rieure pour recevoir le bâtonnet dont le frottement doit produire le feu ; à mi-hauteur s’enroule la corde, fixée aux extrémités d’un bâton formant angle ou arc ; la partie supérieure de la tige verticale est effilée, de manière à pouvoir être recouverte d’une sorte de manchon de bois, tout à fait semblable à un dé à coudre, de telle façon que la main qui appuiera sur l’appareil n’ait pas à souffrir du mouvement de rotation. Des morceaux de bois présentent encore de nombreux trous carbonisés, indiquant l’usage auquel ils ont servi. Cf. Flinders Pétrie, Jllahun, Kahun and Gurob, 1891, pi. vu. M. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, 1895, t. i, p. 319, assure avoir rencontré plusieurs de ces appareils à Thèbes, dans les ruines de la ville antique. Le bâton à feu était également en usage chez les Chaldéens. Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 747.
— On obtenait encore du feu au moyen des pierres. Quand Judas Machabée fut rentré en possession du Temple de Jérusalem, il rétablit l’autel et les prêtres recommencèrent les sacrifices, irjptouaMTEç X160v ; xa’t mip èx totItwv Xaêâixti, de ignitis lapidibus igné concepto, « en tirant du feu des pierres à feu. » II Mach., x, 3. On sait qu’on fait jaillir des étincelles par la percussion réciproque de deux silex, ou d’un silex avec du fer ou du pyrite de fer. Les parcelles de silex ou de métal détachées et échauffées par le choc forment des étincelles qui persistent pendant un temps appréciable. Les hommes de l’âge de la pierre ou du silex taillé se sont aperçus rapidement de la ressource qu’ils avaient ainsi entre les mains. Les couteaux de pierre, fort employés par les Égyptiens, servirent chez les Hébreux pour la circoncision dès les premiers temps. Cf. Circoncision, col. 775. On dut certainement chercher à utiliser les étincelles produites par le choc des silex. Ces étincelles communiquent facilement le feu à certaines matières, à la partie fongueuse et desséchée de deux champignons assez communs, l’agaric du chêne ou polyporus ignarius, appelé aussi amadouvier, et la vesse-de-loup ou hjcoperdon, à l’écorce du cèdre éraillée et desséchée, à des feuilles sèches, à des fibres végétales carbonisées au préalable. Isaïe, i, 31, parle précisément de l’étoupe et de l’étincelle qui brûlent ensemble, l’une sans doute allumée par l’autre. Cf. Jud., xv, 14. Voir Étoupe, col. 2039. Des chiffons de coton ou de lin carbonisés pouvaient encore parfaitement servir d’amadou. Peut-être la « mèche qui fume encore » et que Notre -Seigneur ne veut pas éteindre, Matth., xii, 20, a-telle servi à recueillir les étincelles sur sa partie carbonisée. Saint Jérôme, Ep. cxxi, ad Algas., 2, t. xxii, col. 1012, dit de cette mèche que « Notre -Seigneur ne ]’a ni éteinte ni réduite en cendre, mais qu’au contraire de la petite étincelle presque mourante il a suscité de grands incendies ». — Le plus souvent, on se contentait de produire du feu au moyen de charbons ardents conservés d’un feu précédent. C’est ainsi du reste que procèdent encore certaines tribus australiennes qui, dit-on, ne savent pas le faire elles-mêmes et l’empruntent aux tribus voisines comme don ou comme article de commerce. Dans leurs voyages, ces sauvages conservent le feu en enflammant le cône terminal d’un arbre du pays, la banksia latifolia. Ce cône brûle comme l’amadou. Cf. sur les origines du feu dans l’humanité D. Wilson, Prehistoric man, Londres, 1862, p. 86-137 ; N. Joly, L’homme avant les métaux, Paris, 1888, p. 173-182. Chez les Hébreux, on obtenait le feu plus souvent avec des charbons conservés qu’avec le briquet à bois ou à pierre. Ainsi, quand Abraham va pour immoler son fils Isaac, av^nt de gravir la montagne du sacrifice, il porte c dans sa main le feu et le couteau ». Gen., xxii, 6. Le feu est naturellement contenu dans un récipient. Il y a dans la langue hébraïque un verbe, hâtâh, qu’on employait spécialement pour dire << emporter du feu ». Is., xxx, 14 ; Prov., ti, 27 ; xxv, 22. On l’emportait dans un Itérés, <’tesson d’argile. » Is., xxx, 14. On se servait aussi
