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FLEURY — FLOT


p. xxxi-xlv. —. Voir A. Martin, L’abbé Fleury, 2 in-18, Paris, 1844 ; cf. Hurter, Nomenclator litterarius, t. n

(1893), col. 1130.

B. Heurtebize.

FLEUVE. — I. Noms. — 1° Le terme hébreu qui désigne d’une façon spéciale les fleuves ou les cours d’eau permanents est nâhâr, d’une racine qui veut dire « couler ». Il a son correspondant exact dans les langues sémitiques, en particulier dans l’arabe nahr. Les Septante l’ont rendu par Tioiaiiô ; , et la Vulgate le traduit indistinctement par flumen ou fluvius, exceptionnellement par amnis, comme Gen., xxxi, 21 ; I Par., i, 48. Ce mot distingue ainsi le « fleuve » du « torrent » ou rivière temporaire, en hébreu nahal, en grec -/sfiiappo ; , en latin. torrens ou rivus. Voir Torrent. La Vulgate a cependant mis, Eccle., i, 7, flumina pour nefrâlîm ; Prov., viii, 26, pour hûsôt, « les campagnes, » et Ps. lxiv (hébreu, lxv), 10, flumen pour pélég, qui indique ou un petit ruisseau ou un canal. — Le mot nâhâr s’emploie : — 1. dans un sens général, principalement dans les livres poétiques, par exemple : Job, xiv, 11 ; xx, 17 ; xxii, 16 ; xxviii, 1 1 ; xl, 23 ; Ps. xlv (hébreu, xlvi), 5 ; xcn (xcin), 3 ; xcvn (xcvm), 8 ; Cant., viii, 7.-2. Suivi d’un nom de contrée, il en désigne le ou les fleuves, par exemple : nehar Gôzân, « le fleuve de Gozan, » ou le Habor, IV Reg., xvii, 6 ; nahârê KûS, « les fleuves de l’Ethiopie, » Is., xviii, 1 ; Soph., iii, 10 ; nahârôf Bàbél, « les fleuves de Babylone, » c’est-à-dire l’Euphrate et ses canaux, Ps. cxxxvi (hébreu, cxxxvil), 1 ; nahârôf Darnméség, « les fleuves de Damas, » ou l’Abana et le Pharphar. IV Reg., v, 12. — 3. Avec l’article, hannâhâr, il indique « le fleuve » par excellence ou le fleuve de l’est, c’est-à-dire l’Euphrate, Gen., xxxi, 21 ; Exod., xxiii, 31 ; Jos., xxiv, % 3, 14, 16 ; en sorte que l’expression’êbér han-nâhâr, ou’âbar nahârâh, « au delà du ileuve, » qu’on rencontre assez souvent dans I Esdras, iv, 10, 11, 16, 17, 20 ; v, 3, 6, etc., dénote ordinairement les provinces situées à l’ouest de l’Euphrate. Quelquefois cependant le nom propre est ajouté, han-nâhâr Ferât, 1 Par., v, 9, ou bien nâhâr est déterminé par l’épithète de « grand », han-nâhâr hag-gâdôl nehar Ferât, « le grand ileuve, le fleuve Euphrate. » Gen., xv, 18. D’après le contexte néanmoins, dans Isaïe, xix, 5, « le fleuve » dont il est question est bien le Nil.

2° Quand il s’agit de ce dernier, le texte hébreu emploie un nom spécial, qui est égyptien, c’est ye’ôr, avec l’article, ha-ye’ôr. Gen., xli, 1, 3, 17 ; Exod., i, 22 ; vii, 20, 21, 25 ; Is., six, 8 ; Jer., xlvi, 8, etc. On désignait en Egypte par iar, iar-a, iaro, « le fleuve » par excellence, celui qui fait la richesse et la beauté de cette terre. Le pluriel ye’orîm, Exod., vii, 19 ; viii, 5, etc., s’applique aux canaux du Nil. La Vulgate n’a pas rendu cette particularité, mais elle a mis flumen ou fluvius, quelquefois amnis, comme Gen., xli, 3, 18, ou rivus. Am., viii, 8. Le Nil est aussi appelé Sihôr ou « le fleuve noir ». Is., xxiii, 3 ; Jer., ii, 18. Il est probable que dans Josué, xin, 3, le même mot se rapporte plutôt au « torrent d’Egypte » ou Ouadi el-AHsch. Voir Nil, Chîhôr, col. 702.

3° Le Jourdain a aussi son nom spécial, Yardên, avec l’article hay -Yardên, auquel la Vulgate ajoute souvent celui de fluvius. Jos., vii, 7 ; xiii, 23 ; xv, 5 ; xxii, 25.

4° Pour parler des différentes parties d’un ileuve, le langage oriental a imaginé plusieurs expressions dont voici les principales : — 1. Yâd ou « main » désigne « le bord » du Jourdain, Num., xiii, 29 ; du Jaboc, Deut., n, 37 ; de l’Arnon (d’après l’hébreu). Jud., xi, 26. — 2. Sâfâh, « lèvre, » s’applique à « la rive » du Nil, Gen., xli, 3, 17 ; Exod., ii, 3 ; vii, 15 ; de l’Arnon. Deut., ii, 36 ; iv, 48 ; Jos., xii, 2. — 3. Gedôt, de gâdâh, a couper, » est un pluriel qui indique également les rives du Jourdain. Jos., iii, 15 ; iv, 18 ; I Par., xii, 15. — 4. Qâsê en détermine « l’extrémité ». Jos., xv, 5 ; xviii, 19. — 5. ila’eberôt, de’âbar, « passer, » en marque « les gués ».

