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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/1249

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FUNÉRAILLES


dans le Rituel des funérailles. E. Schiaparelli, Il libro dei funerali, Turin, 1882, p. 28-53. Pendant ce temps, la femme du défunt, comme dans la figure 702, embrasse une dernière fois la momie et témoigne son inconsolable douleur. Le groupe des pleureuses se tient derrière les prêtres et fait entendre des lamentations et des cris déchirants. Enfin, les cérémonies achevées, deux hommes saisissent la momie et la descendent dans le puits funéraire, avec les amulettes protectrices, les provisions destinées à la nourriture, les objets variés à l’usage du kha ou double dans sa vie souterraine, apportés par le cortège. Car le défunt continue une existence obscure, analogue à son existence antérieure, avec les mêmes besoins, les mêmes goûts et les mêmes plaisirs que sur la terre. La figure 705 reproduit en deux scènes : A, la procession funèbre ; B, les adieux à la porte de la tombe. En même temps que les peintures nous décrivent les scènes des funérailles, les hiéroglyphes nous permettent d’entendre, pour ainsi dire, les lamentations des parents ou des pleureuses, comme celle-ci :

louable, va en paix !

S’il plaît au dieu, quand viendra le jour de l’éternité,

Nous te verrons,

Car voici que tu vas vers la terre qui mêle les hommes.

Ou encore :

Plaintes ! plaintes !

Faites, faites, faites,

Faites les lamentations sans cesse

Aussi haut que vous le pouvez !

voyageur excellent, qui chemines vers la terre d’éternité,

Tu nous as été arraché ! Etc.

On trouve les formules les plus variées.

Les derniers rites accomplis et le mort enfermé dans ç on tombeau, les parents et les amis qui l’avaient accompagné à sa dernière demeure se réunissaient dans une des chambres supérieures ou sur l’esplanade de l’hypogée et prenaient un repas en l’honneur du mort, auquel du reste il était censé assister sur le siège d’honneur laissé vide. Des chants, de la musique et des danses étaient l’accomplissement de ce banquet funèbre : l’écriture et la peinture qui décore les tombeaux nous ont conservé ces hymnes et ces scènes. Le repas achevé, chacun se dispersait, pour revenir aux anniversaires et à certains jours fixes.

Telles étaient les cérémonies des funérailles d’après les tombeaux de la xviiie dynastie et des époques postérieures. Pour l’ancien empire, les tombes ne nous ont rien conservé de complet ; il ne reste que des éléments épars, qui permettent cependant de reconstituer assez bien l’ensemble du cérémonial suivi. Un papyrus de Berlin, d’ailleurs, nous en donne une brève mais suffisante description : « Tu as songé au jour de l’ensevelissement. Te voilà arrivé à l’état de béatitude, tu as passé la nuit dans les huiles (de l’embaumement), on t’a donné les bandelettes par les mains de la déesse Tait. On a suivi ton convoi au jour de l’enterrement, gaine d’or, tête peinte en bleu, un baldaquin par-dessus toi, fait en bois de masgat. Des bœufs te traînent, des pleureuses sont devant toi, et on fait des plaintes ; des femmes accroupies sont à la porte de ta syringe, et on t’adresse des appels… On tue (des victimes) à la bouche de ton puits funéraire, et tes stèles sont dressées en pierre blanche parmi celles des enfants royaux. Tout le monde frappe la terre et se lamente sur ton corps tandis que tu vas à la tombe. » Le Papyrus de Berlin n" i, transcrit, traduit et commenté par G. Maspero, dans les Mélanges d’archéologie égyptienne et assyrienne, 1877, t. iii, p. 157-158.

