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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/183

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CATAPULTE — CATARACTES DU CIEL


fois employée par Denys de Syracuse, au siège de Motye. Diodore de Sicile, xiv, 42, 50 ; Élien, Variée histor., VI, 12. C’est de Sicile qu’elle vint dans la Grèce propre. Plutarque, -Apophtheg. Lacon., p. 219. La première mention qu’on en trouve en Grèce est dans une inscription attique, entre 356 et 348 avant J.-G. Corptis Inscript, attic., t. ii, 61, 1. 37. Dès lors ces machines furent usitées dans tous les sièges, et nous savons qu’à Athènes l’exercice de la catapulte faisait partie de l’instruction militaire des éphèbes. Corpus inscript, attic, t. ii, 465, 467, 469, 470. — Les Carthaginois se servaient des catapultes, et les Romains, quand ils s’emparèrent de Garthagène, y trouvèrent cent vingt grandes catapultes et deux cent quatre-vingt-une

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108. — Catapulte. D’après Droyeen,

ITeerwesen und Kriegfiihrung der Griechen, p. 1 96.

petites, Tite Live, xxvi, 47, 5 ; mais ce n’est qu’assez tard qu’ils on comprirent l’utilité. Nous savons, en effet, qu’au moment où il fit le siège de Marseille, César était moins bien pourvu de machines que les Massaliotes, De bell. civ., ii, 2, 5, et, après Pharsale, il fit venir des engins de Grèce et d’Asie pour assiéger Alexandrie. Bell. Alexandr., 1, 1.

Il est assez difficile de distinguer entre elles les différentes machines de guerre des auciens. La plupart des textes semblent cependant établir la distinction entre la catapulte et la baliste (voir Baliste), par ce fait que la première servait à lancer des traits, la seconde des pierres. Diodore de Sicile, xvi, 74, donne, en effet, aux xa-aiti ).T « i l’épithète d’èÇuëeXeîc ; Polybe, v, 99, 7, distingue les xotTaitÛTiç xotl TrexpoëoXixà ô’pyava, et les inscriptions attiques parlent des (U).t) xotxarciix&v, Corpus inscript, attic., t. ii, 807, 808. De même en est-il pour les Romains. Tacite, Annal., xii, 56 ; Aulu Gelle, vil, 3, 1 ; Vitruve, x, 15. Josèphe, Bell, jud., V, VI, 2 et 3, distingue aussi parmi les machines dont se servirent les Romains au siège de Jérusalem, sous Titus, xouc ôÇuéeXEÏç xa’i xaxa7té).Taç xal xàç).’.806é).oui ; (jn^oe/â ; . De là l’expression de Plaute, Curcul., iii, 5, 11 : Ex te hodie faciam pilum catapultarium. Cependant catapulte est le terme le plus général, car il est question de boulets et de pierres lancés par les catapultes, Appien, Bell. Mithrid., 34 ; César, Bell, civ., ii, 9, 3. — Les catapultes ou machines à lancer des traits sont appelées par les Grecs eùBûxovoc, et les machines à lancer des pierres 7ta).îvxova. La plupart des auteurs qui ont traité de la matière s’accordent à voir dans ces deux mots l’indication d’une différence dans l’angle du tir, le premier désignant les machines à tir horizontal, les secondes les machines à tir incliné. Quelques savants cependant, notamment Prou, Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque Nationale, t. xxvi, 2e part., 1877, p. 243, prétendent que cette théorie est insoute nable et que tous les engins antiques tiraient sous un angle très relevé. — La catapulte était fondée sur le principe de l’arbalète. Elle consistait essentiellement dans un arc à l’aide duquel on ramenait en arrière une pièce creusée, cd, dans laquelle on plaçait le trait. Cette opération se faisait à l’aide d’un treuil, ef. Quand le trait était ramené en a, on lâchait le treuil, la pièce cd revenait en 6, et le trait était projeté en avant avec force (fig. 108). La machine était placée sur un pied, de façon à pouvoir être manœuvrée facilement. Il y avait de grandes catapultes qui servaient de machines de siège et de petites catapultes qui servaient d’artillerie de campagne. Corpus inscript, attic, t. ii, 250, 733, et Vitse X orator., p. 851 ; Tite Live, xxvi, 47. — Voir H. Droysen, Eeerwesen und Kriegfùhrung der Griechen, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1889, p. 187-204, et les auteurs cités au mot Baliste. E. Beurlier.

