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FOUR — FOURMI


L’argile du malbên n’est autre chose que la masse d’argile délayée et pétrie dont l’ouvrier prenait une certaine quantité pour remplir le moule à briques. Sur cette opération et sur le moule, voir t. i, col. 1932. Sur le registre supérieur de la planche coloriée, on aperçoit deux esclaves qui prennent à deux tas d’argile, et deux autres qui ont le moule en main. — 3. Dans Nahum, iii, 14, l’approche des ennemis est annoncée, et Ninive est invitée à réparer ses fortifications : « Entre dans la boue, foule l’argile, rétablis le malbên, » Septante : niivSoç, « la brique ; » Vulgate : subigens tene laterem, « baisse-toi pour prendre la brique. » — Gomme on le voit, dans aucun de ces trois passages les versions n’ont fait du malbên un four à briques. Le malbên est le premier instrument dont on se sert après avoir pétri le tas d’argile, par conséquent le moule dont on ne se passait jamais, tandis que très souvent l’on se dispensait de cuire la brique dans un four. Cf. A. Condamin, Notes critiques, dans la Revue biblique, Paris, 1898, p. 253-258.

V. Le four à poterie. — Les vases d’argile ne pouvaient servir qu’après avoir passé par le four. Voir Potier. « Le four épreuve les vases du potier. » Eecli., xxvri, 6. C’est seulement quand ils sortent du four qu’on peut juger de la forme, de la beauté, de la solidité des vases. Aussi, quand le potier s tourné son vase et l’a bien verni, « il ne songe qu’à nettoyer son four, » Eccli., xxxviii, 34, pour empêcher les restes de charbon ou les débris de terre cuite de déformer son œuvre.

H. Lesêtre.
    1. FOURBE##

FOURBE (hébreu : kîlay et kêlay, de nâkal, « agir frauduleusement ; s’îqqêS, de’dqaS, « contourner ; » Septante : Sôiioç, izn’trfiàz, a%oioç, arptêXaç ; Vulgate : dolosus, fraudulentus), celui qui use de fourberie dans ses rapports avec le prochain. — Le fourbe est comparé à un rasoir effilé. Ps. li, 4. Moïse reproche à son peuple d’être devenu fourbe par sa faute. Deut., xxxii, 5. Malheur au fourbe, Eccli., ii, 14 ; il sera perdu. Ps. liv, 24. Car Dieu le déteste, Ps. v, 7, le maudit, Mal., i, 14, l’exclut de son royaume, Is., xxxii, 5, 7, et se conduit en fourbe avec lui, c’est-à-dire le traite comme lui-même traite Dieu et le prochain. Ps. xvii, 27. — Il faut donc s’écarter de lui, Eccli., i, 36, et demander à Dieu d’en être délivré. Ps. xui, 1. — Saint Jacques, I, 8 ; iv, 8, appelle le fourbe Ô ! i’j-/o ; , duplex animo, et l’engage à se corriger. — La « langue fourbe » désigne le fourbe lui-même. Ps. xi, 3 ; cxix, 2, etc. H. Lesêthe.

    1. FOURBERIE##

FOURBERIE (hébreu : hàlaqlâq, de hâlaq, « diviser, » Dan., xi, 21, 34 ; nûkél, de nâkal, « agir frauduleusement, » Num., xxv, 18 ; ’armâh, de’âram, « être rusé, » Exod., xxi, 4 ; Jos., ix, 4 ; remiyydh et mirmàh, de rdmâh, « tromper ; » farmît et farmûf ; Septante : 6>. ! <79t ; (131, 5° ).iôt » i ; , SôXoç, lisvrôo ; , piSio’jpyia ; Vulgate : dolus, fallacia, fraudulentia), disposition à tromper le prochain en abusant de sa confiance. La fourberie diffère de la fraude, qui trompe pour réaliser un gain illicite, et de la ruse, qui cherche à tromper quelqu’un dont le devoir est de se tenir sur la défiance, par exemple un ennemi. Voir Fraude et Ruse. La fourberie s’exerce contre tous, même contre les amis. — 1° Les auteurs Sacrés constatent la fourberie dans la conduite des fils de Jacob vis-à-vis de Sichem et de Hémor, Gen., xxxiv, 13 ; chez les Madianites à l’égard des Israélites, Num., xxv, 18 ; chez les Gabaonites qui trompent Josué pour avoir la vie sauve, Jos., ix, 4 ; . chez les méchants en général, Ps. x, 7 ; xxxvii, 17 ; Prov., xii, 5, 17, 20 ; xiv, 8 ; xxvi, 24 ; Eccli., i, 40 ; xix, 23 ; Marc, vii, 22 ; chez les puissants et les faux prophètes de Jérusalem, Ps. liv, 12 ; Mich., vi, 12 ; Jer., viii, 5 ; xiv, 14 ; xxiii, 26 ; chez les pharisiens, Luc, xx, 23 ; chez le mage Élymas, Act., xiii, 10, etc. — 2° La fourberie mérite la mort quand on s’en sert pour faire périr son semblable. Exod., xxi, 14. Elle est maudite de Dieu, Ps. cxviii, 118, incompatible

