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ÉTOILE DES MAGES — ÉTRANGER

O

aux exigences du texte évangélique. Cf. Knabenbauer, Evang. sec. Matthseum, Paris, 1892, p. 85-87. Nul des astres en question ne peut se prêter à la fois à ne paraître qu’en Orient pour disparaître ensuite jusqu’à Jérusalem ; à reparaître tout d’un coup à la sortie de Jérusalem et à suivre pendant plusieurs heures la direction du nord au sud, absolument contraire à toutes les règles astronomiques ; à se tenir assez près du sol pour pouvoir guider des voyageurs ; enfin à s’arrêter net au-dessus d’une maison de Bethléhem. — 6° Toutes ces conditions ont pu, au contraire, être remplies par un simple météore miraculeux suscité par Dieu pour la circonstance. Ce météore a-t-il été une réalité ou une simple apparence ? A-t-il été vu des mages seuls ou de beaucoup d’autres ? Il n’importe. Mais le miracle est indispensable pour rendre compte du récit évangélique. Comme rien n’oblige ici à chercher le surnaturel au delà du strict nécessaire, on doit abandonner l’idée de Kepler faisant mouvoir une vraie étoile dans la partie inférieure de l’air. Un simple météore, un astre qui n’avait de commun avec les autres que l’apparence, a du suffire. La puissance divine l’a conduit, en dehors de toutes les lois astronomiques, pour le faire paraître et disparaître à son gré, le pousser du nord au sud de Jérusalem à Bethléhem, l’abaisser assez pour guider des voyageurs sur une route, et enfin l’arrêter

au-dessus d’une maison.

H. Lesêtre.
    1. ÉTOUPE##

ÉTOUPE (hébreu : ne’drét ; Septante : <ttu7I71 ?ov ; Vulgate : stuppa), résidu qui jyovient du peignage du lin ou chanvre. Les brins de l’étoupe sont si courts, qu’on n’en peut faire de fil solide, et si légers, qu’ils flambent sitôt qu’on les approche du feu. — 1° Les liens avec lesquels on attachait Samson se brisaient sous son puissant effort aussi facilement qu’un fil d’étoupe au contact du feu. Jud., xvi, 9 ; cf. xv, 14. — 2° Isaïe, i, 31, annonce à son peuple coupable que sa force deviendra semblable à l’étoupe. — 3° Lorsque les trois compagnons de Daniel furent jetés dans la fournaise ardente par ordre de Nabuchodonosor, on entretenait la flamme en y jetant sans interruption des étoupes avec du naphte, de la poix et des menues branches. Dan., iii, 46. — 4° L’Ecclésiastique, xxi, 10, compare l’assemblée des pécheurs à un amas d’étoupe (cT-nJmreïov (ruvi, Y(tévov), destinée à périr par le

feu. (Cf. Mal., iv, 1.)

H. Lesêtre.
    1. ÉTRANGER##

ÉTRANGER (hébreu : gêr, par opposition à l’homme du pays, ’ézrâlj ; (ô’sâb, celui qui habite le pays sans y être né, Gen., xxiii, 4 ; zâr, l’étranger dans le sens hostile, Ps. cix (cvm), 11 ; Prov., vi, 1 ; Is., i, 2 ; xxv, 2, 5 ; Jer., li, 2, etc. ; Septante : itpoff^.uxo ; , l’étranger établi dans le pays ; Tripoixoç, àM.oyevfo ; Vulgate : advena, alienigtma, alienus, colonus, peregrinus), habitant de la Palestine qui n’est pas Hébreu de naissance. L’étranger proprement dit, qui n’est pas né en Palestine et qui n’y est pas régulièrement établi, s’appelle en hébreu nokrî.

I. Leur présence au milieu des Hébreux. — Dès le désert, une foule d’étrangers se joignent aux Hébreux fugitifs. Exod., xii, 19. Leur nombre est assez considérable pour que la loi mosaïque ait à s’occuper de régler leur sort. Dans la suite, plusieurs d’entre eux arrivent à occuper des situations importantes’en Palestine. L’Iduméen Doeg est le plus considérable des pasteurs de Saûl. 1 Reg., xxi, 2. Urie l’Héthéen est un des officiers de l’armée de David. II Reg., xi, 6. C’est Oman, le Jébuséen, qui vend à David l’emplacement sur lequel sera bâti le Temple. II Reg., xxiv, 18. Lorsque Salomon entreprend la construction de l’édifice, il fait le dénombrement des étrangers [proselyti) qui habitent sur la terre d’Israël, et il s’en trouve cent cinquante-trois mille six cents en état d’exécuter d’assez rudes travaux. Trois mille six cents d’entre eux sont choisis pour remplir les fonctions de contremaîtres, les cent cinquante mille autres tra vaillent sous leurs ordres. II Par., ii, 17, 18. Les étrangers étaient donc nombreux alors en Palestine, et le sort qu’on leur assurait, même à l’époque des corvées salomoniennes, leur paraissait préférable au séjour dans un autre pays. Il faut remarquer néanmoins que la plus grande partie de ces hommes soumis à la corvée n’étaient pas des étrangers venus d’ailleurs, mais les anciens habitants des pays assujettis par les Israélites.

