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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/711

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DÉLUGE — DËMÉTRIUS I « SOTER

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événements, annoncés dans la Bible comme des vengeances divines, comme des châtiments exemplaires, ont été des phénomènes entièrement naturels en eux-mêmes. La destruction de Jérusalem, prédite par Jésus-Christ avec des détails plus circonstanciés que ceux du déluge, n’en fut pas moins réalisée par des agents naturels et humains. Tous les faits prophétisés ne sont pas des miracles. Pour que la prophétie se réalise, Dieu n’a pas besoin de déroger aux lois naturelles, il suffit que, sans nuire à leur fonctionnement régulier, il les dirige à ses fins, et que les causes physiques agissent spontanément au moment qu’il a fixé. Dieu est certainement intervenu, quand il a ordonné à Noé de quitter l’arche, Gen., viii, 15-17, et quand il a contracté avec lui une nouvelle alliance. Gen., viii, 21 et 22 ; ix, 1-17. Mais on peut soutenir que son action directe ne s’est pas fait sentir dans la production de l’inondation. Tandis que la légende chaldéenne du déluge fait intervenir les dieux dans l’exécution même de l’inondation, le récit de la Genèse, qui montre Dieu agissant avant et après l’événement, ne parle pas de son action dans la réalisation du cataclysme. Il indique expressément les causes physiques qui entrèrent en jeu, une pluie torrentielle et l’envahissement de la mer sur le continent, Gen., vii, Il et 12, sans les mettre dans les mains de Dieu. Les progrès et la décroissance de l’inondation sont aussi présentés comme s’opérant naturellement. Gen., vii, 17-19, 24, et viii, 2-14. Toute la marche de l’inondation est donc décrite dans la Genèse comme naturelle. Les indices de l’action directe de Dieu dans la réalisation même du déluge, qu’on a cru trouver dans le récit de la Genèse, ne sont pas certains ni assez évidents. La leçon de l’Italique : « Intrabunt ad te, » au lieu de : « Ingredientur tecum, » Gen., vi, 20, suivant laquelle saint Augustin, De Civit. Dei, xv, 27, t..xli, col. 475, a fait intervenir Dieu dans le rassemblement des animaux, ne répond pas au texte original, qui annonce simplement le fait, sans indiquer d’aucune manière le mode de son exécution. La Vulgate montre Dieu lerinant la porte de l’arche, Gen., vii, 16 ; le texte hébreu dit seulement que « Dieu ferma sur Noé ». Gela peut signifier simplement que par son action providentielle Dieu ne permit à personne, en dehors de la famille de Noé, de trouver un refuge dans l’arche. Muet sur toute action miraculeuse, le texte biblique est absolument formel en faveur des causes naturelles de l’inondation. On peut en conclure que, quoique providentiel dans son but, le déluge fut un événement naturel dans le mode de sa réalisation. R. de Girard, Le caractère naturel du déluge, Fribourg, 1894. Cette conclusion serait certaine, s’il était démontré que l’inondation fut localisée dans des limites assez étroites, ou que l’humanité était encore peu répandue. Elle perd de sa rigueur logique, si les hommes étaient déjà disséminés au loin et de divers côtés. Dans ce cas, l’inondation semble avoir dépassé la mesure des catastrophes ordinaires, et avoir exigé l’intervention miraculeuse de Dieu, conformément à l’interprétation générale.

Si le déluge peut être considéré comme un événement naturel, il est logique de chercher à découvrir le mode de sa réalisation. On n’a pas manqué à cette tâche, et les essais d’explications scientifiques peuvent se classer suivant leurs tendances en quatre groupes. — 1° Les théories cosmiques font appel à un changement dans la position de l’axe des pôles. Le déplacement plus ou moins subit de l’axe terrestre aurait eu pour effet de déverser tous les océans sur les continents et de produire une gigantesque barre d’eau qui aurait fait le tour du globe, en passant au-dessus des montagnes. Il est difficile d’indiquer une cause adéquate de ce brusque déplacement de l’axe terrestre. On a parlé du choc d’une comète et du soulèvement des montagnes, qui auraient changé la valeur de l’angle d’inclinaison de l’axe terrestre sur le plan de l’écliplique. Frd. Klee, Le déluge.