Jos., ii, 7 ; Jud., iii, 28 ; Xli, 5, 6. — Cf. Stanley, Sinai and Palestine, in-8°, Londres, 1806, p. 501-505.

IL Les fleuves bibliques. — Les fleuves mentionnés dans la Bible sont peu nombreux.

1° On trouve d’abord les quatre grands fleuves du Paradis terrestre :

1. Le Phison (hébreu : Pîsôn ; Septante : <luawv). Gen., ii, 11.

2. Le Géhon (hébreu : Gîhôn ; Septante : Tecov). Gen., il, 13.

3. Le Tigre (hébreu : Hiddéqél ; Septante : Tfypiç). Gen., ii, 14 ; Dan., x, 4.

4. L’Euphrate (hébreu : Ferât ; Septante : E-jqppâ-rïi ; ). Gen., ii, 14.

2° Avec ces deux derniers, on nomme dans l’Assyrie et la Chaldée :

5. Le Chobar (col. 709). Ezech., i, 13 ; iii, 15, 23 ; x, 15, 20 ; xliii, 3.

6. L’Ahava (t. i, col. 290). 1 Esdr., viii, 21, 31.

7. Le Habor (hébreu : Ifâbôr ; Septante : ’A6(ip), fleuve de Gozan. IV Reg., xvii, 6 ; xviii, 11 ; I Par., v, 26.

8. Le Sodi (SoûS). Bar., i, 4.

3° Dans la Syrie :

9. L’Abana (t. i, col. 13). IV Reg., v, 12.

10. Le Pharphar (hébreu : Far far ; Septante : <J> « p<pœp). IV Reg., v, 12.

4° Dans l’Egypte : — 11. Le Nil.

5° Dans la Phénicie : — 12. L’Éleuthère (col. 1664). I Mach., xii, 30.

6° Dans la Palestine : — 13. Le Jourdain.

Quant aux fleuves appelés dans la Vulgate Bohoboth, Gen., xxxvi, 37 ; Élhan, Ps. i.xxm (hébreu, lxxiv), 15, et Dioryx, Eccli., xxiv, 41, voir Rohoboth, Éthan 4, (col. 2004), Dioryx, col. 1438.

Le Jourdain est, on le voit, le seul fleuve mentionné dans la Palestine ; c’est, en effet, avec le Nahr el-Qasitniyéh ou Léontès, qui la borde au nord, le seul qui mérite ce nom. La Terre Sainte ne connaît point, comme nos contrées, les grands cours d’eau qui coulent, abondants et majestueux, au sein de nos campagnes ou au milieu de nos villes. Les rivières qui descendent des deux côtés de la montagne ne trouvent pas un aliment suffisant dans les sources ou les pluies du ciel. Impétueuses en hiver, elles se dessèchent en été, et, dans la partie inférieure de leur cours, ne portent à la mer qu’un faible tribut. Pour l’importance des grands fleuves d’Assyrie, de Syrie et d’Egypte, voir les articles qui concernent

chacun d’eux.

A. Legendre.

FLORE DE LA BIBLE. Voir 1. 1, Botanique sacrée, col. 1867 ; Arbres, col. 888, et, t. iii, Herbacés (Végétaux).

FLOT (hébreu : misbârîm, de sâbar, » briser ; » gallim, de gâlal, « rouler ; « Septante : x’J(i.aTa ; Vulgate : fluctus), lame d’eau soulevée sur la mer ou sur les lacs par l’action du vent ou par le flux et le reflux de la marée.

I. Au sens littéral. — 1° Dieu a créé les flots de la mer et sa Sagesse éternelle existait avant eux. Prov., vm, 24 ; Eccli., xxiv, 8. C’est lui qui les soulève, les amoncelle et les fait mugir. Ps. xxxii, 7 ; lxxvi, 17 ; xcn, 4 ; cvi, 25 ; Is., li, 15 ; Jer., xxxi, 35. Il a marqué une limite que les flots de la mer ne peuvent dépasser. Job, xxxviii, 11 ; Jer., v, 22. Quand les flots sont en furie, il les apaise à son gré. Ps. lxiv, 8 ; cvi, 29 ; Matth., vm, 26 ; Marc, iv, 39 ; Luc, viii, 24. C’est par suite d’un orgueil insensé que l’homme s’imagine pouvoir leur commander. II Mach., ix, 8. — 2° Au passage de la mer Rouge, les flots se sont séparés et se sont tenus immobiles, laissant aux Hébreux une route pareille à celle du désert. Exod., xv, 5, 8 ; Ps. cv, 9 ; Is., lxiii, 13 ; Sap., xiv, 3. — 3° Jouas est plongé dans les flots et y adresse