II. Esprit de la législation a l’égard des étrangers. — De même que le Seigneur ordonne aux Hébreux de bien traiter l’esclave, parce qu’eux-mêmes ont été esclaves en Egypte, Deut., xvi, 12, ainsi il prescrit la bienveillance envers l’étranger, parce que les Hébreux ont été eux-mêmes étrangers en Egypte. Exod., xxii, 21 ; xxm, 9 ; Lev., xix, 34. Une reconnaissance spéciale est même ordonnée envers les Egyptiens, à cause du séjour que les Hébreux ont fait dans leur pays. Deut., xxiii, 7, 8. Il ne faut pas être désagréable à l’étranger, Exod., xxm, 9 ; les Hébreux doivent, au contraire, le traiter comme un indigène et l’aimer comme eux-mêmes. Lev., xix, 33, 34. Car le Seigneur lui-même aime l’étranger et lui donne nourriture et vêtement. Deut., x, 18-19. L’étranger est, en effet, un être faible et sans défense, et, dans bon nombre de textes où ses droits sont réglés, il est mis au même rang que la veuve et l’orphelin. Ces recommandations si bienveillantes sont rappelées dans la suite par les prophètes. On ne doit pas se montrer injuste envers l’étranger, .1er., vii, 6 ; Zach., vii, 10 ; cf. Ezech., xxii, 7 ; on doit le traiter comme l’indigène, Ezech., xlvii, 22 ; c’est le Seigneur qui le garde, Ps. cxlv, 9, et qui entre en jugement contre ses oppresseurs. Mal., iii, 5. La législation mosaïque contraste donc singulièrement, par l’esprit qui l’anime envers les étrangers, avec les coutumes en vigueur chez tous les autres peuples, au milieu desquels l’étranger apparaissait comme un être sans aucun droit et était traité en ennemi, sans nul recours possible contre l’injustice.

III. Droits des étrangers. — 1° Droits civils. — L’étranger a droit à l’égalité devant la justice. C’est là un point sur lequel la loi revient à plusieurs reprises. Lev., xxiv, 22 ; Num., xv, 15 ; Deut., i, 16 ; xxiv, 17 ; xxvii, 19. Les villes de refuge sont ouvertes à l’étranger comme à l’Hébreu, en cas de meurtre involontaire. Num., xxxv, 15. L’iduméen, frère de l’Hébreu, et l’Égyptien peuvent obtenir la naturalisation à la troisième génération. Deut., xxm, 7, 8. L’Ammonite et le Moabite ne peuvent l’obtenir, même après la dixième. Deut., xxiii, 3. Quant aux Chananéens, le mariage est interdit avec eux. Deut., vu, 3. L’étranger qu’on fait travailler a droit à son salaire le jour même. Deut., xxiv, 14, 15. Il peut se vendre comme esclave, Lev., xxv, 45 ; mais il peut aussi avoir des esclaves, même hébreux. Lev., xxv, 35, 47. Voir Esclaves. L’étranger a part aux fruits, grains, raisins, olives, qu’on laisse dans les champs après la récolte, Lev., xix, 20 ; xxiii, 22 ; Deut., xxiv, 19, 20 ; aux produits naturels de la terre pendant l’année sabbatique, Lev., xxv, 6 ; aux festins célébrés à l’occasion du payement des dîmes et des fêtes. Deut., xiv, 29 ; xvi, 11, 14 ; xxvi, 11 ; Tob., i, 7. Il peut manger la bête morte interdite à l’Hébreu. Deut., xiv, 21. Par contre, l’usure, ou plutôt l’intérêt prélevé sur le prêt, défendue vis-à-vis de l’Hébreu, est permise avec l’étranger

okri). Deut., xxiv,

19, 20. — 2° Droits et devoirs religieux. — L’étranger qui s’agrège au peuple hébreu par la circoncision est admis à manger la Pàque. Exod., xii, 48, 49. Voir Prosélyte. S’il n’accepte pas la circoncision, la participation à la Pàque et aux mets provenant des sacrifices lui est interdite. Exod., XII, 45 ; Lev., xxii, 10. L’étranger est soumis aux mêmes prescriptions que l’Hébreu en ce qui concerne la loi morale et la loi rituelle. Il lui est défendu de blasphémer, sous peine de lapidation, Lev., xxiv, 16 ; d’offrir ses enfants à Moloch, Lev., xx, 2 ; de se livrer à certains excès d’immoralité. Lev., xviii, 26. L’idolâtrie