Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/403

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
779
780
CIRCONCISION — CIS


et la soumission à la loi de Moïse, le salut leur était impossible. Saint Paul, qui avait reçu des lumières plus particulières sur les conditions du salut des gentils, déféra la prétention des judéo-chrétiens au jugement des Apôtres de Jérusalem. L’assemblée qui se réunit à cette occasion décida que la circoncision ne devait pas être comprise au nombre des choses nécessaires à la vie chrétienne et au salut. Act., xv, 1-29. — Les judaïsants ne se tinrent pas pour battus. Ne pouvant plus imposer la circoncision comme indispensable, ils la représentèrent comme seule capable d’ouvrir le chemin de la perfection chrétienne. On était chrétien sans être circoncis ; mais, pour devenir chrétien complet et parfait serviteur de Dieu, il fallait absolument se faire circoncire. Les judaïsants troublèrent longtemps les Églises fondées par saint Paul en y propageant ces idées en son absence. L’Apôtre eut donc à les combattre, ce qui lui donna occasion de traiter la question théologiquement dans plusieurs de ses Épltres. — Dans l’Épître aux Galates, il fait remarquer son zèle pour le judaïsme, et constate pourtant que ni lui ni les Apôtres de Jérusalem n’ont obligé Tite à se faire circoncire. Gal., ii, 3. Croire à la nécessité de ce rite mosaïque, c’est se replacer sous le joug de l’ancienne loi et renoncer aux biens conquis par le Christ, v, 2-4. Sous la loi éyangélique, il n’importe nullement d’être circoncis ou non, pourvu qu’on ait la foi et la charité, v, 6 ; vi, 15. Ceux qui conseillent la circoncision ne doivent donc pas être écoutés ; en prétendant éviter par là aux timides l’hostilité des Juifs, ils cherchent surtout à procurer le triomphe de leurs idées personnelles, vi, 12, 13. — Dans la première Épitre aux Corinthiens, saint Paul revient sur l’inutilité de la circoncision ; ceux qui l’ont reçue n’ont pas à la faire disparaître, mais les incirconcis n’ont nullement à la recevoir. L’important, c’est l’observation "tles commandements, vii, 18-20. — Aux Romains, dont l’Église se composait d’une majorité d’anciens idolâtres, il écrit : la circoncision n’était qu’un signe extérieur, tandis que l’obéissance à la loi constituait le véritable juif ; être incirconcis et fidèle vaut donc beaucoup mieux que d’être circoncis et infidèle, ii, 25-29. Par la même foi, Dieu justifie le circoncis et l’incirconcis, iii, 30 ; mais la justification est si peu attachée à la circoncision elle-même, qu’Abraham a été justifié par sa foi avant d’être circoncis ; c’est pour cette raison qu’il est le père de tous les croyants, circoncis ou non. iv, 9-12. — Aux Colossiens, il assure encore qu’il n’y a plus de différence entre le circoncis et l’incirconcis, iii, 11, et enfin il déclare aux Philippiens, iii, 3-5, que, circoncis lui-même, il ne met pas sa gloire et sa confiance dans la circoncision, mais en JésusChrist seul.

2° La pratique. — Dans les premiers temps, les chrétiens d’origine juive purent conserver l’usage de la circoncision, à condition toutefois de n’attacher à cette pratique aucune valeur justificative. Saint Paul lui-même, qui s’était refusé à la circoncision de Tite quand il avait fallu affirmer l’indépendance de l’Évangile vis-à-vis des institutions mosaïques, fit circoncire Timothée, fils d’une mère juive, Act., xvi, 1-3, mais uniquement pour ménager au nouveau prédicateur l’entrée des synagogues. Peu à peu la circoncision disparut des familles chrétiennes autrefois juives, surtout après la ruine de Jérusalem. Toutefois quelques groupes de chrétiens, peu nombreux du reste, gardèrent pour les anciens usages un attachement qui finit par les isoler de l’Église. « Vers la fin du IV siècle, divers auteurs, Philaslrius, saint Épipliane, saint Jérôme surtout, parlent de chrétiens circoncis, de langue hébraïque, orthodoxes, sauf leur attachement à la loi. On ne leur fait aucun reproche à propos des dogmes définis dans les derniers conciles ; on remarque qu’ils acceptent l’apôtre saint Paul et ses Épîtres. Ce sont les nazaréens. » L. Duchesne, Les origines chrétiennes, Paris, 1878-1881, p. 135. Ces nazaréens représentaient probablement les restes de l’ancienne Église de Jérusalem,

