Gen., iii, 12. La femme, de son côté, au lieu d’accepter volontiers sa légitime subordination, comme avant la chute, et d’y voir l’ordre établi de Dieu, obéira à contrecœur et restera avec peine sous la dépendance de son mari. S. Thomas, 2 a 2o, q. 164, a. 2, ad l" m. Ainsi cet abus de l’autorité chez l’homme, cette soumission contrainte de la femme, sont la conséquence du péché de l’un et de l’autre, et Dieu les montre à la femme comme un châtiment de sa révolte envers lui et de la faute dans laquelle elle a fait tomber l’homme'. Voir S. Augustin, De Civit. Dei, XIX, xiv et xv, t. xii, col. 643-644 ; S. Thomas,
I, q. 92, a. 1, ad 2o".
La Genèse ne nous dit pas combien de fois Eve connut ces douleurs de la maternité ; nous savons seulement qu’après avoir été chassée du paradis avec Adam, elle lui donna « des fils et des filles », Gen., v, 4 ; et nous connaissons le nom de trois de ces fils : Caïn, Abel et Seth. Nous savons aussi que la mort d’Abel, tué par Caïn, et l’exil du fratricide, maudit de Dieu et s’enfuyant loin de ses parents, Gen., iv, 11, 16, firent comprendre à notre première mère toute l'étendue de cette prédiction : « Tu enfanteras tes fils dans la douleur. » Gen., iii, 16. — Cependant le Seigneur avait prononcé devant elle, le jour même de sa faute, une parole bien capable de la consoler dans toutes ces peines. Il avait annoncé à Satan sa défaite complète par un rejeton de la femme. Gen., iii, 15. On ne saurait dire à quel degré Eve eut l’intelligence de cette prophétie ; mais elle en eut certainement une connaissance suffisante pour être assurée que sa faute serait un jour réparée. En dehors de la Genèse, on ne retrouve le nom d’Eve que dans Tob., viii, 8 ; II Cor., xi, 3 ; I Tim., ii, 13. — Pour les traditions relatives à la première femme, voir Adam, t. i, col. 178-181, et Lùken, Les traditions de l’humanité, Paris, 1862, t. i, p. 58, 85-189. E. Palis.
ÉVÊQUE. — I. Noms et emploi dans le Nouveau Testament. — 1o Les termes exprimant les fonctions ecclésiastiques ne furent pas tout d’abord rigoureusement fixés. Comme ils devaient s’appliquer à des dignités nouvelles, il fallut les désigner par des noms nouveaux. L’expression îepeûî, sacerdos, traduction de l’hébreu kûhên, « prêtre, » fut exclue, parce que chez les Juifs on ne pouvait être Upsii ? que si l’on descendait d’Aaron (JésusChrist seul est appelé Upeu ; , àp^iepeyç. Hebr., v, 6 ; vii,
II, 17 ; x, 21, etc. Les chrétiens en général reçoivent ce titre comme consacrés à Dieu, dans l’Apocalypse, i, 6 ; "V, 10 ; xx, 6). Cependant, conformément aux lois ordinaires du langage, on ne créa pas de mots de toutes pièces ; on emprunta les dénominations chrétiennes aux dénominations analogues déjà usitées chez les Juifs, et l’on se servit pour désigner les ministres de l'Église des expressions tirées de la Loi ancienne qui semblaient les mieux appropriées. Et comme il y avait alors deux langues en usage parmi les Juifs, l’araméen en Palestine et le grec en Egypte et dans l’empire romain, les uns empruntèrent à la première, les autres, à la seconde ; en plusieurs cas, on eut de la sorte deux désignations différentes pour exprimer une seule et même chose. C’est ainsi que ceux qui exerçaient les fonctions ecclésiastiques furent appelés tantôt irpeuëÛTEpo ; , presbyte)', et tantôt èniaxo-o ; , episcopus. Le terme npEffëutEpo ; , « ancien, » est d’origine sémitique, en ce sens qu’il est la traduction grecque de l’hébreu zâqên (et de l’araméen qasîSo'), mot que l’on rencontre si fréquemment dans l’Ancien Testament sous la forme plurielle zeqùnîm pour désigner les anciens du peuple, ses conseillers et ses chefs. Lev., iv, 15 ; Num., XVI, 25, etc. ; cf. Matth., xxi, 23, etc. 'En£ « jy.oiro : , d’où nous avons fait « évêque », est d’origine hellénique. — À Athènes, on appelait de ce nom des inspecteurs ou commissaires qu’on envoyait quelquefois dans les villes dépendantes afin d’y régler certaines affaires. Corpus inscriptionum atticarum, t. i, 9, 10, p. 7-8. Cf. W. Smith, À Dictionarij
of Greek and Roman antiquities, 3e édit., 1890, t. i, p. 750 (Oî nap' 'A6?|vaÎMV, dit Suidas, édit. Bernhardy, t. i, part. ii, col. 454, si ; ta ; ûnïixôoy ; tc6), eiç èïïktxétl/anôïiTa uap' èxàaroiç ireinrdjjiEVŒ èhiœxotioi… ExaXoOvro). Voir aussi Denys d’Halicarnasse, Antiq., ii, 76. Cf. Sap., I, 6 ; I Mach., i, 51 ; Josèphe, Ant.jud., Hll, v, 4 ; 1 Petr., H, 25.