pour enlever les charbons du feu, les emporter et faire brûler des parfums, d’un instrument en métal appelé mahtâh, de hâtâh, ïrvpeïov, ÔVjiiSTïjpiov, ÈTtafs’Jff-^p, thuribulum, ignium receptacidum, emunctorium, qui servait au sanctuaire. Exod., xxvii, 3 ; xxxvii, 3 ; Lev., x, 1 ; xvi, 12 ; Num., iv, 9, 14. Voir Encensoir, col. 1775. Salomon en fit faire en or pour le service du Temple. III Reg., vii, 50 ; IV Reg., xxv, 15. Plusieurs locutions bibliques font allusion à la manière dont on allumait le feu à l’aide de charbons conservés. Quand la femme de Thécué vient réciter son apologue à David, elle demande qu’on ne mette pas à mort le dernier héritier qui lui reste pour perpétuer la famille, et qu’elle appelle le gahélét, le dernier morceau de charbon allume au moyen duquel elle pourra faire du feu. II Reg., xiv, 17. Voir Charbons ardents, col. 582. La comparaison n’aurait évidemment plus de sens si la femme pouvait allumer son feu aussi aisément à l’aide du briquet. Le simple tison, ’ûd, SaXô ; , titio, c’est-à-dire le morceau de bois noirci par le feu et encore fumant, mais non carbonisé, n’est bon à rien. Am., iv, 11 ; Zach., m, 2. Quand le roi de Syrie et celui d’Israël se liguent ensemble pour venir assiéger Jérusalem, Isaïe, vii, 4, les appelle « deux bouts de tisons fumants » qui ne sont pas à craindre, parce qu’ils sont incapables de rallumer le feu. Au contraire, la moindre étincelle, le plus petit morceau de charbon encore enflammé suffisait pour allumer le feu. « Avec une seule étincelle, le feu grandit. « Eccli., xi, 34. Mais il faut souffler sur elle ; si on crachait, ou l’éteindrait. Eccli., xxviii, 14. Il y a d’abord de la fumée, puis le feu prend. Eccli., xxii, 30. Isaïe, liv, 16, parle aussi de l’ouvrier qui souftle le feu pour le faire prendre et l’activer.— Pour éteindre le feu, on se servait de l’eau. Eccli., iii, 33. Il n’est pas question de vase clos pour l’étouffer.
II. Le feu dans les usages domestiques. — 1° Sa nécessité. — « Ce qui est de première nécessité pour la vie de l’homme, c’est l’eau, le feu, etc. » Eccli., xxxix, 31. Dans un autre passage du même livre, xxix, 28, l’auteur sacré mentionne seulement l’eau, le pain, le vêtement, la maison. À la rigueur, on pourrait se passer de feu dans un pays chaud ; encore en est-il besoin pour cuire le pain. Cf. Cicéron, De amicit., 6. Chez les Romains, interdire à quelqu’un l’eau et le feu, c’était le mettre au ban de la société. Cicéron, Philip., i, 9. — 2° Son interdiction. — La loi porte cette défense : « Vous n’allumerez pas de feu, dans aucune de vos demeures, le jour du sabbat. » Exod., xxxv, 3. Cette loi n’est formulée qu’une seule fois. Comme nous l’avons vii, il fallait un certain travail pour se procurer du feu. La loi visait donc le travail plutôt que le feu lui-même. Cf. Num., xv, 32. On ne pouvait probablement pas non plus entretenir le feu déjà allumé. Cette défense ne présentait pas grande difficulté dans un pays comme la Palestine, où le principal repas se fait au soleil couché, par conséquent au commencement du jour légal. Le souper du sabbat se préparait durant les dernières heures du vendredi, celui du lendemain soir dès la première heure qui suivait la clôture du sabbat. Josèphe, Bell, jud., Il, viii, 9. — 3° Le combustible. — On brûlait la paille et toute espèce d’herbes desséchées, pour allumer le feu, Is., v, 21 ; Joël, ii, 5 ; Matth., iii, 12 ; xiii, 40 ; Luc, iii, 17 ; les ronces, les épines, les broussailles de toutes sortes, Is., xxxiii, 12 ; Ps. cxvii (cxviii), 12 ; Act., xxvin, 3 ; le bois coupé et desséché et le bois mort, III Reg., xvii, 12 ; Prov., xxvi, 20, 21 ; Eccli., viii, 4 ; Is., xxx, 33 ; Matth., iii, 10 ; Luc, iii, 9 ; Joa., xv, G ; « les enfants ramassent du bois et les pères allument le feu, » Jer., vii, 18 ; le charbon conservé d’un feu précédent et éteint dans l’eau, voir t. n. col. 582 ; enfin les bouses des animaux que l’on recueillait, que l’on faisait sécher au soleil, et qui formaient, dans bien des endroits, le seul combustible qu’on put se procurer. Ezech., IV, 12, 15. Voir Excul.ue.nis, col. 2135. « Ce n’est pas seulement