exilée depuis le siège de la ville. D’autres judaïsants plus, acharnés formèrent une sente d’hérétiques circoncis, connus sous le nom d’ébionites, qui disparurent vers la fin du ii « siècle. La circoncision fit dans l’Église une réapparition assez inattendue dans les dernières années du xiie siècle. Elle était pratiquée par les passagins, hérétiques ainsi appelés du mot passagium, « voyage, » parce qu’ils venaient probablement d’Orient à la suite des croisades. Hergenrcether, Histoire de l’Église, trad. Bélet, Paris, 1888, t. iv, p. 224, 225. Ces hérétiques furent condamnés aux synodes de Vérone (1181) et de Bénévent (11378). Aujourd’hui les chrétiens abyssins et coptes sont seuls, parmi les disciples de Jésus-Christ, à pratiquer la circoncision, mais sans en faire un rite religieux.

V. La. circoncision spirituelle. — C’est Moïse te premier qui recommande expressément de ne pas la séparer de.la circoncision corporelle, Deut., x, 16, et il ajoute que Dieu donnera cette grâce à Israël, Deut., xxx, G, faisant entendre par là que cette seconde circoncision ne peut être pratiquée par les seules forces de la nature. Jérémie, iv, 4, en signale la nécessité aux Juifs qui veulent obtenir le pardon divin. Le pécheur, au contraire, est appelé « esprit incirconcis », Lev., xxvi, 41, et « incirconcis de cœur », Jer., IX, 26. La double incirconcision corporelle et spirituelle caractérise les idolâtres. Ezech., xliv, 7, 9. Saint Paul enseigne que, même pour le juif, la circoncision du cœur était beaucoup plus importante que celle du corps : « On n’est pas juif par l’extérieur, et la vraie circoncision n’est pas celle qui apparaît dans la chair ; on est juif par l’intérieur, et la vraie circoncision est celle du cœur, selon l’esprit et non selon la lettre. » Rom., ii, 28, 29. Saint Augustin, De spiritu et littera, viii, t. xliv, col. 208, définit cette circoncision du cœur « une volonté dégagée de toute concupiscence illicite, ce qui n’est pas l’effet des leçons et des menaces de la lettre, mais de l’Esprit qui aide et qui guérit ». À raison de sa nature même, la circoncision spirituelle ne prend point fin avec l’Ancien Testament ; elle s’impose au chrétien et est imprimée en lui par le baptême. Col., ii, 11. — L’incirconcision des oreilles s’entend de l’obstination à ne point écouter les enseignements divins. Jer., vi, 10 ; Act., vii, 51.

CIRCONVALLATION. Voir Siège d’une ville.

CIRE, substance jaunâtre, très fusible, produite par les abeilles par une sorte de transsudation ou sécrétion. Les Hébreux lui donnaient le nom de dônag, de la racine inusitée dânag, « fondre. » C’est, en effet, à cause de la facilité qu’elle a de fondre à la chaleur que la cire est citée comme terme de comparaison dans six passages de l’Écriture. Judith, xvi, 18 ; Ps. xxi, 15 (Septante et Vulgate : lvii, 9 ; l’hébreu porte Sabelûl, « limaçon » ) ; lxvii, 3 ; xcvi, 5 ; Michée, i, 4. Les Livres Saints ne contenant que ces images ne nous apprennent rien sur les usages que les Hébreux faisaient de la cire ni sur la manière dont ils pouvaient la préparer.

CIS. Hébreu : Qîs ; Septante : Kl ; . Nom de cinq Israélites.

1. CIS, père de Saûl, I Reg., ix, 1, 3 ; x, 11, 21 ; xiv, 51 ; 1 Par., viii, 33 ; ix, 39 ; xii, 1 ; xxvi, 28. Il est qualifié de puissant ou de riche (hébreu : gibbôr J.iayil ; Vulgate : fortis robore ; Septante : 6’jvaTi ; ), I Reg., ix, 1. Cis était de la tribu de Benjamin, de la famille de Métri. I Reg., x, 21. Il est donné, I Reg., xiv, 51, comme père de Ner, lequel avait pour fils Abner. Plusieurs exégètes ont confondu Ner avec le père de Saùl, et pour cela, ils supposent qne les passages « Ner engendra Cis », I Par., viii, 33 ; ix, 39, sont fautifs et qu’il faut y lire : « Ner engendra Abner. » Alors il n’y a plus qu’un seul personnage du nom de Ner, et un seul du nom de Cis..