Aller au contenu

Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/1058

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
2037
2038
ETOILE — ÉTOILE DES MAGES


ront du ciel », à celle de S. Marc, xiii, 25 : « Les étoiles du ciel seront tombantes, » et entendre le verbe 7t ; t ; t£iv, cadere, d’un déclin, d’un obscurcissement plus ou moins complet. Cf. Andr. Flachs, De casu stellarum in fine mundi, dans le Thésaurus novus, de Hase et lken, Leyde, 1732, t. ii, p. 282-287. — 9° L’étoile du matin, Eccli., L, 6, est la planète Vénus. Voir LrciFER. Sur les étoiles que mentionne Job, xxxviii, 31, voir Pléiades.

IL Au sens figuré. — 1° Dieu seul-est élevé au-dessus des étoiles, c’est-à-dire souverainement grand. Job, xxii, 12. La créature qui place sa demeure dans les étoiles est animée d’un fol orgueil et mérite une chute humiliante. Abd., 4 ; Dan., viii, 10. — 2° Les étoiles brillantes sont le symbole des justes. Eccli., L, 6 ; Dan., xii, 3. — 3° Les étoiles qui ne sont pas sans tache aux yeux de Dieu désignent les anges. Job, xxv, 5 ; cf. xv, 15. — 4° Les onze étoiles qui adorent Joseph sont ses onze frères, qui doivent s’incliner devant lui en Egypte. Gen., xxxvii, 9. Les sept étoiles de l’Apocalypse, i, 16, 20 ; ii, 1, 28 ; iii, 1, sont les sept Églises auxquelles s’adresse l’Apôtre. Les douze étoiles qui entourent la tête de la femme sont les douze Apôtres et leurs successeurs, peut-être aussi la multitude des fidèles formant les douze tribus du peuple nouveau. Apoc, xii, 1. — 5° L’étoile de Jacob, Num., xxiv, 17, est le Messie, que saint Jean représente comme l’étoile splendide du matin. Apoc, xxii, 16. L’  « étoile de Jacob » désignait si certainement le Messie aux yeux des Juifs, qu’à l’époque du soulèvement de ceux-ci sous le règne d’Hadrien, le chef de l’insurrection entraîna ses compatriotes en prenant le nom de Barcochébas, « fils de l’étoile. » Cf. de Champagny, Les Antonins, Paris, 1875, t. ii, p. 71 ; Fr. Miège, De Stella et sceptro bileamico, dans le Thésaurus noms, t. i, p. 423-435. — 6° Les étoiles qui s’obscurcissent sont le symbole de la tristesse

qui frappe le vieillard. Eccle., xii, 2.

H. Lesêtre.

2. ÉTOILE DÉS MAGES. — I. DONNÉES ÉVANGÉLIQUES.

— Saint Matthieu, ii, 1-12, est seul à raconter l’histoire du voyage et de l’adoration des mages. Voici ce qui, dans son récit, se rapporte à l’étoile. 1° Les mages ont vu son étoile (a-jTOÛ vàv àaripa), l’étoile du roi des Juifs qu’ils viennent adorer. Le texte ne dit pas à quel signe ils l’ont reconnue, si ce signe a été le résultat d’une inspiration intérieure, ou s’il a consisté pour eux dans la conformité de l’apparition stellaire avec certaines données connues d’avance. D’après quelques Pères de l’Église, la prophétie de Balaam : « Une étoile se lèvera de Jacob, » Num., xxiv, 17, aurait été connue en Orient et interprétée dans un sens littéral ; les mages auraient vu dans l’étoile de l’Epiphanie cette étoile prophétique. Origène, Contra Cels., i, 60, t. xi, col. 769-771 (et la note 78) ; Pseudo-Basile, Homilia iii, sanctam Christ i générât., 5, t. xxxi, col. 1464 ; S. Ambroise, In Luc, ii, 48, t. xv, col. 1570. Cette interprétation littérale ne peut pas être admise. L’étoile des mages ne sort pas de Jacob, mais elle apparaît en Orient et conduit à Jacob, au Messie, son descendant. — Saint Augustin, Serm. ca, in Epiph. 3, t. xxxviii, col. 1031, et saint Léon, Serm. xxxiv, in Epiph. iv, 3, t. liv, col. 245, supposent une illumination intérieure avertissant les mages en même temps que l’étoile apparaît. Toujours est-il que les mages parlent en hommes convaincus que l’étoile qu’ils ont vue est son étoile. — 2° Ils ont vu l’étoile « en Orient », dans le pays d’où ils viennent, plus ou moins loin à l’est de Jérusalem. Ils savaient par les prophéties que le Messie devait naître en Judée ; il leur a donc suffi de voir apparaître l’étoile indicatrice pour se déterminer à partir. Le texte ne dit nullement que l’étoile les a accompagnés pendant cette première partie du voyage ; le verbe eïSojjlev, vidimus, est à un temps passé, l’aoriste, et suppose un phénomène qui a déjà cessé. Si d’ailleurs l’étoile avait continué à se montrer pendant le voyage et jusqu’à Jérusalem, les mages auraient pu la faire remarquer à Hérode. — 3° Renseignés

