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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/18

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CADES

6-8. — 2° D’après Num., xx, 16, Cadès était « à l’extrême limite » d’Edom. Or l’Arabah fermait ce pays à l’occident. Donc Cadès devait être dans l’Arabah, ou au moins toucher l’ouadi, comme Aïn el-Oueibéh. — 3° Àin el-Oueibéh offre un théâtre naturel pour les événements racontés par la Bible. « Là, dit Robinson, Biblical Researches, t. ii, p. 175, toutes ces scènes étaient devant nos yeux. Là est la source, jusqu'à ce jour la plus fréquentée de l’Arabah. Au nord-ouest est la montagne par laquelle les Israélites avaient essayé de monter vers la Palestine et d’où ils avaient été repoussés. Num., xiv, 40-45 ; Deut., i, 41-46. En face de nous s'étend le pays d'Édom ; nous sommes à son extrême frontière, et là, directement devant nos regards, s’ouvre le grand ouadi el-Ghoueir, offrant un passage facile à travers la montagne vers le plateau supérieur. Plus loin, du côté du sud, le mont Hor projette son sommet remarquable, à la distance de deux bonnes journées de marche pour une telle multitude. La petite fontaine et-Taiyibéh, située au fond de la passe Er-Rubd’ij, peut alors avoir été ou les puits de Benéjaacan ou Moséroth des stations d’Israël. Num., xxxiii, 30, 31, 37. » — 4° La frontière méridionale de Juda, qui touchait le « territoire d’Edom et le désert de Sin », conduit assez directement à Aïn el Oueibéh après « la montée du Scorpion », que plusieurs auteurs placent au sud de la Sebkah, ou de la plaine marécageuse faisant suite à la mer Morte. Voir Acrabim, t. i, col. 151.

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5. — Ouadi Qadis. D’après F. W. Holland, dans le Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, 1884, p. 9. L’ouadi Qadis est à l’extrémité, a gauche ; le commencement du Djebel Méraifig est a droite ; la croupe qui s'étend de la droite jusque vers le milieu du paysage est le Djebel Aneigah.

Cette opinion a été admise, à la suite de Robinson, par un certain nombre de voyageurs et de savants, entre autres parle duc de Luynes, Voyage d’exploration à la mer Morte, t. i, p. 303-310, et J. L. Porter, dans Kitto, Cyclopædia of Biblical Literature, 1862-1866, t. ii, p. 703-705. Elle est loin cependant d'être exempte de difficultés ; voici les objections qu’elle soulève : 1° La marche de Chodorlahomor, telle qu’elle est décrite Gen., xiv, 6-8, nous montre que ce roi ne gagna pas directement la Pentapole ; mais qu’il fît un détour vers l’ouest, par le pays des Amalécites et des Amorrhéens, pour venir frapper Engaddi. Sa direction ne fut donc pas en ligne droite vers le nord, par l’Arabah. Il dut éviter les passes difficiles qui, comme le Naqb es-Safa, se trouvent au sud-ouest de la mer Morte, pour se rapprocher de la route d’Égypte en Palestine. Cadès, la plus importante oasis qu’il rencontra de ce côté, devait donc être plus à l’ouest qu’Aïn el-Oueibéh. — 2° Moïse, Gen., xvi, 14 ; xx, 1, pour déterminer l’emplacement du puits d’Agar et les pérégrinations d’Abraham dans la terre du midi, prend Cadès comme point de repère. Pouvait-il vraiment l’aller chercher si loin vers l’est, à une telle distance de la route d’Égypte ? — 3° Pour venir du Sinaï à Cadès, les Israélites traversèrent « le grand et terrible désert » de Pharan, Deut., i, 19 ; ce qui indique le désert de Tih et non pas l’Arabah. Palmer, The desert of the Exodus, 2 in-8°, Cambridge, 1871, t. ii, p. 353, combat la théorie de Robinson au point de vue stratégique. En venant s'établir à Aïn el-Ouéibéh, dans le voisinage des défilés de Sufah et de Fiqréh, les Hébreux, dit-il, se seraient enfermés comme dans un cul-de-sac, entre les sujets du roi d’Arad, les Amorrhéens, les Iduméens, les Moabites, tandis que, auprès d’Ain Qadis (plus à l’ouest), ils n’avaient autour d’eux que le désert, et aucun peuple redoutable par derrière. Un bon général comme Moïse n’aurait pas choisi une si mauvaise position pour un camp si important. — 4° Le site proposé ne répond pas complètement aux données de la Bible : on n’y voit aucun rocher (has-sélaʿ) qui rappelle celui devant lequel Moïse rassembla le peuple pour en faire jaillir l’eau si ardemment souhaitée, Num., xx, 7-11, aucun emplacement approprié à une ville ; on n’y rencontre aucun nom qui puisse être rapproché de Cadès. — 5' Enfin le tracé de la limite méridionale place Cadès au sud-ouest de la mer Morte bien plutôt qu’au sud, comme Aïn el-Oueibéh.

Aussi propose-t-on un autre site qui semble plus conforme à l’ensemble des détails que nous avons relevés d’après l'Écriture. En 1842, un voyageur, J. Rowland, de Queen’s College, à Cambridge, signalait à soixante-dix kilomètres à l’ouest d’Ain el-Oueibéh une fontaine dont le nom arabe, prononcé Qadis ou Qoudeis, quelquefois Gadis, rappelle exactement celui de Cadès (hébreu : Qâdêš). Cette découverte et les raisons de l’identification, publiées d’abord dans Williams, The Holy City, Londres, 1845, Appendix, furent le point de départ de nombreuses discussions parmi les savants en Allemagne, en Angleterre, en Amérique. Cet endroit important fut depuis visité par plusieurs voyageurs : en février 1870, par E. H. Palmer, The Désert of the Exodus, t. ii, p. 349-353 ;