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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/1021

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    1. ESPAGNOLES##

ESPAGNOLES (VERSIONS) DE LA BIBLE

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cependant, comme le traducteur s’applique à suivre d’aussi près que possible le texte latin, sans s’occuper en aucune -manière du texte original ou des versions antérieures à la sienne, il manque parfois de clarté et de précision et plus souvent encore de chaleur et de vie. Toutefois, comme cette version était la première version complète qui eût pour auteur un catholique espagnol et ne fût déparée par aucune tache d’hérésie, elle fut accueillie avec un véritable enthousiasme dans le pays, et les éditions s’en multiplièrent rapidement, avec ou sans gravures et illustrations. — Ce n’est que plus tard que le public - éclairé sentit le besoin d’avoir une seconde traduction, pour laquelle l’auteur aurait recouru à l’hébreu, au grec et aux autres sources originales, afin d’être plus assuré du vrai sens de l’auteur sacré. Le roi Charles IV donna même des ordres à cet égard, en 1807, une année avant son abdication. Mais les circonstances difficiles que l’on traversait, et surtout la guerre de l’Indépendance, qui éclata sur ces entrefaites, amenèrent des retards dans l’exécution de cet ordre royal. — 2. Ce fut don Félix Torres y Amat (voir t. i, col, 446), alors prêtre sacristain de la cathédrale de Barcelone, et plus tard évéque d’Astorga, qui se chargea de ce travail et s’en acquitta avec zèle et talent. Sa traduction fut publiée sous la protection de Ferdinand VII, de 1823 à 1825, en 9 in-4°. Cette seconde version, complète comme la précédente, obtint un grand succès, et plusieurs éditions en ont été données successivement. Toutefois elle n’a point fait tomber la précédente, ou plutôt celle-ci continue à jouir d’une plus grande faveur, et les éditions s’en écoulent encore aujourd’hui plus rapidement que celles de sa rivale. L’édition la plus estimée de Scio parait être celle qui fut donnée à Barcelone, en 1846, par don José Palau. Elle est enrichie de divers éclaircissements et de quelques rectifications. — Ces deux versions complètes de la Bible sont les seules, en langue espagnole qui aient, eu pour auteurs des écrivains catholiques. Mais ceux-ci ont publié depuis 1780 un certain nombre de versions partielles.

2° Version des quatre livres des Rois. — Ils ont été traduits en espagnol par don Eugène Garcia, vicaire général de Madrid et de Carthagène, Madrid, 1790.

3° Les Psaumes. — Ils ont été traduits à diverses reprises en vers ou en prose. — 1. Thomas Gonzalès Carvejal, membre de l’Académie royale espagnole, a fait à lui seul cette double traduction, 5 in-12, 1816 à 1824. Il a aussi traduit le Cantique des cantiques, les prophéties d’Isaïe et le livre de Job : ce qui le mit à même de publier 7 autres in-12. Mais plus tard il réunit ces écrits en un seul recueil, qu’il intitula Los libros poeticos oie la Biblia, 7 in-8°, Valencia, 1827-1832. — 2. Trente ans avant lui, en 1789, don Ange Sanchez, qui avait appartenu à la Compagnie de Jésus avant sa suppression temporaire par Clément XIV, avait déjà donné à Madrid une traduction en vers de tout le Psautier. — 3. Don Pedro Antonio Ferez de Castro est l’auteur d’une autre traduction, qui fut publiée après sa mort, en 1799. — 4. Don Paul Olavide en composa une à son tour. Cet auteur assez connu à’El Evangelio en triumfo était une âme droite, mais faible, à laquelle les écrits des philosophes et des encyclopédistes français du xviii « siècle avaient fait d’abord perdre en partie la foi. Revenu à de meilleurs sentiments après sa condamnation par le tribunal de l’Inquisition, il mit à profit sa prison et son exil pour se convertir, se faire l’apologiste de la religion et traduire les Psaumes en vers castillans. Sa version parut à Madrid, en 1800, sous le titre de Salterio espanol. Elle a été plusieurs fois réimprimée, bien qu’elle ne soit pas un chef-d’œuvre. Menendez Pelayo, t. iii, p. 217-219. — 5. Un an plus tard, en 1801, le dominicain Diego Fernandez publia une nouvelle traduction en prose du Psautier. — 6. Plus récemment, de 1825 à 1837, D. Joseph Viruès a mis au jour, à Madrid, une traduction du Psautier avec commentaire, en 4 volumes in-4. L’archevdque de Tolède en pro hiba la lecture par décret du 4 avril 1827, à cause des erreurs qu’elle contient.

