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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/237

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CËSARÉE DE PHILIPPE — CÉSARÉE DU BORD DE LA. MER


de marbre blanc qu’Hérode érigea, près du Panion, en l’honneur d’Auguste. Bell, jud., i, xxi, 23. Le chercher au flanc de la montagne, là où fut bâtie, au moyen âge, la petite chapelle de Saint-Georges, Mâr Djiris, est encore plus difficile. Et cependant le chapiteau corinthien qu’on voit sur une colonne du petit oratoire, et dont les pareils se retrouvent dans les jardins au delà de l’ouadi, firent très probablement partie de l’Augustéum. Les données historiques et topographiques sur l’ancienne ville sont trop insuffisantes pour essayer une reconstitution. Des arceaux aux trois quarts ensevelis dans un jardin, mais qui se développent sur une assez longue étendue, marquent-ils la place du forum ? C’est possible. Pour avoir une idée générale du site de Panéas, il faut se transporter

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155. — Porte et pont de Baillas.

au delà de l’ouadi Zaaréh, vers le sud. On passe devant un tombeau de santon couvert d’ex-voto et embaumé des parfums qu’on y brûle, puis on franchit une double porte, jadis surmontée d’une tour carrée. Une inscription arabe dit que la porte a été faite par un sultan mamelouk, mais les plus basses assises sont certainement plus anciennes que les croisades. Ces assises se continuent avec le reinpart vers le levant jusqu’à l’habitation du scheikh, et marquent très probablement une partie du périmètre de la place forte gréco-romaine. On franchit l’ouadi sur un pont (fig. 155) d’origine en partie musulmane, comme la porte. On a employé des frugmcnls de frises et des linteaux, ramassés parmiles ruines et la plupart finement scul. ptés pour construire ses parapets. Sous l’arche ogivale, le torrent se précipite en bouillonnant à travers les roches grisâtres et des îlots couverts de lauriers-rôses. À mesure qu’on gravit la colline méridionale, le panorama se déroule très pittoresque à nos pieds et absolument majestueux sur nos têtes. Les contreforts de l’Hermoii se superposent en assises tantôt abruptes, tantôt arrondies, jusqu’à 3000 mètres d’altitude, et la superbe montagne, couverte de neige, brille de mille reflets, comme si elle renvoyait au soleil les feux dont il la couvre. De grands aigles volent dans le ciel bleu, allant des roches de l’Hermon aux vieilles murailles du château de Soubeybéh, qui, sur un pic surplombant de 300 mètres la vallée de Panéas, semble dire dans sa ruine qu’après avoir été de tout temps la forteresse imprenable, il na capitulé que quand les hommes l’ont délaissé. En bas. Banias moderne groupe ses pauvres habitations au milieu des débris de Césarée dressant çà et là la tête sous forme de colonnes, de sarcophages, d’arceaux, de remparts à moitié détruits. Par delà les jardins, en face, attaché au liane de la montagne, Mâr - Djiris ou Saint - Georges, devenu l’ouali’el-Khader des musulmans, donne la note religieuse au paysage. Au-dessous, la grotte de Pan, derrière de grands bouquets d’arbres, laisse entrevoir sa sombre ouverture, et remplit par le bruit de ses eaux bouillonnantes tout le vallon d’un long et délicieux murmure. Sur laquelle de ces pentes de l’Hermon, qui s’inclinent gracieusement vers la vallée, Notre-Seigneura-t-il prié ? Sur lequel de ces sommets amena-t-il Pierre, Jacques et Jean, pour en faire les témoins de sa transfiguration ? Il n’est pas possiblede le soupçonner, la tradition étant restée, dans ces pays peu chrétiens, d’un mutisme désespérant. C’est cependant là sans doute le vallon qui a entendu le cri du ciel sur la tête de Jésus : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le. » Ce sont là les roches qui ont vu le Maître brillant comme la lumière converser avec Élie et Moïse, et il n’y a pas un signe qui fixe notre foi et console notre amour. Dans ces chemins sinueux qui montent et descendent dans la vallée, il a erré avec ses disciples, leur révélant sa fin prochaine, et c’est peut-être en regardant sur son cône abrupt, entouré de ravins, le château de Soubeybéh, qu’il évoqua la belle image de son Église, « bâtie sur la pierre, » imprenable, inaccessible et éternellement victorieuse, et qu’il donna à Pierre les clefs du royaume des cieux. Matth., xvi, 18-19.

Le seul souvenir biblique que la tradition ait placé dans la ville même de Césarée se rapporte à l’hémorroïsse de l’Évangile. Matth., ix, 19-22 ; Marc, v, 25-34 ; Luc, viii, 43-48. Voir Hémorroisse. D’après Eusèbe, E.E., vu, 17, t. xx, col. 680, Glycas, Annal., IVe partie, t. clviii, col. 476, et Théophane, Chronograph., t. cvni, col. 157, la femme guérie par Notre-Seigneur d’un flux de sang avait fait ériger devant sa maison, à Panéas, la statue de son bienfaiteur. Le monument de bronze la représentait suppliante aux pieds du Maître, qui, le manteau rejeté sur l’épaule, étendait la main vers elle pour lui donner la certitude que par sa foi elle avait mérité sa guérison. Julien l’Aposlat aurait fai 1 enlever cette statue, parce que le peuple attribuait à une plante poussant près de son piédestal le pouvoir d’opérer des cures merveilleuses. La statue ^profanée parles païens, aurait été pieusement recueillie par les fidèles, et placée dans une église. Julien, ayant substitué sa. propre statue à celle du Sauveur, le feu du ciel détruisit bientôt l’image du sacrilège empereur. — Cf. aussi Sozomène, v, 21, t. lxvii, col. 1280 ; Pholius, Codex 271, t. civ, col. 224.— Voir Wilson, Lands of the Bible, 1847, t. ii, p. 175 et sniv. ; Thomson, The Land and the Book, iS16, p. 228-231 ; V. Guérin, Galilée, t. ii, p. 308 et suiv., et notre Voyage aux pays bibliques, 3 in-12, Paris, 1890, t. ii, p. 274 et suiv. E. Le Camds.

2. CÉSARÉE DU BORD DE LA MER, KaicripEia ^apa), : ^ç, Josèphe, Bell, jud., III, ix, 1, ou-f) ln SaXctTTi-., ibid., VII, i, 3, ou encore SeÔxstï ; , Ant.jud., XVI, v, 1 (fig. 156). Elle estappelée simplement Césarée dans les Actes, viii, 40, etc., parce que, résidence officielle des procurateurs romains, elle prima définitivement l’autre Césarée, qui était aussi en Palestine, mais que l’on distinguait en l’appelant régulièrement Césarée de Philippe, ou plus communément Panéas. Césarée fut bâtie par Hérode le Grand sur l’ancienne tour de Straton. Pline, H. A, v, 14, en fait l’historique en deux lignes : « La tour de Straton, la même que Césarée, bâtie par le roi Hérode, est maintenant la colonia, prima Flavia, établie par l’empereur Vespasien. » Josèphe, Ant.jud., XV, ix, 6, et Bell, jud., i, XXI, 5 et suiv., raconte longuement, et avec quelque exagération, tout ce que fit Hérode pour transformer en un passable port de mer et en une belle ville ce site jusqu’alors à peu près désert, où un aventurier grec, du nom de Straton, avait pensé à établir une tour de refuge. On sait que toute la côte palestinienne est tellement tourmentée par le vent du sud-ouest, l’africus, qu’elle est à peu près inabori dable aux navires. Ils ne peuvent que mouiller au large, I tant la mer s’y trouve perpétuellement agitée par le res-