Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/978

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
4817
1818
BLÉ


Deut., xvi, 9 ; Jud., xv, 5 ; l’épi, nommé Sibbôlét, Gen., xli, 5, ou’âbïb, « épi mûr, » se remplit de grains : trente pour un est un bon produit, Matth., xiii, 8 ; mais soixante et même cent pour un, Matth., xiii, 8, ne sont pas inouïs. Isaae avait récolté le centuple, grâce, il est vrai, à une bénédiction spéciale de Dieu. Gen., xxvi, 12. Plus d’une fois des voyageurs, en Palestine, ont compté soixante et même cent grains sur un épi. Si l’on songe que plusieurs

^ épis peuvent croître sur une même tige, le centuple ne paraîtra pas un produit excessif. H. B. Tristram, Natural History ofthe Bible, 1889, p. 489. Mais la maladie, châtiment divin, venait parfois attaquer le blé et ruiner toutes les espérances du cultivateur : c’était la rouille du blé, la nielle ou charbon, la carie des grains de froment. Gen., xli, 6 ; Deut., xxviii, 22 ; III Reg., viii, 37 ; Il Par., vi, 28 ; Amos, iv, 9. D’autres fois le feu, allumé par accident ou mis à dessein, Exod., xxii, 6 ; Jud., xv, 5, détruisait la moisson. Alors l’agriculteur pleurait ses récoltes anéanties. Joël., i, 5. Ces fléaux étaient souvent annoncés par les prophètes, pour qu’on y reconnût un châtiment céleste. Au contraire, quand le peuple était fidèle, Dieu lui promettait que, même sans semailles, il recueillerait, dans ce qui pousserait naturellement, de quoi suffire à sa nourriture. IV Reg., xix, 29. On appelait sâfîafi le froment qui provenait des grains tombés à terre au temps de la moisson précédente, Lev., xxv, 5 ; IV Reg., xix, 29, et safyîs, IV Reg., xix, 29, ou Sdhîs, Is., xxxvii, 30, le blé qui poussait spontanément deux ans après la moisson.

4° Moisson. Le blé mûrissait vers la fin de mars et le

t commencement d’avril. Matth., xii, 1 ; Luc, VI, 1, trois semaines ou un mois après l’orge. Lev., xxiii, 10-11, 16.’C’était le mois d’Abib, c’est-à-dire delà maturité des épis.’Plus tard, il fut appelé Nisan. La moisson commençait , . donc vers la fin de Nisan et était finie à l’a Pentecôte. Exod., xxxiv, 22 ; Jud., xv, 1. La date précise variait suivant les années et les régions ; maintenant encore on moissonne les blés en avril dans quelques contrées, comme la vallée du Jourdain ; en Galilée, il faut attendre la fin de mai ou plutôt le commencement de juin. Mais à la Pentecôte les moissons étaient généralement terminées : cette fête leur servait de clôture ; On y offrait au Seigneur les prémices de la moisson. Aussi était-elle appelée la fête de la moisson, la fête des prémices de la moisson des blés. Exod., xxiii, 16 ; xxxiv, 22.. « Le temps de la moisson des blés » est une locution usitée pour désigner une époque déterminée de l’année. Gen., xxx, 14 ; Jud., xv, 1 ; Ruth, il, 23 ; I Reg., xii, 17. À cette époque, c’est-à-dire vers le mois de mai, on ne voit ni pluie ni orage : aussi était-ce un phénomène extraordinaire, dâbâr haggàdôl, et qui frappa le peuple de crainte, que le Seigneur, à la prière de Samuel, fit éclater son tonnerre et tomber la pluie. I Reg., xii, 16-19. On coupait les blés à la faucille. Joël, iii, 13 ; Jer., l, 16 ; Marc, IV, 29 ; Apoc, xiv, 14-16. On séparait l’ivraie qui avait poussé entre les épis. Matth., xiii, 25, 29, 30, et le blé était mis en gerbes, gâdië, Exod., xxii, 6 (hébreu, 5) ; Jud., xv, 5. On aimait à orner ces gerbes de lis (sôsannîm), Gant., vti, 2 (hébreu, 4), afin de leur donner comme un air de fête ; car la moisson était an temps de joie. Ps., iv, 8.

5° Battage et vannage du blé. — Les gerbes de blé étaient apportées sur l’aire, I Par., xxi, 20, où elles étaient foulées par les bœufs, Deut., xxv, 4, ou pressées soit par une sorte de traîneau appelé môrag, I Par., xxi, 23, soit par une espèce de tribulum, Ifârûs, I Par., xx, 3, ou battues avec un bâton ou fléau. Jud., vi, 11, Sur ces différentes méthodes, voir Aire, fig. 71-77, col. 325-327, etfig. 47, 48, col. 283. — La grosse paille étant broyée, on l’enletait, et on passait à l’opération du vannage. Le blé était soulevé en l’air à l’aide de pelles, Is., xxx, 24, ou avec les mains, comme on le fait encore aujourd’hui ; le vent emportait au loin les menues pailles avec les balles, et le bon grain retombait sur le sol (fig. 72, col. 325).

