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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/631

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DADAN — DAGON


trafiquants de l’extrême orient aux yeux des Israélites, comme Tharsis désignait pour eux l’extrême occident ; mais, d’un autre côté, rien n’indique qu’il ne soit pas question ici des Sabéens et Dédanites de l’Arabie méridionale et septentrionale, également renommés pour leur commerce, comme nous allons le voir, Dàdan 2.

A. Legendre.

2. DADAN (hébreu : Dedân, Gen., xxv, 3 ; I Par., i, 32 ; Jer., xxv, 23 ; xlix, 8 ; Ezech., xxvii, 20 ; Dedânéh, avec hé local, Ezech., xxv, 13 ; au pluriel, Deddnîm, Is., xxi, 13 ; Septante : AeSâv, Gen., xxv, 3 ; AaiSdw, I Par., i, 32 ; Is., xxi, 13 ; Jer., xxv, 23 ; Ezech., xxvii, 20 ; AaiSau., Jer., xlix, 8 ; Sswxô’u.evoi, Ezech., xxv, 13 ; Vulgale : Dadan, Gen., xxv, 3 ; I Par., i, 32 ; Dedan, Jer., xxv, 23 ; xlix, 8 ; Ezech., xxv, 13 ; xxvii, 20 ; Dedanim, Is., xxi, 13), second fils de Jecsan, un des enfants qu’Abraham eut de Cétura. Gen., xxv, 3 ; I Par., i, 32. Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica sacra, Gcettingue, 1870, p. 116, 256, plaçaient le peuple qui en descendait « dans l’Idumée, à quatre milles (six kilomètres) au nord de Phana ou Phceno ». Ce n’est pas exact ; mais ce qui est certain, c’est que la proximité d’Édom est nettement indiquée dans les différents passages prophétiques où il est question de cette famille. C’est bien d’elle que parle Isaïe, xxi, 13-15, quand il dit :

ꝟ. 13. Oracle sur l’Arabie.

Dans la forêt, au soir, vous ferez votre halte,

Caravanes de Dédan.

ꝟ. 14. Venez au-devant de ceux qui ont soif,

Et portez-leur de l’eau,

Habitants du pays de Tèma.

Venez avee du pain au-devant des fugitifs ; t. 15. Car ils fuient devant les glaives,

Devant le glaive menaçant,

Devant l’arc tendu,

Devant la terreur de la guerre.

Le prophète nous montre ici une caravane obligée, pour échapper à un ennemi qui approche, d’abandonner la route ordinaire, de camper, de se cacher dans la forêt. Le danger venant du nord, elle s’élance au plus vite dans la direction du midi. Voilà pourquoi l’homme de Dieu s’adresse aux habitants de Têma (Vulgate : de la terre du midi), et les exhorte à porter des vivres aux fugitifs, mourant de faim et de soif. Têma est une ville de l’Arabie septentrionale, située au sud du désert de Néfoud, et au sud-est d’Élath (Akabah). Voir la carte d’Arabie, t. i, col. 858. Jérémie unit de même Dédan à Têma et aux tribus arabes, lorsque, parlant de la coupe de la colère divine, il dit, xxv, 23-24, qu’il la fit boire, entre autres peuples :

?. 23. À Dédan, à Tèma, à Buz,

A tous ceux qui se coupent la chevelure,

ꝟ. 24. À tous les rois de l’Arabie,

A tous les rois i du mélange » ( Vulgate : « de l’occident » ) qui habitent au désert.

Voir Buz 3, t. i, col. 1982. Le même prophète, qui distingue ici Dédan de l’Idumée, xxv, 21, fait allusion plus loin, xlix, 8, au voisinage de cette contrée et aux relations des Dédanites avec elle : « Fuyez et tournez le dos, descendez dans les profondeurs, habitants de Dédan, car c’est la ruine d’Ésaù que j’amène sur lui, le temps où je dois le visiter. » Notre tribu est ainsi invitée à cesser tout rapport commercial avec Édom, et même à se cacher jusque sous terre, si elle ne veut point partager sa ruine. C’est ce qui ressort également de l’oracle d’Ézéchiel, xxv, 13 :

J’étendrai ma main sur Edom,

J’en exterminerai hommes et bêtes.

