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ÉZÉCHIEL — ÉZÉGHIEL (LE LIVRE D’)

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trophe arrivée, de publier la folie d’espérances qui ne veulent pas mourir. Mais, pour arracher ses concitoyens à la fascination des cultes chaldéens et au péril de croire que Dieu, leur Dieu, avait été vaincu par Bel ou Mérodach, il ouvre devant leurs yeux les éblouissantes perspectives de la formation d’un Israël nouveau, avec le Messie lui-même pour roi. Il en décrit, dans des images qui demeureront classiques, la ville, le culte, les rites, la terre où seront admis les étrangers, et l’histoire, que clora la victoire finale de Jéhovah sur le monde de ses ennemis. On pourrait presque dire que « les destinées du monothéisme furent remises toutes, pendant un temps, entre ses mains ». Meignan, Les prophètes d’Israël, Paris, 1892, p. 089. Telle fut en somme sa mission.

2. ÉZÉCHIEL (LE LIVRE D’). — I. CONTENU DU livre. — L’argument du livre est l’objet même de la mission du prophète. Il est tout entier dans ces deux phrases : que Jéhovah vengera la violation de l’alliance conclue autrefois, et qu’il en tiendra les promesses. — 1° Le prophète est envoyé pour dénoncer à Israël sa ruine, s’il ne se repent et ne cesse de pécher. Il a affaire à un peuple rebelle, à une race « irritante ». Il leur annoncera des malheurs. Sa mission sera très difficile, très ingrate ; mais la main de Dieu sera sur lui. Le sort de Jérusalem et du peuple est décrit par des symboles : la ville sera assiégée, prise, le peuple frappé, dispersé ; un petit reste seul échappera. Et ce châtiment s’exercera par la faim, la peste, le glaive et les bêtes sauvages. Il

Tombeau dit du prophète Ézéchiel, à Keffll (à une vingtaine de kilomètres au sud de Birs-Kimroud). D’après Loftus, Travels, p. 34.

Un mot cent fois répété par lui l’exprime heureusement : K Et ils sauront (vous saurez) que je suis Jéhovah. » Jéhovah (Jahvé) est le nom de Dieu en tant qu’il a fait alliance avec Israël. Il signifie « celui qui est », partant l’immuable, le fidèle. Il désigne donc la fidélité à l’alliance, aux menaces comme aux promesses. Ézéchiel a été suscité pour faire resplendir à ce double égard cette fidélité. Il est le prophète de la fidélité divine. Son action, action si extraordinaire, n’a pas été sans effet. Il n’a pas sans doute détourné le châtiment tant de fois prédit : sa mission ne le comportait pas ; mais du moins a-t-il ramené à Jéhovah pour toujours Israël abattu et humilié. Meignan, Les prophètes, p. 721. À dater de cette époque, l’idolâtrie décrut et cessa définitivement en Israël. On revint à la scrupuleuse observation des lois de Moïse, comme le prouvent : 1° les offrandes envoyées au Temple par les exilés, Bar., i, 6, 7, 10-13 ; 2° la belle prière qui se lit Bar., i, 15-111. 38, et 3° le fait que nul reproche d’idolâtrie n’est adressé aux Juifs rentrés de captivité par les trois derniers prophètes. Tel fut le rôle d’Ézéchiel, telle la manière dont il le remplit. Cf. Eccli., xlix, 10-11. R. Cornely, Introductio, ii, 2, p. 435-438.W. J. Schroder, Der Prophet Hesekiel, Bielefeld etLeipzig, 1878, p. 2, 3. Cf. A. Bertholet, Der Verfassungsentwurf des Hesekiel, Fribourg et Leipzig, 1896. E. Philippe.

sera comme un eu qui embraserait la forêt du sud, comme une vigne arrachée qu’on jetterait aux flammes. Ce sera le glaive de Nabuchodonosor : « Le glaive, le glaive est aiguisé, il est poli… ; c’est contre mon peuple qu’il est tiré, contre tous les princes qui fuient. » XXI, 9, 12. Nul ne pourra se soustraire à la peine. Toute intercession sera inutile. « L’âme qui aura péché sera celle qui mourra. » Aucun égard aux péchés des pères. Or ces péchés, cause de l’effroyable ruine, s’étendent à tout Israël. Radicalement c’est l’idolâtrie, dont l’universalité apparaît dans la vision du temple, viii, 1-18, la constance dans l’histoire souvent rappelée d’Israël, la hideur et la folie dans les allégories si réalistes d’Oolla et d’Ooliba. Cf. xvi ; xx, 5-41 ; xxm. L’injustice, la vaine confiance dans l’Egypte, le mensonge, tous les péchés se joignent à celui-là. Le mensonge est sur les lèvres des faux prophètes et des pseudo-prophétesses, qui dans leur optimisme trompeur paralysent l’œuvre du vrai prophète, xiii. Mais ce qu’il prédit arrivera, « la fin est venue. » — À ces prophéties sur Israël sont rattachés les Onera contre les nations, savoir : Ammon, Moab, Édom, le pays des Philistins, Tyr et Sidon et l’Egypte. Elles ont péché eontre Israël par envie et par jalousie, en applaudissant â la catastrophe dans laquelle son existence a péri ; elles vont éprouver la colère de Dieu, qui se sert