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CIRCONCISION


< : hez les Ismaélites et toutes les tribus arabes, qui l’avaient reçue de leur ancêtre Ismaël, Josèphe, Ant. jud., i, xii, 2 ; Origène, In Genesim, 10, t. xii, col. 76 ; Eusèbe, l’rxp. Evang., vi, 11 ; t. xxi, col. 501 ; chez les Samaritains, S. Épiphane, Ado. liserés., xxx, 33 ; t. xli, col. 469 ; chez les Sarrasins, Sozomène, H. E., vi, 38, t. lxvii, col. 412 ; chez les Sabéens ou Himyarites de l’Arabie méridionale. Philostorge, H. E., iii, 4, t. lxv, col. 481, etc. L’islamisme prescrivit la circoncision à ses adeptes, chez la plupart desquels il la trouva déjà en usage. Aujourd’hui cette pratique est presque générale chez les tribus d’Afrique, et elle a pénétré chez d’autres tribus des bords de l’Amazone, de l’Australie, de la Nouvelle-Calédonie et des Nouvelles - Hébrides. Les chrétiens d’Abyssinie et les Coptes l’ont conservée, mais sans lui prêter aucune signification religieuse. Elle se donne à treize ans chez les Arabes, en souvenir d’Ismaël, qui la reçut à cet âge, Origène, In Genesim, 10, t. xii, col. 76 ; de cinq à treize ou quatorze ans dans certaines localités de l’Arabie ou de la Perse, de six à quatorze ans en Egypte. Cf. Lane, Manners and customs of the modem Egyptians, t. i, p. 73, 82 ; t. ii, p. 310 ; Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., 1896, t. i, p. 479-480.

3° Raisons d’être de la circoncision. — Hérodote, ii, 37, déclare formellement que les Égyptiens « pratiquent la circoncision pour cause de propreté ». Des raisons d’ordre hygiénique et physiologique la rendirent utile aux peuples qui l’adoptèrent les premiers. Philon, De circumcisione, Paris, 1640, p. 810 ; Wilkinson, dans VHerodotus de ftawlinson, Londres, 1858, t. ii, p. 62 ; Winer, Biblische Realvôrterbuch, Leipzig, 1847, t. i, p. 159. Sur les effets physiologiques de la circoncision, voir D r G. Surbled, La morale dans ses rapports avec la médecine et l’hygiène, Paris, 1892, t. i, p. 80-83. Il est probable que d’assez bonne heure les Egyptiens attachèrent à la circoncision une signification religieuse. Le prophète Ezéchiel, xxxi, 18 ; xxxii, 19-32, dans sa lamentation sur le pharaon d’Egypte, regarde comme une honte pour le prince d’être enseveli au milieu des incirconcis.

II. La circoncision chez les Hébreux. — 1° À l’époque des patriarches. — Ce fut Dieu lui-même qui prescrivit la circoncision à Abraham, le jour où il fit alliance avec lui et où il décréta que la descendance du patriarche deviendrait le propre peuple de Jéhovah. Abraham connaissait déjà la circoncision pour l’avoir vue pratiquée en Egypte quand H y avait fait son premier voyage. Gen., xii, 10-20. Il avait dû constater que, sur les bords du Nil, la circoncision était regardée comme une marque honorable, et que l’on y réputait ama, « impur, » quiconque ne l’avait pas reçue. Le Seigneur prescrit la circoncision à Abraham comme « signe d’alliance » entre Dieu et la descendance du patriarche, de telle sorte que quiconque ne portera pas ce signe « devra être retranché 4e son peuple ». Gen., xvii, 10-14. Ce signe n’est point nouveau ; il peut même constituer pour le futur peuple de Dieu un avantage d’ordre purement physiologique et naturel. C’est ce que donne à penser une expression de Moïse lui-même, qui se prétend’âral sefatayim, Exod., vi, 12, 30, ce qui ne signifie pas « impur des lèvres », mais « incapable des lèvres », ayant les lèvres trop épaisses pour parler comme il faut. Mais le Seigneur adopte ce signe pour lui attribuer une signification religieuse, de même qu’il a attaché à l’arc-en-ciel l’idée d’alliance entre lui et les hommes, et que plus tard, sous la Loi nouvelle, il fixera sa grâce dans les signes naturels des sacrements. Les descendants d’Abraham doivent d’ailleurs séjourner en Egypte pendant plusieurs siècles ; il importe qu’ils ne soient pas traités comme une race inférieure et impure. Ils recevront donc la circoncision, qui les mettra au même niveau moral que les Égyptiens, et qui en même temps les consacrera pour toujours à Jéhovah. Il est donc inexact de dire que la circoncision « avait été établie pour distinguer le peuple juif de toutes les autres nations ». Pascal,

