chez les Arabes qu’on se sert… de la fiente des vaches pour le cuire (le pain) ; les paysans s’en servent aussi et tous les villageois qui sont dans des lieux où il n’y a guère de bois prennent grand soin d’en faire leur provision. Les pelits enfants les ramassent toutes fraîches, et ils les appliquent contre les murailles pour les faire sécher. Ils en détachent la quantité dont ils ont besoin pour cuire du pain ou pour se chauffer. Elles brûlent peu à peu, et conservent longtemps un feu semblable à celui des mottes des tanneurs. On en fait de petites mottes qu’on laisse sécher au soleil. » De la Roque, Voyage dans la Palestine, Amsterdam, 1718, p. 193, 194. Il n’est pas nécessaire d’ailleurs d’aller jusqu’en Palestine pour constater cet usage. Rien de plus commun en certaines campagnes de France, en Bretagne, par exemple, que de voir des murs recouverts de bouses qui sèchent au soleil et qu’on utilisera ensuite pour alimenter le foyer du ménage. Ce genre de combustible, quand on l’employait pour cuire le pain, ne laissait pas de lui communiquer un goût particulier auquel les étrangers avaient quelque peine à s’accoutumer. Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 320.
— 4o Usages du feu. — On se sert du feu pour cuire les aliments, Exod., xii, 9 ; Lev., ii, 14, etc. ; pour se chauffer, Jer., xxxvi, 22 ; Marc, xiv, 54 ; Luc, xxii, 55 ; Joa., xviii, 18 ; pour fondre la cire, Ps. lxvii (lxviii), 3 ; Mich., i, 4 ; pour cuire les briques, Gen., ii, 3 ; Dan., iii, 6, 23, 93 ; pour fondre et raffiner les métaux, Exod., xxxii, 24 ; Job, xxiii, 10 ; Ps. xi, 7 ; Prov., xvii, 3 ; Eccli., n, 5 ; xxxi, 31 ; Jer., vi, 29, etc. ; pour faire disparaître la rouille, Jer., xxiv, 12 ; pour purifier les objets de métal ou de substance réfrætaire, Num., xxxi, 23 ; enfin pour anéantir toutes les choses physiquement ou légalement impures qu’il n’est pas permis de conserver. Exod., xii, 10 ; xxix, 34 ; Lev., iv, 12 ; xiii, 55, 57 ; xvi, 27 ; xix, 6 ; Deut., vii, 25 ; xii, 3 ; Jos., vii, 15, 25 ; xi, 6 ; IV Reg., xix, 18 ; I Mach., v, 28, 44, 68 ; Hebr., xiii, 11. Le feu consume tout et ne dit jamais : Assez. Prov., xxx, 16.
III. Le feu dans les sacrifices. — Le feu des sacrifices était alimenté avec du bois, et ce bois ne devait pas être coupé après le quinzième jour du mois de ab quillet-août), parce qu’alors le soleil n’avait plus assez de force pour le sécher complètement. Gem. Baba Bathra, 121, 2. Le feu servait pour brûler l’encens et les parfums employés dans le culte divin, Lev., x, 1 ; xvi, 13 ; Num., xvi, 7, 46, et pour consumer, totalement dans l’holocauste, partiellement dans les autres sacrifices, les victimes animales offertes au Seigneur. Lev., i, 7, 12, 17 ; m, 5 ; Num., xxviii, 24, etc. Voir Holocauste, Sacrifice. Le feu de l’autel devait brûler perpétuellement sans jamais s’éteindre. Lev., vi, 13. Cette permanence du feu devait signifier sans doute l’activité incessante qu’il fallait déployer au service du Seigneur toujours présent, de même que dans nos églises la lampe brûle sans cesse devant le saint Sacrement. Isaïe, xxxi, 9, semble faire allusion à ce feu perpétuel quand il dit que « Jéhovah a son feu dans Sion et son foyer dans Jérusalem ». Quand on déplaçait l’autel pendant les marches, on conservait le feu sacré dans un récipient et on l’entretenait avec soin. À la suite des premiers sacrifices offerts par Aaron et ses fils, qui avaient fait consumer par le feu plusieurs victimes, un feu miraculeux « sortit du Seigneur », c’est-à-dire du sanctuaire où il résidait au-dessus de l’arche, « et consuma sur l’autel l’holocauste et les graisses. » Lev., ix, 24. Au second livre des Machabées, ii, 10, il est dit que ce feu « descendit du ciel », ce qui revient à peu près au même et indique moins sa provenance locale que son origine divine. Cf. Jud., vi, 21. Les docteurs juifs ont prétendu que ce feu miraculeux avait servi depuis lors aux différents sacrifices, et qu’on l’avait conservé jusqu’à l’époque où Dieu le renouvela dans le Temple de Salomon. II Par., vii, 1. Ce nouveau feu se serait lui-même perpétué jusqu’à la ruine du Temple par les Chai déens. Aucun