Lorsque Jacob mourut, il reçut tous les honneurs qu’on rendait aux grands personnages en Egypte. Après les soixante-dix jours consacrés à l’embaumement et au deuil dans la maison du défunt, le corps du patriarche fut conduit à Hébron, dans la caverne de Macpélah, sé pulture d’Abraham et d’Isaac ses pères. Les serviteurs du pharaon et les principaux de la terre d’Egypte accompagnèrent Joseph et ses frères, dit le texte sacré. Gen., L, 7-8. Arrivés à l’aire d’Atad, située au-delà du Jourdain, « ils se lamentèrent là, en se frappant, d’une lamentation très grande et très profonde ; et il fit à son père un deuil de sept jours, » *. 10, si bien que les Chananéens témoins de ce spectacle se dirent : Voilà un grand deuil parmi les Égyptiens, ꝟ. 11. Ils avaient été frappés de la procession funèbre et des cérémonies du deuil et de la mise au tombeau, qui durent s’accomplir en grande partie d’après les rites de l’Egypte. F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., 1896, t. ii, p. 195 ; G. Maspero, Études égyptiennes, t. i, 2e fasc, Étude sur quelques peintures et sur quelques textes relatifs aux funérailles, in-8°, Paris, 1881 ; Lectures historiques, ch. viii, Les funérailles, in-12, Paris, 1892 ; Fr. Lenormant, Histoire ancienne de l’Orient, in-4°, t. iii, 1883, p. 236 à 256 ; Feydeau, Usages funèbres des peuples anciens, t. i, p. 95-132 ; E. Schiaparelli, Il libro dei funerali degli antichi Egiziani, in-4°, Turin, 1882. Voir les représentations des funérailles dans Rosellini, Monumenti civili, t. ii, pi. xxx, xxxv, xxxvi, texte p. 128-131.

II. En Assyrie et en Chaldée. — Nous sommes loin d’être aussi bien renseignés pour l’Assyrie et la Chaldée que pour l’Egypte au sujet du mode de sépulture et des cérémonies funèbres. Les sculpteurs de Ninive ou de Babylone n’en ont jamais reproduit les scènes dans leurs palais, tandis que les Égyptiens les ont peintes à profusion dans leurs hypogées. Chose singulière, aucune nécropole assyrienne même n’a été découverte malgré toutes les recherches : aussi c’est encore un problème de savoir ce que les Assyriens faisaient de leurs morts. D’autre part, la basse Chaldée est pleine de cimetières. « De Niffer à Mughéir, dit Loftus, Travels and researches, p. 198-199, chaque monticule est une nécropole où les cadavres ont été ensevelis et amoncelés pendant de longs siècles. Ces amas de cercueils sont trop énormes pour les villes auprès desquelles on les trouve. » « Il est difficile de donner une idée juste de l’aspect de la nécropole de Warka, tant sont nombreux les lits de cercueils les uns sur les autres ; eux-mêmes les caveaux de la Thèbes d’Egypte ne renferment point, réunis en un seul point, de telles multitudes de morts. Depuis la fondation par Urkam jusqu’au moment où les Parthes finirent par l’abandonner, Warka paraît avoir été une sorte de cimetière sacré, un campo santo, » p. 199. Aussi ce voyageur émet-il l’hypothèse que les Assyriens, qui se savaient originaires de Chaldée, faisaient transporter leurs corps dans cette région, la patrie de leurs ancêtres, la terre sacrée où le repos était meilleur. On n’aurait enseveli dans le sol de l’Assyrie que les pauvres et les esclaves ; et pour eux il suffisait du premier trou venu, sans épitaphe ni mobilier funéraire. Tous ceux, au contraire, qui avaient le moyen de faire transporter leurs corps (et cela était facile en descendant le cours du Tigre ou de l’Euphrate) auraient voulu reposer dans la terre sainte de la basse Chaldée, comme les Persans aujourd’hui encore, de quelque province éloignée qu’ils soient, se font transporter à Nedjef et à Kerbela, voyage plus difficile cependant que le transport par eau, peu dispendieux et rapide. Cette hypothèse a grande chance d’être vraie ; toutefois jusqu’ici les textes ne l’ont pas encore vérifiée.

Si les Assyro - Chaldéens avaient à transporter au loin les corps de leurs défunts, ils devaient veiller à ce qu’ils n’entrassent pas en décomposition. Aussi avaient-ils la pratique de l’embaumement, bien que leurs procédés ne fussent pas aussi parfaits qu’en Egypte. D’après Hérodote, i, 198, les Babyloniens « mettent les morts dans le miel, et leurs lamentations funèbres ressemblent beaucoup à celles des Egyptiens ». Nous n’en savons pas davantage sur la cérémonie des funérailles. Cependant une plaque de bronze ciselée, donnée dans la Revue archéologique,