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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/1101

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ËVÊQUE


Tubingue, 1887, p. 42) ; de saint Polycarpe, Phil., i, t. v, col. 1005.

2° Les Pères avaient très exactement remarqué la synonymie des mots episcopus et presbyter dans le Nouveau Testament. « In utraque Epistola (I Tim. et Tit.), sive episcopi sive presbyteri (quanquam apud veteres iidem episcopi et presbyteri fuerint, quia illud nomen dignitatis est, hoc setatis) jubentur monogami in clerum eligi, » dit saint Jérôme, Epist. lxix, ad Océan., 3, t. xxii, col. 656. « Idem est ergo presbyter qui et episcopus, » dit le même Père, In Tit., i, 5, t. xxvi, col. 562. Et ailleurs encore : « Nam cum Apostolus perspicue doceat eosdern esse presbyteros at episcopos… » Epist. cxlvi, ad Evang., 1, t. xxii, col. 1193. (Ces paroles sont reproduites à peu près littéralement dans le Corpus juris canonici, Décret. Grat., dist. xciii, c. 24, édit. Friedberg, 1879, t. i, col. 327. Voir aussi dist. xcv, c. 5, col. 332.) Voir encore Ambrosiaster, In Eph., iv, 11, t. xvii, col. 388 : « Primi presbyteri episcopi appel labantur. » Pseudo-Augustin, Quœst. V. et N. T., q. 101, t. xxxv, col. 2302 : « Presbyterum autem intelligi episcopum probat Paulus apostolus. » Saint Jean Chrysostome, Hom. i in Phil., 1,

t. LXII, COl. 183 : SuVETTLCTXOTIOtt ; … TOUÇ TipeaëuTépOUÇ O’JTtOÇ

èxàXE<T£… Ot TipeaëuTEpoi xb TraXaibv èxaXoOvTo etcÎctxo 3IOC… XGtl Ot ETUfTXOTIOl TTp£<rë’JT£pO[… ToTÊ yàp TEOJÇ EXOC vwvouv-coïç ovojioai, etc.Théodoret, In Phil., i, l, t.LXXXii, col. 560 : ’Eîudx^Trouç 8è toùç irpEdëuTÉpouç xaXeî - à[içd-Tgpa yàp £r/ov xcct* âxeïvov tov xaiûbv Ta ôvj[iaxa, et il cite les textes. Et In I Tim., iii, 1, t. LXxxii, col. 804 : ’Eretaxoitov 8è èvxaùôa tov itpeaëuTÉpov), éyei. On était donc d’accord dans l’Église latine et dans l’Église grecque sur ce point.

3° Dès le il » siècle, le langage devient plus précis. On appelle encore quelquefois, il est vrai, les évêques nptcrë’jTepoi ; mais on ne donne plus aux ministres d’un rang inférieur, aux simples prêtres, le titre d’t7u<rxo7roi. Ch. J. Ellicott, The Pastoral Epistles, 4= édit., 1869, p. 40. L’évêque est déjà le chef de la roipoixta, de la StoîxTiffi ; en tant que successeur des Apôtres ; les prêtres lui sont soumis comme les fidèles. Kraus, RealEncyklopàdie der christlichen Alterth’ùmer, t. i, 1882, p. 162. Dans les Épîtres de saint Ignace, martyrisé en 107, la distinction entre l’évêque, les prêtres et les diacres est nettement marquée, et désormais la distinction est parfaitement établie. « Il n’y a qu’un autel, écrit-il aux Philadelphiens, iv, t. v, col. 700, comme il n’y a qu’un seul évêque avec le presbytérium (les prêtres) et les diacres. »

  • Ev 6uacaoTT, piov w ; eîç È7u’axo7roç à’jjia xù> 7rpta6uTep{t[> xal

8 : « xôvoiç. Voir aussi Ephes., ii, iii, iv, xx ; Magn., iii, vi-vn, xm ; Trall., ii, vu ; Philadelph., vu ; Smyrn., vu, xm ; Polycarp., viii, t. v, col. 645, 647, 662, 664-665, 607, 672-673, 676, 681, 701, 713, 717, 724. Sa doctrine peut se résumer en ces termes : « Les fidèles… sont gouvernés par une hiérarchie à trois termes, les diacres, les presbytres, l’évêque. L’évêque est le chef unique [de l’Église particulière], aussi bien des fidèles que des diacres ou du presbytérium. » P. Batiffol, L’Église naissante, dans la Revue biblique, t. iv, 1895, p. 476. Cf. S. Augustin, De heer., 53, t. xlii, col. 60.

