Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/1210

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
2344
2342
FOURMI


varient beaucoup quant à la forme et aux matériaux employés. Ils sont énormes, proportionnellement à la taille de l’insecte. Ils se composent de galeries souterraines, formant dévastes labyrinthes, avec réduits disposés par étages, corridors de toutes sortes, et une excavation plus vaste où se tiennent la plupart des fourmis. La terre enlevée aux galeries est rejetée au dehors et forme, avec les débris apportés de tous les alentours, un monticule qui sert de toit au nid tout entier. Dans ce monticule sont percées des ouvertures pour l’entrée et la sortie. À l’approche de la nuit, les ouvrières barricadent ces issues avec soin, pour ne les dégager que le lendemain matin, sauf les jours où la pluie tombe. — 2° Les larves, une fois pondues, sortent de leur coquille au bout de quinze jours et commencent leur transformation. Aux premiers rayons du soleil, les ouvrières les montent au sommet de la fourmilière pour les réchauffer, les placent ensuite dans des loges peu profondes et les y nourrissent des sucs qu’elles ont recueillis. Au bout

1. Fourmi mâ’.e

[[File: [Image à insérer] |300px]]
693. — La fourmi.

— 2. Fourmi femelle. — 3.

Fourmi ouvrière.

d’un certain temps, les larves se filent une coque soyeuse, dans laquelle elles passent à l’état de nymphes. Quand leur transformation est terminée, les ouvrières percent la coque, en débarrassent les jeunes fourmis, et nourrissent celles-ci jusqu’à ce qu’elles soient capables de sortir. — 3° La nourriture des fourmis se compose de viande fraîche ou corrompue, d’insectes dont elles réussissent à se saisir et de toutes les matières sucrées qu’elles peuvent rencontrer soit dans les végétaux, soit chez les animaux. Elles s’emparent même des pucerons, insectes de la famille des aphidiens, qui se nourrissent de la sève des végétaux et sécrètent un suc particulier dans une poche de leur abdomen. Elles les gardent soigneusement, comme un troupeau qu’elles vont traire de temps à autre. Elles mettent également à contribution la cochenille et un petit coléoptère appelé clavigère. Les fourmis savent du reste déployer mille industries pour amener au nid les proies qu’elles ont trouvées. Les chemins qu’elles tracent à travers la campagne vont parfois très loin. On y voit les fourmis s’y hâter à l’aller et au retour, s’avertir les unes les autres à l’aide de leurs antennes, rapporter avec un courage étonnant des fardeaux très lourds ou très embarrassants, et s’entr’aider mutuellement. Tout d’ailleurs se passe avec le plus grand ordre. L’une d’entre elles est-elle blessée, fatiguée par sa charge, les autres accourent pour la panser, la soulager, et au besoin la transporter à la fourmilière. Les mâles et les femelles sont cantonnés dans le nid et nourris libéralement par

les ouvrières. Vers la fin de l’été, les fourmis pourvues d’ailes s’envolent dans les airs pour la fécondation ; puis les mâles périssent, les femelles reviennent à la fourmilière, où on leur coupe les ailes, et où elles sont surveillées, étroitement gardées et entourées des soins les plus délicats jusqu’à l’époque de la ponte. Au moindre danger, les ouvrières les saisissent et les transportent en lieu sûr. — 4° Les fourmis ont beaucoup d’ennemis. À la première alerte, elles s’avertissent mutuellement, se rassemblent contre l’agresseur, cherchent à le mettre en fuite et s’efforcent au moins de sauver les larves, espoir de la colonie. Parfois l’attaque vient des habitantes d’une autre fourmilière ; les nymphes et les larves d’ouvrières sont l’enjeu de la bataille. Si la tribu agressive est la plus forte, elle les ravit et les emporte dans sa propre fourmilière, où les captives, même d’une espèce différente, s’accommodent aisément de leur sort et travaillent ensuite pour le compte de la colonie victorieuse. Les naturalistes qui ont observé les mœurs des fourmis relatent mille traits surprenants, qui tendent à montrer l’ingéniosité, l’activité, le courage, l’instinct merveilleux de ces petits insectes et l’étroite union qui règne entre les membres d’une même fourmilière. La fourmi du genre Alla se trouve abondamment en Palestine. On y rencontre aussi le genre Formica, qui n’a pas d’aiguillon, et le genre Myrmica, avec aiguillon. La fourmi formica est bien connue dans nos contrées. La myrmice creuse ses galeries de préférence dans les vieux arbres et cause des piqûres assez vives. On compte en Palestine plus d’une douzaine d’espèces de fourmis, de mœurs, de couleur et de taille différentes. Cf. Latreille, Histoire naturelle des fourmis, Paris, 1802 ; P. Huber, Histoire des mœurs des fourmis, 1810 ; Lespès, Les fourmis, dans la Revue des cours scientifiques, Paris, 1866, p. 257-265.

IL Les fourmis d’après la Bible. — 1° Au livre des Proverbes, xxx, 24, 25, il est dit :

Il y a sur terre quatre petits êtres, Mais qui sont sages entre tous :

Les fourmis, peuple faible,

Préparent leur nourriture en été.

Les trois autres animaux pourvus de sagesse sont les lapins, les sauterelles et les lézards. La sagesse à un degré peu commun est donc attribuée aux fourmis. Tout ce que nous avons dit de leurs mœurs justifie cet éloge. La grandeur de leurs entreprises paraît plus saillante encore quand on la compare à leur petitesse et à leur faiblesse. Le Sage donne comme exemple de la sagesse, chez les fourmis, le soin qu’elles ont de ramasser leurs provisions durant l’été. — 2° L’éloge de la fourmi est plus circonstancié dans cet autre passage des Proverbes, l, 6-8 :

Va a la fourmi, paresseux,

Observe ses mœurs et deviens sage.

Elle n’a point de chef,

Point d’inspecteur ni de maiu’e,

Mais elle prépare sa nourriture en été

Et amasse ses aliments pendant la moisson.

La fourmi est représentée comme travaillant sans chefs. Ces insectes, en effet, n’ont d’autre guide que leur instinct. Aucun d’eux n’exerce d’autorité dans la fourmilière. On a même remarqué que, quand une armée de fourmis se met en mouvement pour une expédition, celles qui marchent en tête de la colonne se replient tour à tour sur les derniers rangs, de telle façon que celles qui paraissent diriger la marche ne la dirigent nullement et changent à chaque instant. Dans les deux passages, l’écrivain sacré dit que la fourmi amasse des provisions pendant l’été ou pendant la moisson, ce qui est la même chose. Voir Été, col. 1990. Ces provisions sont destinées naturellement à être consommées pendant l’hiver. Le même fait a été remarqué par d’autres auteurs, qui ont également signalé cette prévoyance de la fourmi. Horace,