4° Les livres sapientiaux. — 1. Les Proverbes, l’Ecclésiaste, la Sagesse et l’Ecclésiastique furent aussi traduits en vers castillans, à la fin du xviii » siècle, par don Ange Sanchez, l’auteur de la traduction des Psaumes dont il vient d’être question, et publiés sous ce titre : La verdadera filosofia del espiritue del coraion. Les Pro-. verbes parurent à Madrid, en 1785 ; l’Ecclésiaste en 1786, la Sagesse en 1789, l’Ecclésiastique en 1789. — 2. Le Cantique des cantiques fut traduit et commenté par un pieux bénédictin, dom Placido Vicente : El Cantico el mas sublime de la Escritura, 2 in-12, Madrid, 1800, — 3. Vers le même temps, Thomas Gonzalès Carvajal traduisit en vers Job et le Cantique des cantiques, comme il a été dit plus haut. — 4. Vers 1880, don Xavier Caminero, mort en 1884 évêque élu d’Oviedo, traduisit Job d’après le texte hébreu ; mais son travail n’a pas été jusqu’ici livré à l’impression. Menendez Pelayo, t. iii, p. 829. Le manuscrit en appartient aujourd’hui àM. Pelayo. (Lettre du 5 juillet 1897.)

5° Tobie^ Judith et Esther. — Un anonyme les a traduits en espagnol et les a publiés avec le texte latin en regard, 3 in-12, Madrid, 1789-1790.

6° Évangiles. — Il en existe deux traductions nouvelles. — 1. L’une est due au P. dom Anselme Petite, de l’ordre de Saint-Benoit et ancien abbé de Saint-Millan de la Cogolla. Elle parut pour la première fois en 1785. Mais depuis elle a été maintes fois réimprimée. Le même auteur s’était d’abord essayé sur quelques psaumes et avait donné à Valladolid, en 1784, une traduction en vers des Psaumes graduels et des Psaumes pénitentiaux. — 2. Une seconde traduction des Évangiles parut à Madrid, en 1843, illustrée de 40 gravures. Elle était l’œuvre collective de plusieurs membres de la Société littéraire de la ville.

7° Actes des Apôtres. — Un prêtre séculier, le docteur don Ignacio Guerea, en a donné une traduction espagnole d’après le latin de la Vulgate, Madrid, 1784. Sa traduction a eu plusieurs éditions.

8° Épîtres. — 1. Les Épîtres de saint Paul ont trouvé un traducteur estimé dans la personne de don Gabriel Quijano, in-8°, Madrid, 1785. Plusieurs fois réimprimé.

— 2. Une traduction espagnole des sept Épîtres catholiques parut aussi en 1785, à Madrid. Elle avait pour auteur un bénédictin, dom Richard Valsaloire. — 3. En 1816, un prêtre séculier, don François Jiménès, traduisit de nouveau en espagnol les Épîtres de saint Paul et les Épîtres catholiques et les publia en un seul volume.

9 tl Apocalypse. — Don José de Palacio y Vina publia une traduction espagnole de l’Apocalypse à Madrid, en 1789.

La période dont nous venons de nous occuper n’a vu paraître aucune nouvelle version protestante. L’Espagne a bien été inondée, de 1800 à 1870 et surtout de 1833 à 1876, de bibles protestantes, distribuées par les émissaires des Sociétés bibliques d’Angleterre ; mais leurs éditions n’étaient que de simples réimpressions des versions de Cassiodore de Reina, de Cypriano de Valera et de leurs émules, ou bien, en en retranchant les livres deutérocanoniques, de P. de Scio et de Torrès Amat, cette dernière publiée par un prêtre apostat et marié, Laurent Lucena, vers 1850. Menendez Pelayo, t. iii, p. 674.

Voir José Rodriguez de Castro, Bïblioteca rabbinica de autores espafioles, 2 in-f°, Madrid, 1781, p. 346-350, 400-520 ; Joachim Villanueva, Calificador del Santo Oficio, De la leccion de la Sagrada Escritura en lenguas vulgares, in-f°, Valence, 1791 ; José Maria de Eguren, Memoria de los codices notables de Espana, in-4°, Madrid, 1859, p. 1-50 ; Francisco Caminero, Manuale isagogïcum, in-8°, Lugo, 1868, p. 213-215 ; Menendez Pelayo, Historia de los Heterodoxos espafioles, 3 in-8°, Madrid, 1880, t. ii, p. 185-186, 223-237, 466-468} t. iii, p. 217-219,