jud., XV, x, 1 ; Bell. jud., I, xx, 4. Hérode lui-même en confia certaines terres à un Juif babylonien nommé Zamaris, qui devait en retour défendre ses États contre les incursions des Trachonites. Ant. jud., XVII, n, 1, 2. Elle entra ensuite dans la tétrarchie de Philippe, Ant. jud., XVII, xi, 4 ; Bell, jud., II, vi, 3. Enfin Agrippa II envoya à Jérusalem trois mille cavaliers auranites, batanéens et trachonites, pour réprimer une révolte soulevée contre le pouvoir romain. Bell. jud., II, xvii, 4.
BASCAMA, Bασϰαμᾶ, ville où Tryphon mit à mort Jonathas Machabée et ses fils. I Mach., xiii, 23. Josèphe l’appelle Bασϰά, Ant. jud., XIII, vi, 5. D’après le texte grec du livre sacré, aussi bien que d’après l’historien juif, elle devait se trouver dans le pays de Galaad. La Vulgate, en effet, présente, au verset précédent, une lacune heureusement comblée par le grec. La phrase : « mais il y avait beaucoup de neige, et il ne vint pas au pays de Galaad, » se lit ainsi dans les Septante : καὶ ἦν χιὼν πολλὴ σφόδρα, καὶ οὐκ ἦλθε διὰ τὴν χιόνα, καὶ ἀπῆρε καὶ ἦλθεν εἰς τὴν Γαλααδίτιν, « et il y avait beaucoup de neige, et il ne vint pas [à Jérusalem] à cause de la neige, et il partit et il vint en Galaad. » Il est probable que le mot ἦλθε, répété deux fois, aura trompé le traducteur ou un copiste quel-