sur le lieu de naissance du Messie, les mages partent de Jérusalem ; « et. voici que l’étoile qu’ils avaient vue en Orient les précédait, jusqu’à ce qu’elle arrivât et s’arrêtât au-dessus de l’endroit où était l’enfant. En voyant l’étoile, ils furent remplis de la plus grande joie. » À la manière dont parle l’évangéliste, xal ! 80-J ô à<rrrjp, et ecce Stella, il est évident que la réapparition de l’étoile est inattendue. C’est l’étoile que les mages « avaient vue » en Orient, mais qu’ils n’avaient pas revue depuis leur départ. Sa réapparition les comble de joie, parce qu’elle est le signe qu’ils ne se sont pas trompés et que Dieu les conduit toujours. Cette nouvelle assurance détruit en eux la mauvaise impression qu’avaient pu produire l’ignorance, le trouble et les hésitations d’Hérode et de ses sujets. Par-dessus tout, l’étoile a ceci de remarquable, qu’elle marche devant les mages et s’arrête au-dessus de l’endroit où se trouve l’enfant.

II. Explication du phénomène. — 1° Pour les anciens, l’étoile des mages a été un astre miraculeux. Saint Ignace martyr, Ad Ephes., 19, t. v, col. 753, en dit ce qui suit : « Une étoile brilla dans le ciel avec une splendeur qui l’emporta sur toutes les autres étoiles ; sa lumière était indescriptible, et sa nouveauté frappa de stupeur. Tous les autres astres avec le soleil et la lune firent cortège à l’étoile, et celle-ci étendit sa lumière sur tout le reste. » Cette manière de parler est probablement figurée ; car, si l’étoile des mages avait eu cet éclat merveilleux, d’autres mages en auraient été frappés et les documents de l’époque en feraient mention. — 2° En 1603, l’astronome Kepler observa une conjonction de Jupiter et de Saturne au mois de décembre. Au printemps suivant, Mars se rapprocha des deux planètes précédentes, et à l’automne se montra au milieu de ces trois astres une étoile nouvelle de grand éclat. Kepler supposa que les choses avaient pu se passer de même à l’époque des mages. De fait, il reconnut qu’en l’an 747 de la fondation de Rome, Jupiter et Saturne s’étaient trouvés réunis dans la constellation des Poissons, où Mars était venu les rejoindre au commencement de l’année suivante. Cette conjonction dut attirer l’attention des mages, et une étoile, pareille à celle de 1604, put leur apparaître. « Cette étoile, écrit Kepler, ne faisait partie ni des comètes ordinaires ni des nouveaux astres, car elle fut l’objet d’un miracle particulier, qui la fit mouvoir dans la partie inférieure de l’air. Tant qu’elle parut se lever et se coucher comme les autres, elle attira l’attention des astronomes chaldéens par sa nouveauté, sans leur donner aucune indication particulière. Mais quand ils la virent descendre, s’avancer peu à peu vers l’occident et enfin y disparaître, les mages se décidèrent à la suivre, et, en se rappelant le chemin de l’étoile, ils vinrent en Judée. » Opéra omnia, Francfort, 1858, t. iv, p. 346. — 3° Sepp, La Vie de Noire-Seigneur Jésus-Christ, trad. Oh. Sainte-Foi, Paris, 1861, t. i, p. 92, prend plus à la lettre la conception de saint Ignace. D’après les tables astronomiques, il y a eu aux mois de mai, d’août et de décembre 747, une triple conjonction de Jupiter et de Saturne. « Cette triple conjonction a été accompagnée de l’apparition d’un corps lumineux extraordinaire, ayant un éclat semblable à celui des étoiles fixes, et ce corps lumineux était le résultat de cette constellation si remarquable. » De mars à mai 748, Mars, le soleil, Mercure et Vénus s’approchèrent assez des deux autres planètes pour constituer un ensemble extraordinaire et mystérieux. — 4° D’autres ont voulu reconnaître dans l’étoile des mages une comète, voir col. 876 ; une étoile temporaire, comme celles que purent observer Tycho-Brahé en 1572, Kepler en 1604, et d’autres astronomes depuis lors, etc. Cf. Fr. Miège, De Stella a mayis conspecta, dans le Thésaurus novus, t. ii, p. 118-122 ; Roth, De Stella a niagis conspecta, Mayence, 1865 ; Ideler, Handbuch der mathematischen und technischen Chronologie, Berlin, 1825, t. ii, p. 399.

— 5° Aucune de ces hypothèses ne répond complètement