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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/979

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dfêl9’BLÉ — BLEEK

1820

— On connaissait aussi le grain grossièrement moulu, en granules plus ou moins uns, ou gruau, rîfôf, Il Heg., xvii, 19 ; on le broyait au pilon dans un mortier. Prov., xxvii, 22. — Mais le plus ordinairement, on réduisait le .blé en farine pour le pétrir et en faire du pain. La farine de froment se disait qémah ; pour désigner la farine d’orge, on ajoutait le mot se’orim. Niim., v, 15. La fleur <ie farine s’appelle solét. Exod., xxix, 2. Le grain était iroyé sous la meule ou moulin à bras. La farine pétrie et cuite au four donnait le lél.iém, « pain. » Pour la cour de Salomon, on consommait chaque jour trente mesures (cors) de Heur de farine, et soixante de farine ordinaire. III Reg., IV, 22, 23 (hébreu, v, 13). On mélangeait parfois au blé diverses céréales inférieures, Ezech., v, 9, pour en faire un pain. Le blé était regardé comme la nourriture la plus indispensable. II Esdr., v, 2, 3, 10, 11 ; Eccli., xxxix, 31 (Septante, 32) ; Lament., ii, 12. Aussi <ïaris l’Apocalypse, vi, 6, pour peindre la disette, on dit que le denier, prix d’une journée de travail, ne suffira plus pour se procurer deux livres de froment, c’est-à-dire le pain strictement nécessaire pour nourrir une seule personne. Au contraire l’abondance du froment donne une jeunesse nombreuse et vigoureuse. Zach., ix, 17.

9° Oblations, dîme. — La farine dont l’offrande devait accompagner les sacrifices sanglants ou formait une oblation spéciale était dé la pure farine de froment. Lev., ii, 2 ; Num., xv, 3-12 ; xxviii, 7-29. Les pains sans levain, les gâteaux de différentes sortes qui formaient une catégorie de sacrifices non sanglants ou accompagnaient l’immolation des victimes, devaient être faits également avec de la farine de froment. Exod., xxix, 2 ; Lev., ii, 4-5 ; Num., xxviii, 9-li, 28-29. — À la fête de la Pentecôte, on offrait comme prémices deux pains de froment. Exod., xxxiv, 22 ; Lev., xxiii, 17. On voit Oman le Jébuséen offrir à David le blé nécessaire pour le sacrifice. I Par., xxi, 23. Darius fit de même pour Esdrâs, I Esdr., vi, 9, et Artaxerxès ordonna de donner cent cors de iroment pour les besoins du culte. 1 Esdr., vii, 22. Les pains azymes qu’on mangeait pendant les sept jours de la fête de Pâques étaient des pains de froment. C’est le pain de froment qui a été changé, à la dernière Cène, au corps de Notre -Seigneur Jésus-Christ et est devenu la matière du sacrifice et du sacrement de l’Eucharistie.

— Les prêtres et les lévites recevaient la dîme du blé comme des autres céréales. Num., xviii, 12, 27 ; Deut., xviii, 4 ; II Par., xxxi, 5 ; II Esdr., x, 39. Dans la seconde dime, que les fidèles consommaient eux-mêmes auprès du sanctuaire, on suivait pour le blé les mêmes règles que pour les autres offrandes. Deut., xii, 7, 17 ; xiv, 23 ; Tob., I, 7 (grec). Dans les règles concernant les offrandes « ju’Israël, rétabli après la captivité, sera tenu d’apporter au prince, Ézéchiel, xlv, 13, dit qu’on devra lui offrir le soixantième du froment.

10° Images et paraboles tirées du blé. — Pour le psalmiste, la manne est le froment du ciel. Ps. lxxvii, 24 (hébreu). Jérémie, xxiii, 28, compare les vraies prophéties au grain de froment, et les fausses à la paille. le froment revient souvent dans les paraboles du Nouveau Testament. Dans la parabole du semeur, Matth., xiii, 3-9 ; Marc, iv, 3-9 ; Luc, viii, 5-8, le grain de blé, c’est la parole divine que le divin semeur jette dans les âmes, et qui, trouvant des cœurs diversement préparés, y reste plus ou moins stérile ; ou fructifie et donne trente, soixante, cent pour un. Matth., xiii, 19-23 ; Marc, iv, 14-20 ; Luc., - viii, 12-16. — Le grain de blé une fois dans la terre y germe sans que l’agriculteur sache comment et sans un nouveau travail de sa part : image de la parole divine qui, tombée dans un cœur bien préparé, y germe, pour ainsi dire, toute seule, et fructifie par sa propre vertu. C’est ce que nous enseigne saint Marc, IV, 26-29, dans la parabole du champ de blé. — Dans le champ du père de famille, le froment est souvent mêlé à l’ivraie : symbole de l’alliage des bons et des méchants dans l’Église