2o L’emploi des deux expressions TvpEaë'JïEpo : et ètuVxoito ; par les Juifs hellénistes est, du reste, antérieure au christianisme. Les Septante rendirent en grec par le mot ÈTtia-xonoc l’hébreu mufqad, preepositus, II Par., xxxiv, 12 ; pâqîd, præpositus, Gen., xxxi, 34 ; Il Esdr.. xi, 9 ; pâqûd, princeps exercitus, Num., xxxi, 14 ; peqûd’th, super quos erit, Num., iv, 16, et ils traduisirent l’hébreu zeqênim par irpEuêuiEpoi, Num., xi, 16 ; Jer., xix, 1, et dans un grand nombre d’autres passages. Les Évangélistes, à leur tour, appelèrent aussi les anciens du peuple itpEaëÙTEpot. — Quand l'Église nouvelle fut établie, le mot npea-SOiEpo ; , concurremment avec le mot Èiu<jx<raoç, ne tarda pas à prendre une acception particulière, quoique un peu indéterminée à l’origine. On désigna par ces deux expressions les chefs que les Apôtres placèrent à la tête des fidèles. Nous trouvons les premiers irpEffg-Jtepot dans l’Eglise chrétienne de Jérusalem, où ils reçoivent les offrandes de Barnabe et de Saul. Act., xi, 30. Cf. xv, 2, 4. Ils prennent part avec les Apôtres au concile de Jérusalem. Act., xv, 6, 22-23 ; xvi, 4. Nous les voyons aussi, toujours dans la même ville, à côté de saint Jacques, lorsque saint Paul raconte à cet apôtre les conversions qu’il a faites parmi les Gentils. Act., xxi, 18. — L’auteur des Actes, xiv, 22, nous apprend que saint Paul instituait des TipEuëuTépoi dans les Eglises qu’il fondait. Cf. Act., xv, 2 ; xx, 17 ; xxi, 18. Dans son Épître à Tite, i, 5, il nous apprend lui-même qu’il a chargé son. disciple d’instituer pareillement des npecëu-ipoi dans les villes de l'île de Crète. Cf. I Tim., v, 17, 19. Saint Pierre mentionne ces presbyteri, I Petr., v, 1, 5 ; de même que saint Jacques. Jac, v, 14. Saint Jean prend ce titre, II Joa., i, 1 ; III Joa., i, 1, et saint Pierre se qualifie de <rj|J.7 : pe<7êOTEpos (Vulgate : consentir), en s’adressant aux irpEuëÙTEpoi. I Petr., v, 1.
Le mot È71î<7xo7to ; est moins fréquemment employé que celui deirpeoëÛTepo ; . Nous le rencontrons seulement Act., xx, 28 ; Phil., i, 1 ; ITim., iii, 2 ; Tit., i, 7 ; I Petr., ii, 25. La charge exprimée par ce mot est appelée ÊTciaxonrj (d’après la traduction des Septante de Ps. cviii, 8), Act., i, 20, et I Tim., iii, 1.
II. Synonymie primitive h’episcopus et de presbyter. — 1o Dans le Nouveau Testament et au Ier siècle, les deux termes èTiioxoTioç et irpsaS’itepo ; sont employés indistinctement l’un pour l’autre. C’est ce qui résulte de l'étude comparée des textes. Ainsi, Act., xx, 17, 28, les mêmes chefs de l'Église d'Èphèse sont appelés dans le premier passage npEdë-Jtepoi et dans le second éiuoxotkh. (La Vulgate a traduit peu exactement irpeirëuTipovic par majores natu, Act., xx, 17 ; il ne s’agit pas là de « vieillards », mais des chefs de l'Église.) Également dans les Épîtres pastorales la même personne est qualifiée tantôt de TcpeffëÙTEpoç, tantôt d'ÈmVxoTïo ; . Les ministres qui sont appelés itpeuê'JTîpot par saint Paul, Tit., i, 5, sont appelés ÈTiiimoTro ; Tit., i, 7. Les presbyteri de I Petr., v, 1-2 ; I Tim., v, 17, sont aussi des episcopi. Saint Pierre dit, I Petr., v, 2, qu’ils sont ÊTcJaxoîcoOvceî. Enfin jamais les episcopi et les presbyteri ne sont énumérés comme formant deux classes distinctes ; tandis que les episcopipresbyteri sont distingués expressément des diaconi, Phil., i, 1 ; I Tim., iii, 1-2, 8 ; cf. Doctrina xii Apostol., XV, 1, édit. Harnack, p. 56, èttktxoiio ; et Tzzfjê-j-zço ; sont toujours synonymes. Cette synonymie entre episcopus et presbyter se retrouve dans Clément de Rome, I Cor., 44, 57, t. i, col. 297-299, 324 ; cꝟ. 42, col. 292-293. On peut l’induire aussi de la Doctrine des douze Apôtres, xv, 1 (voir Funk, Doctr. xii Apost.,