CATARACTES DU CIEL. Le mot « cataracte » signifie proprement une chute d’eau qui, dans un fleuve ou une rivière, se précipite du haut d’un rocher (en latin, cataracla et cataractes ; du grec : xaxapâxxriç, dérivé de y.aTapicTcTM, « se précipiter avec impétuosité » ). La Vulgate, se servant du terme qu’avaient employé les Septante, a traduit, Gen., vii, 11 ; viii, 2 ; IV Reg., vii, 2, 19 ; Is., xxiv, 18 ; Mal., iii, 10, par « cataractes du ciel » l’expression hébraïque’ârubôp has-sâmayim. L’étymologie du mot’ârubôt est incertaine. Gesenius-Buhl, Handicôrterbuch, 12e édit., 1895, p, 67. Quoi qu’il en soit, l’image dont se sert le texte original est différente de celle des versions. Les’ârubôt désignent les fenêtres treillissées qu’on supposait placées dans la voûte céleste et par lesquelles on disait que coulait la pluie. Les Hébreux n’avaient point de fenêtres vitrées, mais des ouvertures fermées par des treillis ou des grilles, analogues aux moucharabiéhs qui sont encore en usage au Caire ; elles devaient être formées ordinairement par de petites baguettes de bois entrecroisées, formant comme les mailles solides d’un Filet. L’Ecclésiaste, xii, 3, emploie le mot’ârubôt pour désigner ce genre de fenêtres, et saint Jérôme, dans ce passage, traduit cette expression par « trous » (foramina). Dans le récit du déluge, par une belle métaphore, Gen. vii, 11 ; viii, 2, les gouttes de pluie qui tombent du ciel sont censées passer par les petits trous qui laissent pénétrer l’air et le jour dans les fenêtres ainsi percées (cancelli, clathri). Saint Jean Chrysostome, commentant la métaphore de la version grecque de la Genèse, dit : « L’Écriture parle selon la coutume humaine. Il n’y a pas de cataractes dans le ciel, [non plus que des fenêtres à grillages], mais elle emploie toujours des expressions qui nous sont familières. C’est comme si elle disait : Le Seigneur commanda, et aussitôt les eaux obéirent au commandement du Créateur, et en roulant inondèrent toute la terre. » Hom. xxv in Gen., 3, t. Lin, col. 222.

Dans IV Reg., vii, 2, 19, pendant la famine qui désole Samarie assiégée par les Syriens, lorsque Elisée annonce que le lendemain le blé et l’orge se vendront à bas prix à la porte de la ville, un chef israélite lui répond : « Alors même que Jéhovah ferait des fenêtres dans le ciel » [’ârubôt haS-Sâmayim ; Vulgate : cataractas in cœlo) pour jeter ou faire pleuvoir de là des vivres sur Samarie, « cek serait-il possible ? » La métaphore des « cataractes » convenait moins ici que dans le récit du déluge, puisque dans le cas présent il n’est pas question d’eau ; elle a été néanmoins conservée par les Septante et par la Vulgate, qui ont ainsi comparé l’abondance des grains tombant du ciel à l’abondance des eaux qui se précipitent d’une cataracte.

— Dans Isaïe, xxiv, 18, ’ârubôt mimmâron, <i les fenêtres d’en haut, » et Malachie, iii, 10, ’ârubôt haS-Sâmayim, « les fenêtres du ciel, » sont employées dans le même sens que dans la Genèse, pour parler d’une pluie abondante, et la traduction grecque, comme la version latine, ont con-