avec la sagesse, Eccli., xv, 17, et une cause de ruine pour les grands. Eccli., x, 8. — 3° Heureux celui qui est étranger à la fourberie. Ps. xxxi, 2 ; cxix, 2, 3. Elle est ignorée du juste, Ps. xxiii, 4 ; xxxi, 2 ; de Xathanaël, Joa., i, 47 ; de Jésus-Christ. I Petr., ii, 22. — 4° Dieu ne la souffrira pas dans son peuple régénéré. Soph., iii, 13. Le chrétien doit donc s’en défaire avec soin. I Petr., ii, 1, 2.

H. Lesêtre.
    1. FOURCHETTE POUR LE SACRIFICE##

FOURCHETTE POUR LE SACRIFICE (hébreu, mazelêg ; Septante : y.pïïypa ; Vulgate : fuscinula), instrument à plusieurs dents, destiné à piquer les morceaux de la chair des animaux offerts en sacrifice. La fourchette est nommée plusieurs fois parmi les instruments dont se servaient les prêtres dans les sacrifices. Dieu ordonna de fabriquer des fourchettes d’airain pour servir aux sacrifices offerts sur l’autel des holocaustes. Exod., xxvii, 3 ; xxviii, 3. David donna à Salomon le modèle de celles qui devaient servir au Temple de Jérusalem. I Par., xviii, 17 ; II Par., iv, 16. Parmi les abus que commettaient les fils du grand prêtre Héli, la Sainte Écriture signale le suivant. Quand on offrait un sacrifice, leur serviteur venait avec une fourchette à trois dents, qu’il tenait à la main ; il piquait dans la chaudière ou dans la marmite, et tout ce que la fourchette amenait, le prêlre le prenait pour lui. I Reg. ( Sam.), ii, 13, 14. Dans III ( I) Reg., vu, 50, et dans IV (II) Reg., xii, 13 (hébreu, 14), la Vulgate traduit par fuscinulx le mot hébreu mezammerot, que les Septante rendent par r, ), ot, « clous ». Les monuments égyptiens et assyriens ne nous donnent aucun renseignement sur cet instrument. Nous savons, au contraire, qu’il était usité chez les Grecs. Eustathe, In Iliad., I, 463, p. 145, 40, nous apprend que les Grecs se servaient de fourchettes à trois dents, et que celles des Cyméens éoliens en avaient cinq. Un vase du Musée de Berlin représente Médée rajeunissant par la cuisson, en présence d’une fille de Pelée, un bélier haché en morceaux. Médée tient de la main gauche une fourchette à cinq dents. Furtwængler, Beschreibung der Berliner Yasensammlung, p. 510, n° 2188. Homère, Iliad., i, 463 ; Odys., iii, 4C0, appelle cette fourchette tie[j.$çoXov. Cn a trouvé un grand nombre de ces fourchettes dans les fouilles faites dans les nécropoles étrusques. W. Helbig, L’épopée homérique, trad, franc., in-8°, Paris, 1894, p. 454-460. Ces fourchettes sont en bronze et à plus de trois dents. Cf. J. Martha, L’art étrusque, in-4°, Paris.

Les fourchettes de table n’étaient pas connues des anciens, et l’usage en est relativement récent. Il s’introduisit en Italie vers la fin du xv B siècle, et passa de là en France au xvi". J. Beckmann, History of Inventions, trad. W. Johnston, 4e édit., 2 in- 12, Londres, 1846, t. ii, p. 411-412. E. Beuhlier.

    1. FOURMI##

FOURMI (hébreu : nemâldh, et collectivement nemâlîm ; Septante : (lûpn^ ; Vulgate : formica).

I. Histoire naturelle. — La fourmi est un insecte hyménoptère, ayant la tête triangulaire, le corps svelle porté sur de longues jambes, l’abdomen ovulaire et réuni au thorax par un pédoncule fort court. La tête est munie de fortes mandibules, qui servent à la fois d’armes et d’outils, et d’antennes coudées après le premier article. Les yeux sont gros et saillants chez les mâles, plus faibles chez les autres. Les pattes sont au nombre de six, les deux postérieures plus longues que celles de devant. Les fourmis se divisent en mâles, femelles et neutres. Les mâles etles femelles sont pourvus de quatre ailes assez grandes, mais inégales et veinées. Les neutres, plus trapues et plus petites que les mâles et surtout que les femelles, sont des ouvrières ( fig. 693). Les fourmis vivent en sociétés très nombreuses et remarquablement ordonnées. Aux ouvrières incombe tout le travail nécessaire à la vie de la société : construction du nid, soin des larves, recherche des approvisionnements et enfin stratégie défensive et offensive. — 1° Les nids de fourmis ou fourmilières