Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/281

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
543
544
CHANDELIER


l’œuvre du célèbre Bézéléel, aidé d’Ooliab et d’habiles artisans, Exod., xxxi, 2 ; xxxvii, 1, 17. Le poids de l’or employé pour le candélabre et ses accessoires était d’un talent. Exod., xxv, 39 ; xxxvii, 24. L’Écriture ne nous donne nulle part ses dimensions ; selon les rabbins, il aurait eu trois coudées ou dix-huit palmes de haut sur deux coudées ou douze palmes de large, Menachoth, ꝟ. 28 b : ce qui donne l m 575 sur’l m 05.

Ce candélabre portait sept lampes mobiles en or, Exod., xxxv, 14, qu’un prêtre préparait matin et soir, à l’heure où l’on brûlait l’encens sur l’autel des parfums. Exod., xxx, 7-8. Il se servait pour cela de pincettes d’or, et c’est dans un vase d’or qu’il jetait les débris. Exod., xxv, 38. On employait l’huile d’olive la plus pure, Exod., xxvir, 20 ; Lev., xxiv, 2, un demi-Zog, 0, 15, par lampe. Selon Ja plupart des commentateurs, elles ne brûlaient que la nuit ; et le texte sacré paraît l’indiquer, Exod., xxvii, 21, en disant qu’elles brûlaient jusqu’au matin. La préparation des lampes matin et soir, Exod., xxx, 7-8, consistait donc à les garnir, à les allumer ou à les éteindre. D’après Josèphe, Ant.jud., III, viii, 3, toutes les lampes auraient été allumées pendant la nuit, et trois seulement durant le jour. D’après Reland, Antiq. sacres, i, v, 9, in-12, 1717, p. 39, la lampe placée sur la tige centrale aurait brûlé nuit et jour dans le second Temple.

Le candélabre était placé, non dans le Saint des saints, mais en avant du voile, Exod., XX vii, 21, dans la partie du tabernacle appelée Saint, Exod., XL, 22 ; Hebr., ix, 2, sur la gauche, c’est-à-dire du côté de la paroi méridionale, Exod., xxvi, 35 ; xl, 22 (hébreu, 24) ; Num., viii, 2, les lampes tournées du côté de l’orient, c’est-à-dire vers le Saint des saints. Num., viii, 2 (hébreu). D’après le texte actuel de la Vulgate, les lampes auraient regardé le mur septentrional, le long duquel était placée la table des pains de proposition. Mais toute la seconde partie de ce verset, qui manque dans l’hébreu, les Septante et les anciens manuscrits de la Vulgate, paraît bien être une glose introduite vers le IXe siècle. Heyse, Biblia sacra latina, in-8°, Leipzig, 1873, p. 129.

2° Chandelier du Tabernacle. — Le candélabre d’or, don des enfants d’Israël, Exod., xxxix, 36, fut placé dans le Tabernacle, le premier jour du premier mois, un an après la sortie d’Egypte. Exod., XL, 2, 4, 22 (hébreu, 24). Avant de s’en servir, on le consacra par l’onction de l’huile sainte. Exod., xxx, 27 ; XL, 9. Les Caathites, chargés de veiller sur l’arche et les vases sacrés, eurent la garde du chandelier d’or. Num., iii, 31. Quand on levait le camp, ils le couvraient d’une couverture en étoffe de couleur hyacinthe et d’une peau de dugong. Num., iv, 9. 3° Chandelier du Temple de Salomon. — Dans le Temple bâti par Salomon, au lieu d’un seul candélabre, on en plaça dix devant le Saint des saints, dans le Saint, cinq à droite et cinq à gauche. III Reg., vii, 49 ; II Par., iv, 7. Les rabbins disent qu’on les mit à côté du chandelier à sept branches du Tabernacle, mais ils ne sont pas d’accord sur la question de savoir si les dix candélabres étaient placés à droite et à gauche du Saint, comme semble le dire le texte sacré, ou bien à droite et à gauche du candélabre de Moïse (cf. II Par., xiii, 11), et tous sur la gauche du Saint. Scheqalim, vi, 3, trad. Schwab, 1882, t. v, p. 307, et Babyl. Menachoth, 90 b ; cf. A. Jehuda Léo, In descriptione Templi, lib. ii, cap. xxii, 26 b, dans H. Opitz, Disquisit. de candelab., p. 54, 55. Ils furent faits sur le modèle du candélabre mosaïque, comme il ressort de l’expression kemispatùm, « selon les prescriptions qui les concernent, » II Par., iv, 7, allusion à la Loi de Moïse. Exod., xxv, 31-39. Aussi le troisième livre des Rois et le deuxième des Paralipomènes n’en donnent pas une description détaillée ; ils font seulement mention des fleurs ou corolles qui terminaient la tige et les branches, et aussi des lampes, des mouchettes et des plateaux, le tout en or pur, comme il est prescrit dans la Loi. III Reg., vii, 49 ; II Par., iv, 20-21. Tous ces objets furent exécutés sous la