J’en ferai un désert depuis Téman ( Vulgate : du côté du midi),

Et jusqu’à Dédan ils tomberont par l’épée.

Et, deux chapitres après, xxvii, 20, l’auteur sacré, distin guant cette peuplade de celle qu’il mentionne au ꝟ. 15, l’associe encore à l’Arabie et à Cédar. Il la représente comme faisant avec Tyr le trafic des housses de chevaux (Vulgate : tapis pour s’asseoir). De tous ces détails, nous tirons la conclusion que le Dédan jecsanite habitait aux confins du royaume édomite, dans le Hedjaz septentrional, et que le souvenir en est rappelé par la ruine Daïdân, à l’est de Téimâ et au sud-est d’Aïla. Voir Arabie, t. i, col. 861. Plusieurs auteurs pensent que les deux familles couschite et sémite se sont mêlées par suite d’émigrations et de mariages. Rien d’étonnant à cela, étant donné le caractère nomade et le rôle commercial de ces tribus. Le nom de Dédan, uni à celui de Saba dans les deux généalogies, se retrouve dans les inscriptions sabéennes. Voir Saba. Dédan eut pour descendants les Assurim, les Latusim et les Loomim. Gen., xxv, 3 ; 1 Par., i, 32.

Voir ces mots.

A. Legendre.
    1. DAGON##

DAGON (hébreu : Dâgôn ; Septante : Aotfwv), dieu principal des Philistins, moitié homme moitié poisson.

I. Nom et caractères. — Le nom de Dagon vient de la racine dag, qui signifie « poisson » dans les langues sémitiques. Il était le dieu de la force génératrice. Le livre des Juges et les monuments nous font connaître la forme sous laquelle il était représenté. Malgré les différences de détails, il apparaît toujours comme un monstre, homme par la partie supérieure et poisson ou animal marin par l’extrémité inférieure. Sur une médaille, il

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460. — Dagon sur une monnaie d’Ascalon.

Dagon ichthyomorphe, à gauche, tenant une couronne et un

trident. — ^. 4-±. Lion marchant adroite sur des rochers.

est figuré nageant ; la queue est celle d’un dauphin, F. Lajard, Recherches sur le culte de Vénus, atlas in-f°, Paris, 1837-1847, pi. xxxiv, n° 20, cf. n° 19 ; sur une autre il a des pieds de quadrupède. F. Lajard, Recherches, pi. xxxiv, n° 16. Sur les deux il tient un poisson à la main et paraît au milieu des Ilots. D’autres monuments le montrent tantôt se terminant en poisson, F. Lajard, Recherches, pi. xxxii, n° ! 3, 4, 6, 7 a, 9 ; tantôt sous une forme purement humaine. Ibid., n os 5, 6, 8. Une médaille d’Ascalon ou d’Azot le représente droit sur une queue de dauphin (fig. 460). E. Babelon, Catalogue des monnaies de la Bibliothèque Nationale ; les Achéménides, in-4°, Paris, 1893, pi. viii, fig. 3. Cf. Ohnefalsch Richter, Kypros, die Bibel und Homer, in-4°, Berlin, 1893, p. xcvn. Les monnaies d’Aradus en Phénicie portent l’effigie du même dieu, mais il a les cheveux nattés en cordelettes et la barbe frisée à l’assyrienne. E. Babelon, Les Achéménides, pi. xxii, fig. 1-9, 23-25. Le type de Dagon est, en effet, originaire d’Assyrie. Dagân est nommé parmi les dieux protecteurs des rois assyriens, avec Anou, Western Asia inscriptions, t. iv, 20, 1. 16 ; 79, 1. 7-8 ; cf. t. iii, 68, 1. 21 ; Catalogue de la collection de Clercq, t. i, in-f°, Paris, 1888, p. 188. Le dieu est parfois représenté assistant les prêtres qui offrent des sacrifices. Catalogue de la collection de Clercq, p. 189, n° 343 et pi. xxxii ; J. Menant, Glyptique orientale, in-8°, Paris, 1886, p. 51, fig. 6. Sur une plaque de bronze de la collection de Clercq (fig. 461), Dagon est figuré près d’un mort placé sur son lit funèbre ; le dieu accomplit les rites de la purification ; on le retrouve aussi au pied du lit, se disposant à livrer le défunt à ceux qui doivent le conduire outre-