sur cette terre ; mais la séparation se fera au jour de la moisson dernière, et les justes, comme le bon grain, seront recueillis dans les greniers éternels. C’est la parabole de l’ivraie. Matth., xiii, 24-30, 36-43. — Jean-Baptiste avait employé cette dernière image quand il représentait le Messie le van à la main, purifiant son aire, jetant la paille au feu et ramassant le bon grain dans les greniers célestes. Matth., iii, 12 ; S. Luc, iii, 17. — Dans la parabole des deux intendants, l’intendant fidèle qui donne, au temps marqué, la ration de blé aux serviteurs, Luc, xii, 42, est l’image des ministres de Dieu, qui doivent distribuer régulièrement le bon grain de la parole divine. Il y a là une allusion à la coutume grecque et romaine de faire distribuer, par un intendant préposé à cet office, les quatre ou cinq boisseaux de blé qui formaient la portion mensuelle de chaque esclave. Chez les Romains, la distribution se faisait aux calendes. Plaute, Stich., act. i, se ii, 3, édit. Lemaire, t. lvi, p. 307 ; Sénèque, Epist., lxxX, 7, édit. Lemaire, t. lxxxv, p. 542.

— C’est enfin l’économe infidèle qui, oblige de rendre ses comptes, remet frauduleusement une partie de leur dette aux débiteurs de son maître ; à celui qui doit cent mesures {cors) de froment, il fait signer une obligation de quatre-vingts seulement. Luc, xvi, 7. — Comme on. crible le blé, ainsi Satan veut cribler lés Apôtres ; mais le Sauveur prie pour Pierre, et ils ne seront pas emportés comme la menue paille. Luc, xxii, 31. — Notre-Seigneur annonce sa mort ignominieuse et sa glorieuse résurrection sous le symbole du grain de froment qui dans une mort apparente développe les germes de la vie, Joa., xii, 24-25. — Par la même image, saint Paul, I Cor., xv, 36, 37, explique le mystère de la résurrection des corps. E. Levesqde.

    1. BLEEK Friedrich##

BLEEK Friedrich, un des principaux exégètes protestants allemands du xix" siècle, né à Ahrensbdck, près de Lûbeck, dans le Holstein, le 4 juillet 1793, mort à Bonn le 27 février 1859. Après avoir étudié à Lubeck et à liiel, il alla à Berlin, suivre les leçons de Schleiermacher, de Wette et de Neander, qui exercèrent une influence décisive sur sa vie. En 1829, il obtint à l’université de Bonn la chaire de critique sacrée, qu’il occupa pendant trente ans avec un grand succès. Il publia, après quelques articles de revue remarqués, son plus important ouvrage, Der Brief an die Hebrâer erlâutert durch Einleitung, Uebersetzung und fortlaufenden Commentar, paru en trois parties, 4 in-8o, Berlin, 1828, 1836, 1840 ; Beitrâge zur Evangelien-Kritik, qui contient sa défense de l’Évangile de saint Jean, in-8o, Berlin, 1846. Après sa mort on a publié de lui : Einleitung in das Alte Testament, édité par Joh. Bleek, son fils, et A. Kamphausen, son élève, in-8o, Berlin, 1860 ; 2\{\{e\}\} édit., 1865 ; 3e édit., 1869 ; et Einleitung in das Neue Testament, édité par J. Bleek, in-8o, Berlin, 1862 ; 2\{\{e\}\} édit., 1866 ; 3e édit., 1875 (en 1878, J. Wellhausen donna une 4e, et, en 1886, une 5e édit. de l’Introduction de l’Ancien Testament ; en 1886, W. Mangold, fit paraître une 4\{\{e\}\} édit. de l’Introduction au Nouveau Testament) ; Synoptisciie Erklàrung der drei ersten Evangelien, 2 in-8o, Leipzig, 1862, édités par Holtzmann ; Vorlesungen ûber die Apokalypse, in-8o, publiées à Berlin, 1862 ; Vorlesungen ûber die Briefe an die Kolosser, den Philemon und die Ephesier, Berlin, 1865. Fr. Bleek écrivit de nombreux articles dans les Theologische Studien und Kritiken. Ses œuvres se font remarquer par la clarté du style ; par ses idées, il se rattache à l’école de Schleiermacher. Ses opinions critiques sont plus avancées pour l’Ancien Testament que pour le Nouveau. — Voir l’article de son élève, le professeur Kamphausen, dans Darmstadt Allgemeine Kirchen-Zeitu/ng, 1859, n° 20 ; Herzog’s Beal-Encyklopàdie, 2e édit., t. ii, p. 496 ; Allgemeine deutsche Biographie, t. ii, p. 701 ; Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, 4e édit., t. IV, p. 438. E. Levesque.