direction d’un habile artisan, Hiramabi ou Hiram, de Tyr, 11J Reg., vii, 13, selon le plan indiqué à Salomon par David, qui le tenait d’une révélation divine, et avec l’or que le roi-prophète avait mis en réserve. I Par., xxviii, 15. Il est question dans ce plan de candélabres d’argent, I Par., xxviii, 15 ; mais comme il n’en est pas fait mention dans les travaux exécutés par Salomon ni nulle part ailleurs, il est à croire qu’ils n’ont jamais été fabriqués. D’ailleurs les dix candélabres d’or, ajoutés pour augmenter la magnificence du Saint agrandi, ne paraissent pas avoir eu le caractère sacré du candélabre mosaïque, qui demeurait toujours, au temps d’Abia, « le candélabre d’or, garni de lampes, qu’on doit allumer chaque soir, selon la loi du Seigneur. » II Par., xiii, 11. À la prise de Jérusalem par

[[File: [Image à insérer] |300px]]
184. — Chandelier à sept branches de l’arc de triomphe de Titus.

Nabuchodonosor, les candélabres furent enlevés avec les autres vases sacrés et transportés à Babylone. Jer., lii, 19 ; cf. IIReg., xxv, 15 ; II Par., xxxvi, 6, " 10, 18.

4° Chandelier du second Temple et du Temple d’Hérode. — Dans le second Temple on ne plaça qu’un seul candélabre d’or, construit toujours sur le même modèle. Il fut enlevé et brisé par Antiochus IV Épiphane, I Mach., I, 23 ; mais Judas Machabée le rétablit. I Mach., IV, 49 ; II Mach., i, 8 ; x, 3. L’auteur de l’Ecclésiastique, xxvi, 22, y fait allusion dans une de ses comparaisons :

La beauté du visage dans l’âge mûr,

C’est la lampe brillante sur le chandelier sacré.

Il fut conservé dans le Temple restauré par Hérode. Les talmudistes, Yoma, ꝟ. 39 b, rapportent que vers la quarantième année avant la destruction de Jérusalem (époque de la prédication et de la mort de Jésus-Christ), la lampe placée au milieu du chandelier à sept branches s’éteignit, ce qui fut considéré comme un présage de la ruine du Temple. À la prise de Jérusalem par Titus, le candélabre sacré fut enlevé et emporté à Rome pour le triomphe du vainqueur. Josèphe, Bell, jud., VII, v, 5. Il figure sur un des bas-reliefs de l’arc de triomphe de Titus (fig. 184). L’artiste qui l’a sculpté n’a pas reproduit l’original avec une rigoureuse exactitude. L’ensemble répond bien à l’idée que donne la description de Moïse, mais il en diffère notablement pour certains détails. La