texte biblique n’appuie cette assertion. Il est même possible que le feu de l’autel se soit éteint de temps en temps, par accident, par négligence ou par toute autre cause. En tout cas, il était toujours expressément défendu de se servir du feu étranger dans les actes du culte. Deux fils d’Aaron, Nadab et Abiu, périrent pour avoir enfreint cette prescription. Lev., x, 1 ; xvi, 1 ; Num., iii, 4 ; xxvi, 61. Il est à croire en conséquence que, quand le feu sacré venait à s’éteindre, on ne le rallumait pas avec du feu profane, mais avec du feu obtenu à l’aide du briquet à bois ou à pierre, comme nous faisons pour le feu nouveau du samedi saint. Les docteurs juifs disent que le feu de l’autel était divisé en trois foyers, un pour les victimes, un autre pour les parfums, un troisième pour le feu sacré qui devait brûler perpétuellement et alimenter les deux autres. Siphra, fol. 59, 1 ; Yoma, 45, 1. Mais, suivant d’au’res, il y avait deux foyers, ou même quatre. Yoma, IV, 6. Reland, Antiquit. sacrse, Utrecht, 1741, I, iv, 8 ; ix, 10, p. 16, 55. — À la prière d’Elie, un sacrifice fut consommé sur le mont Carmel par le feu du ciel, en face des prêtres de Baal impuissants. III Reg., xviii, 38. — L’auteur du second livre des Machabées, ii, 4-7, raconte, d’après un écrit qui ne nous est pas parvenu, qu’au moment de la prise de Jérusalem par les Chaldéens, Jérémie réussit à emporter la tente sacrée, l’arche d’alliance et l’autel des parfums, et qu’il les cacha dans une caverne de la montagne d’où Moïse avait aperçu la Terre Promise. En même temps, des prêtres qui avaient pris du feu de l’autel le cachèrent dans une vallée, au fond d’un puits profond et desséché, par conséquent dans un endroit différent de la caverne où se trouvait l’autel des parfums. Au retour de la captivité, Néhémie envoya les fils des prêtres qui avaient caché le feu pour le rechercher. Ils ne trouvèrent dans le puits qu’une eau épaisse, avec laquelle Néhémie fit asperger les sacrifices, et, quand le soleil se dégagea des nuages, le feu prit de lui-même. II Mach., i, 19-22. A l’époque des Machabées, on célébrait encore en mémoire de cet événement une fête appelée « jour du feu ». II Mach., i, 18. Cf. Buxtorf, Hist. ignis sacri, Bâle, 1659. IV. Les ravages du feu. — 1o La loi ne prévoit qu’un seul cas d’incendie : « Si le feu éclate et rencontre des épines, et atteint ensuite des meules de gerbes ou des moissons sur pied dans les champs, celui qui a allumé le feu payera le dommage. » Exod., xxii, 6. L’incendie est supposé mis involontairement aux haies d’épines qui entourent les champs. L’imprudent aurait dû surveiller son feu. La même règle était vraisemblablement suivie dans les autres cas d’incendie. — 2o La Sainte Ecriture parle des ravages exercés par le feu sur les récoltes, quand Samson incendie les moissons des Philistins à l’aide de chacals traînant à la queue des torches enflammées, Jud., xv, 4, 5, voir t. ii, col. 477 ; quand les gens d’Absalom mettent le feu au champ d’orge de Joab, II Reg., xiv, 30 ; — sur les herbes du désert et les arbres des champs, Joël, i, 19, 20 ; — dans les marais dont les joncs desséchés sont la proie des flammes, Jer., li, 32 ; Sap., iii, 7 ; — dans les forêts, Jud., ix, 15, 20 ; Ps. lxxxii (lxxxiii), 15 ; Jer., xxii, 7 ; Jacob., iii, 5 ; — sur les maisons et les tentes, Job, xv, 34 ; — sur les bourgades et les villes, Jos., xi, 11 ; Jud., i, 8 ; ix, 20, 49 ; xviii, 27 : idrpû bà’ês, « ils brûlèrent avec le feu, » même expression que celle qui revient souvent dans les inscriptions assyriennes : i-na i-sa-a-ti as-ru-up, Schrader, Die Keilinschriften und das A. T., Giessen, 1872, p. 86, 15 ; Jud., xx, 38-40 ; I Reg., xxxi, 1 ; III Reg., ix, 16 ; IV Reg., vin, 12 ; Is., i, 7, etc. ; Am., i, 4, 7, 10, 12 ; — sur Jérusalem et le Temple, IV Reg., xxv, 9 ; II Esdr., i, 3 ; ii, 13 ; Ps. lxxin (lxxiv], 7 ; Jer., xvii, 27 ; xxi, 10 ; xxxiv, 2 ; xlix, 27, etc. ; Bar., i, 2 ; Ezech., xx, 47, etc. ; — sur les temples et les lieux souillés par les idoles. Jer., xliii, 12 ; Bar., vi, 54 ; I Mach., v, 41 ; xi, 4, etc. — 3o Dans sa seconde Épître, iii, 10-12, saint Pierre prédit qu’ « au jour