Pour achever de purifier le grain, on le passait au crible. Amos, ix, 9 ; Luc, xxii, 31. Les criblures étaient abandonnées et laissées aux pauyres, à moins d’avarice sordide. Amos, viii, 6 (hébreu, 5). Le bon grain ainsi nettoyé, appelé une fois serôr, Amos, ix, 9, mais ordinairement bar, était recueilli pour être employé ou vendu.

6° Conservation des grains, greniers. — D’ordinaire, après les opérations du battage et du vannage, on ramassait le blé dans des greniers. Ruth, ii, 23 ; II Esdr., xiii, 12 ; Joël, 1, 17 ; Amos, viii, 5. C’est dans les vastes greniers des principales villes d’Egypte que Joseph fit renfermer l’excédent des récoltes des sept années d’abondance. Voir Grenier. Ezéchias avait fait construire de semblables magasins pour le blé. II Par., xxxii, 28. En dehors de ces grands magasins publics, les particuliers faisaient des réserves dans, la partie la plus retirée de leur maison, II Reg., xvii, 19, ou cachaient leurs grains comme un trésor dans des silos ou fosses creusées au milieu de leurs champs. Jer., xli, 8. Cf. col. 1744. En temps de guerre, on faisait les approvisionnements de blé nécessaires soit pour soutenir un siège, Judith, iv, 4, soit pour entreprendre une campagne. Holopherne fit ramasser les blés de toute la Syrie, Judith, ii, 9 ; car le blé entrait dans la nourriture du soldat en Orient. Cf. I Mach., viii, 26.

7° Commerce du blé, exportation.’— 1. Il y avait des marchands de blé, Amos, viii, 5, que le prophète flétrit, parce que dans leur avarice ils ont peine à observer le sabbat, ou vendent aux pauvres les criblures de blé qu’on leur laissait d’ordinaire. Amos, viii, 5-6. Parlpis ces marchands faisaient des accaparements de froment. Comme, en temps de disette, les approvisionnements des villes étaient difficiles, à cause de l’insuffisance ou de l’irrégularité des moyens dé transports, ils retenaient le blé dansleurs greniers, et, spéculant sur sa rareté, le vendaient à un prix exorbitant. Ces accapareurs sont maudits de Dieu, et, au contraire, sa bénédiction est sur la tête de ceux qui vendent le blé avec équité. Prov., xi, 26. Les marchands de la Babylone de l’Apocalypse, xviii, 11-13, pleurent parce qu’ils ne peuvent plus vendre leur froment. — 2. Tout le blé recueilli n’était pas consommé ou vendu dans le pays ; il y avait surabondance et on l’exportait, surtout depuis l’époque de Salomon, qui fit faire des progrès à l’agriculture sous son règne pacifique. Pendant le temps que durèrent les travaux des Phéniciens pour la construction du temple et des palais de Jérusalem, Salomon fournissait chaque année à la table dm roi Hiram vingt mille mesures (cors) de froment. III Reg., v, 11. Les ouvriers tyriens qui travaillaient dans le Liban étaient également nourris par Salomon ; ils recevaient aussi vingt mille cors de froment. II Par., ii, 10, 15 ( hébreu, 9 et 14). Ezéchiel, xxvii, 17, nous représente Juda et Israël exportant leur blé sur les marchés de Tyr. Le texte hébreu porte : « des grains de Minnith, » ville ou district du pays des Ammonites, fertile en blés (Cf. Jud., xi, 33. Les Ammonites payaient à Joatham en tribu dix mille cors de froment. II Par., xxvii, 5). Probablement Ezéchiel parle ici d’une espèce ou qualité excellente de blé, plutôt que de grains venant de Minnith. Au temps ; d’Hérode Agrippa, la Judée nourrissait encore de ses blés Tyr et Sidon. Act., xii, 20. — Le vaisseau alexandrin qui devait conduire saint Paul de Myre jusqu’en Italie paraît avoir été chargé de blé : afin d’éviter un naufrage et d’alléger le navire’pour l’échouage, on jeta la cargaison de blé à la mer. Act., xxvii, 38.

8° Usages domestiques. — On mangeait le blé sous, plusieurs formes : le grain nouveau, encore tendre (karmél, d’après quelques lexicographes, Lev., xxiii, 14’j IV Reg., iv, 42) ; Matth., xxii, 1 ; Marc, ii, 23 ; -~liubi, vi, 1 ; ^ grain grillé, nommé qâli. Au temps de J8 Hfôfison, on grillait au feu le blé non encore mûr ; et cm"- ! .©’mangeait sans autre accommodements ÊfelF.i ii, 14 ; xxiîlL 14 ; Jôs., v, 11 ; Ruth, ii, 14 ; I Reg.yitvtꝟ. 17 ; xxv, 18 ;  ; IL Reg., xvii, 28 (hébreu). Cet usage dUfè encore en Orient,