III. Origine de l’épiscopat proprement dit. — Saint Jérôme, dans un passage de son commentaire de l’Épitre à Tite (i, 5, t. xxvi, col. 562-563), reproduit tout au long dans le décret de Gratien, dist. xcv, c. 5, col. 332-333, explique en ces termes l’origine de la distinction de l’épiscopat et du simple sacerdoce : « Idem est presbyter qui et episcopus, et antequam diaboli instinctu, studia in religione fièrent, et diceretur in populis : Ego sum Pauli, ego Apollo, ego autem Cephm (I Cor., i, 12), communi presbyterorum consilio, Ecctesias gubernabantur. Postquam vero unusquisque eos quas baptizaverat suos putabat esse, non Christi, in toto orbe decretum est, ut unus de presbyteris electus superponeretur cœteris, … et schismatum semiua tollerentur… Sicut erço

1 presbyteri sciunt se ex Ecclesiae consuetudine ei qui sibi præpositus fuerit, esse subjectos ; ita episcopi noverint se magis consuetudine, quam dispositionis Dominicae veritate, presbyteris esse majores, et in commune debere Ecclesiam regere. » Nous avons cependant dans les Épîtres des preuves de la supériorité de l’évêque ou TCpîaé-jrepo ; principal et de l’infériorité du presbytérium formé par les icpeo-é’jTspoi, ses auxiliaires. Ainsi, Timothée parait avoir sous lui des ^psuê-JTepou I Tim., v, 17, 19. Dans l’Apocalypse, les Églises particulières ont des chefs que saint Jean appelle’&yyù.oç, Apoc, i, 20 ; ii, 1, 8, 12, 18 ; iii, 1, 7, 14, et ces ay-feXoi, malgré les manières diverses dont on a essayé d’expliquer ce titre, ne peuvent guère être que les évêques placés à leur tête, selon l’interprétation commune. Cf. Gal., iv, 14. Voir S. Épiphane, Hœr., xxv, 3, t. xli, col. 324, etc. Notre-Seigneur, en saint Luc, xxii, 26, avait déjà fait lui-même allusion aux chefs de son Église ; 6 ï]yoij[i£vo ; (cf. Hebr., xii, 7, 17, 24). Les Apôtres, tant qu’ils vécurent, furent naturellement les chefs incontestés des Églises particulières. Après leur mort, les évêques proprement dits héritèrent de leurs pouvoirs ; mais, déjà de leur temps, ils avaient institué des évêques et les avaient placés à la tête de quelques Églises déterminées. En effet, ce n’est pas seulement l’apôtre saint Jacques, « frère du Seigneur, » qui a le. gouvernement de ce que nous appelons aujourd’hui un diocèse, c’est-à-dire de l’Église de Jérusalem, cf. Act., xii, 17 ; xv, 13 ; xxi, 18 ; Gal., ii, 9 ; c’est Timothée qui est chargé de l’Église d’Éphèse, I Tim., i, 3 ; iii, 1-7 ; Tite, de celle de Crète, Tit., i, 5 ; les sept « anges » ou évêques non nommés, des sept Églises d’Asie Mineure. Apoc, i-m. Voir de Smedt, h’organisation des Églises chrétiennes, p. 307-308. — Timothée et Tite instituent et gouvernent des prêtres comme les évêques de nos jours. I Tim., iii, 1-7 ; , Tit., i, 5.

On objecte, il est vrai, que Timothée et Tite, de même que les évêques de l’Apocalypse, ont pu avoir à remplir à Éphèse, en Crète et en Asie Mineure de simples fonctions temporaires. De ce que saint Paul mande ses disciples auprès de lui, Il Tim., iv, 9, 13 ; Tit., iii, 12, on en conclut qu’il les rappelle et qu’ils n’étaient pas attachés pour toujours à ces pays. C’est là une assertion gratuite. La tradition, qui doit nous renseigner sur ce point, a entendu ces passages du Nouveau Testament dans le sens d’un épiscopat proprement dit. D’ailleurs personne ne peut nier, relativement à Jacques, « frère du Seigneur, » et à son successeur Siméon, également « frère du Seigneur », qu’ils ne fussent à la tête de l’Église de Jérusalem. Eusèbe, H. E., iii, 11, t. xx, col. 245. « C’est bien là, dit M. Duchesne, Les origines chrétiennes, 2e édit., in-4° (sans date), p. 56, l’épiscopat unitaire que nous trouverons plus tard partout, comme le degré suprême de la hiérarchie. » — « À Éphèse, dit Dœllinger (Le Christianisme et l’Église, trad. A. Bayle, in-12, Tournai, 18C3, p. 403-406), Timothée est établi dans une situation qui nous le montre en possession du pouvoir épiscopal proprement dit dans toute son étendue… La tradition ecclésiastique a toujours désigné Timothée comme le premier évêque d’Éphèse ; les évêques qui ont par la suite gouverné cette chrétienté sont appelés ses successeurs. Au concile de Chalcédoine, on compta vingtsept évêques qui s’étaient succédé à Éphèse à partir de Timothée. S. Chrysostome, In epist. ad Tim. ; Photius, Bibl. cod. 254 ; Conc. Chalc. ap. Labbe, iv, 699. » Toute l’histoire primitive de l’Église confirme l’origine apostolique de l’épiscopat proprement dit. Saint Clément de Rome, I Cor., 44, t. i, col. 297, mentionne « les règles qui ont été fixées par les Apôtres afin de pourvoir à leur succession, de manière qu’après leur mort d’autres hommes bien éprouvés fussent revêtus de leur charge ». Les faits établissent qu’on avait observé leurs prescriptions. Les listes d’évêques que nous ont conservées les plus anciens Pères, Héirésippe, dans Eusèbe, H. E., ii, 23 ; cf. ii, 1 ; iv, -22, t."xx, col. 196, 133,