considérations historiques et géologiques, in-12, Paris, 1846, p. 83-123 et 205-332. — 2° Les partisans des théories volcaniques rapprochent le déluge de la catastrophe récente de la Sonde, et expliquent l’inondation par un soulèvement des eaux de la mer, produit par l’éruption d’un volcan. — 3° Les tenants des théories orogéniques rattachent le cataclysme à des soulèvements montagneux ou à des effondrements dans le genre de celui qui a englouti l’Atlantide. K. de Léonhard, Géologie, trad. Grimblot et Toulouzan, 1839 et 1840, t. ii, p. 722 ; Hugh Miller, Testimony of the rocks, 1858, p. 344-348. Cf. Reusch, La Bible et la nature, p. 395-398. — 4° La théorie sismique, s’appuyant principalement sur l’interprétation scientifique de la légende cunéiforme du déluge, explique l’inondation par un séisme ou tremblement de terre, qui se produisit au fond du golfe Persique et prqjeta sur les plaines de la Mésopotamie les flots de la mer. Un terrible cyclone se joignit au raz de marée, et l’onde sismique transporta l’arche de la ville de Surippak, située sur le rivage de l’Euphrate, aux montagnes de Nizir. Cette translation de l’arche d’aval en amont, à contrepente des fleuves du pays, est à elle seule un indice certain du caractère sismique et marin du cataclysme. E. Suess, Die Sintfluth, eine geologische Studie, Ie’fascicule de YAntlitz der Erde, Prague et Leipzig, 1883, p. 11-27 ; R. de Girard, La théorie sismique du déluge, Fribourg, 1895, p. 23-541. Il est impossible de dire laquelle de ces théories se rapproche le plus de la vérité. Toutes prêtent le flanc à la critique. Elles ont au moins le mérite de montrer que le déluge, qui est historiquement certain, est physiquement possible.

E. Mangenot.

    1. DEMAS##

DEMAS ( Ay]u.î-, nom probablement contracté de Ay]iJiif)Tpioç, ou selon quelques-uns de A^ap^o ; ), compagnon de saint Paul, qui le nomme parmi ses collaborateurs. Philem., 24. Dans la conclusion de l’Épitre aux Colossiens, iv, 14, il est également nommé, mais sans les éloges et recommandations qui accompagnent les autres noms. On voit par ces deux Epitres que Démas était avec l’Apôtre pendant sa première captivité, à Rome. Mais durant son second emprisonnement, saint Paul se plaint à Timothée que Démas, par amour du monde présent, l’ait abandonné et se soit retiré à Thessalonique. II Tim., iv, 9. Son retour dans cette ville a fait supposer qu’il en était originaire. Saint Jean Chrysostome, In II Tim., hom. x, 1, t. lxii, col. 655. En tout cas, il n’était pas de race juive, puisque saint Paul, Col., iv, 11, 14, le sépare « de ceux qui étaient circoncis ». On ne sait comment il finit sa vie. Quelques Pères, entre autres saint Épiphane, Hxres., li, 6, t. xli, col. 897, ont conclu de II Tim., iv, 9, qu’il avait apostasie. D’après Estius, au contraire, ce serait Démas que saint Ignace dans sa leltre aux Magnésiens appelle leur évêque digne de Dieu. Mais aucun document ne vient appuyer ces diverses conjectures.

E. Levesque.

    1. DÉMÉTRIUS##

DÉMÉTRIUS (AY]M-f, Tpio-). Nom de deux rois de Syrie, d’un orfèvre d’Éphèse et d’un chrétien.

1. DÉMÉTRIUS l « SOTER, roi de Syrie, fils de Séleucus IV Philopator et petit-fils d’Antiochus III le Grand (fig. 488). Il régna de 162 à 150 avant J.-C ; de l’ère des Séleucides, 151-162.

I. Son histoire. — Tout enfant, en 175 avant J.-C, il fut envoyé en otage à Rome, en échange de son oncle, Antiochus IV Épiphane, et y resta pendant tout le régne de ce prince. À la mort d’Ëpiphane, en 164, il demanda au sénat la liberté et la permission d’aller occuper le trône de Syrie. Le sénat refusa. Démétrius s’échappa de Rome avec la complicité de Polybe et débarqua en Syrie. Il avait alors vingt-trois ans. Polybe, xxxi, 12. Le pays se déclara en sa faveur ; le jeune Antiochus V Eupator, son cousin, fut mis à mort avec son tuteur Lysias, et Démétrius devint maître du royaume. Polybe, xxxi, 19-23 ;