Pensées, IIe partie, xiv, 2 ; Origène, Select, in Jesunx Nave, t. xii, col. 821 ; S. Jean Damascène, De fide orthodoxa, lv, 25, t. xciv, col. 1213, etc. Il est également contraire à l’histoire de prétendre, comme Celse le faisait, que les Hébreux l’ont reçue des Égyptiens. Origène, Cont. Cels., i, 22, t. xi, col. 697. La loi de la circoncision s’imposait à tous les descendants mâles d’Abraham et à tous leurs serviteurs, nés dans la maison ou achetés, même d’une autre race. Gen., xvii, 12. Abraham obéit aussitôt ; il se circoncit lui-même à l’âge de quatre-vingt-dix-neuf ans et circoncit son fils Ismaël, âgé de treize ans, et tous ses serviteurs. Gen., xvii, 23-27. Un an plus tard, il circoncit Isaac, le huitième jour après sa naissance, comme le Seigneur l’avait ordonné. Gen., xxi, 4. — La circoncision devint dés lors une pratique ordinaire parmi les descendants d’Abraham. Elle fut déshonorée par deux des fils de Jacob. Pour se venger de Sichem, fils d’Hémor le Chananéen, qui avait abusé de leur sœur Dina, Siméon et Lévi lui persuadèrent de se faire circoncire avec tout son peuple, en promettant alors de lui donner leur sœur en mariage. Sichem y consentit. La circoncision opérée sur l’adulte est fort douloureuse et cause une fièvre qui atteint son maximum le troisième jour. Les fils de Jacob profitèrent odieusement de cette circonstance, et ce jourlà massacrèrent tous ceux qui s’étaient fiés à leur parole et se trouvaient impuissants à se défendre. Gen., xxxiv, 15-19. Jacob sur le point de mourir flétrissait encore cette abominable conduite. Gen., xlix, 5-7. — Pendant leur séjour en Egypte, les Hébreux gardèrent l’usage de la circoncision. Il est à croire pourtant qu’à l’exemple des Égyptiens ils ne s’en imposèrent pas toujours rigoureusement l’obligation. Moïse lui-même fut pris en défaut au sujet d’un de ses fils. Sur un terrible avertissement de Dieu, sa femme Séphora se hâta de circoncire l’enfant, et à la suite de cette opération douloureuse elle appela Moïse un « époux de sang ». Exod., iv, 25, 26.

2° Sous Moïse et Josué. — Le précepte de la circoncision fut rappelé par Dieu à Moïse, à l’occasion de la Pàque célébrée en Egypte : seuls les circoncis purent y prendre part. Exod., xii, 44, 48. L’obligation générale fut rappelée au désert. La mère de tout enfant mâle demeurait impure pendant sept jours, et le huitième jour l’enfant devait être circoncis. Lev., xii, 2, 3. La loi imposée à Abraham visait tous ses descendants, bien que les enfants d’Isaac et de Jacob dussent seuls faire partie du peuple de Dieu. C’est à la descendance des douze fils de Jacob, et à tous ceux qui voudront s’agréger au nouveau peuple, que s’adresse la loi promulguée par Moïse. C’est pourquoi Notre-Seigneur a pu dire aux Juifs : « Moïse vous a donné la circoncision (non qu’elle vienne de Moïse, mais des patriarches). » Joa., vii, 22. Durant le séjour au désert, la loi ne fut pourtant appliquée ni aux nouveau-nés, ni à la multitude mêlée qui s’était jointe au peuple hébreu. Exod., xii, 38 ; Num., xi, 4. Cette cessation de la circoncision n’eut pas pour cause l’isolement qui alors distinguait suffisamment les Israélites des autres peuples, comme l’expliquent Origène, Selecta in Josue, t. xii, col. 822 ; Théodoret, Qusest. in Josue, 3, t. lxxx, col. 467, et saint Jean Damascène, cité plus haut. Cette raison ne serait valable que si la circoncision eût été le signe distinctif du peuple de Dieu. On ne peut guère dire non plus que la loi cessa d’être exécutée parce que les Hébreux avaient sans cesse à se tenir prêts à partir et que le transport d’enfants nouvellement circoncis eût compromis la vie de ces derniers. Les Israélites sur le point de mourir, les femmes prêtes à enfanter, etc., eussent opposé aux départs subits des obstacles plus sérieux. Mais la circoncision était le signe de l’alliance avec Dieu, et cette alliance se trouvait compromise par les infidélités continuelles des émigrants. On sait comment le Seigneur interdit l’entrée de la Terre Promise à ceux qui avaient plus de vingt ans à leur sortie d’Egypte. Num., xxxii, 11. Il leur avait signifié auparavant que leurs enfants porte-