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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/939

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1807
1808
ENHASOR — ÉNIGME


tout en reconnaissant que Haziréh est, selon toute apparence, la reproduction d’un nom antique analogue, fait cependant à l’identification proposée une objection qui lui semble capitale : c’est qu’aucune source n’existe au milieu ou près des ruines dont nous venons de parler, et par conséquent Enhasor, qui devait la première partie de son nom à l’existence d’une source, sans doute considérable, sur l’emplacement qu’elle occupait, ne peut avoir été situé en cet endroit. Il est sur que cet argument enlève quelque chose de leur force aux deux premiers. — D’autres auteurs cherchent cette ville plus bas, au sudest d’Er-Raméh, l’ancienne Arama de Nephthali. Jos., xix, 36. Il y a là un site ruiné appelé Khirbet Hazour, occupant le plateau inférieur d’une colline nommée Tell Hazour. Certaines cartes même, comme celle de Van de Velde, signalent un’Aïn Hazour. On pourrait donc y voir V’En-Ifasôr de Josué. Cf. Keil, Josua, Leipzig, 1874, p. 161 ; W. M. Thomson, The Land and the Book, Londres 1, 1890, in-12, p. 333. Il est clair que le nom actuel, , « ; » -, Hazur, représente très bien la dénomination hébraïque. Mais cette hypothèse prête aussi le liane à plusieurs objections. D’abord les cartes les plus complètes, comme celle du Palestine Exploration Fund, Londres, 1880, feuille 6, ne mentionnent pas d’'Aïn Hazour, et c’est là le point important. Ensuite ni le tell ni le khirbet ne renferment de vestiges d’antiquité. Cf. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. iii, p. 81 ; V. Guérin, Galilée, t. ii, p. 458. Enfin, bien que paraissant plutôt appartenir à la tribu de Zabulon, ils peuvent à la rigueur rentrer dans la frontière de Nephthali ; mais ils s’éloignent alors des villes qui accompagnent Enhasor dans le texte de Josué. — Les deux localités avec lesquelles on a cherché à identifier Enhasor ne sauraient représenter la vieille cité chananéenne d’Asor, que quelques auteurs ont à, tort confondue avec celle-ci. Voir Asor 1, t. i, col. 1105.

A. Legendre.

’ÊN-HAQQORÊ’, nom donné par Samson à la

fontaine que Dieu fit jaillir, à sa prière, pour le désaltérer. Septante : irrflT toû lmxaXou|j.évoj ; Vulgate : Fons invocantis, « source de celui qui invoque ». Jud., xv, 19. Voir Samson et Ramathlechi.

    1. ÉNIGME##

ÉNIGME (hébreu : hîddh, de hûd, n. s’écarter, » parler par détours ; melîsâh, de lus, « parler obscurément ; » Septante : cuvtY ! « .a, rcp<5ë) l r]u.a ; Vulgate : enigma, problema), pensée proposée sous une forme obscure et allégorique et dont le sens est à deviner. — 1° Les anciens Orientaux avaient une propension marquée à exprimer énigmatiquement leurs pensées. Cf. Rosenmùller, Dos aile und neue Morgenland, Leipzig, 1818, t. iii, p. 68 ; Herder, Histoire de la poésie des Hébreux, trad. Carlowitz, Paris, 1851, p. 454. Ce goût des énigmes passa chez les Grecs et les Romains. Athénée, x, 457 ; Pollux, x, 107 ; Aulu-Gelle, Noct. attic, xviii, 2. Voir Konrad Ohlert, Râtsel und Gesellschaftspiele der alten Griechen, in-8°, Berlin, 1886. Aulu-Gelle, xii, 6, fait la remarque suivante : « Nous laissons l’énigme sans réponse, pour que les lecteurs s’affinent l’esprit par les conjectures et les recherches. » Ce jeu d’esprit plaisait aux anciens, et ils s’en servaient parfois pour donner plus de piquant à certaines idées morales et les graver d’autant plus profondément dans l’intelligence que celle-ci avait fait un plus grand effort pour les découvrir. — 2° Les Hébreux aimaient à poser et à résoudre des énigmes dans les réunions publiques, et surtout dans les festins. Cf. K. Ohlert, Râtsel, p. 60-67, 208-218. Au livre des Juges, xiv, 12-18, nous lisons que Samson en proposa une aux Philistins, en leur accordant sept jours pour la deviner. L’enjeu était de trente tuniques et de trente vêtements de rechange. Or Samson, quelques jours auparavant, avait trouvé dans la gueule d’un lion tué par lui précédemment, et laissé sur

le sol, un essaim d’abeilles avec un rayon de miel. Il proposa donc cette énigme : « Du dévorant est sorti l’aliment, et du fort est sortie la douceur. » Au bout de trois jours, les Philistins n’avaient encore rien trouvé. L’énigme supposait, en effet, la connaissance d’un fait assez peu commun. Us s’adressèrent alors à leur compatriote, l’épouse de Samson, qui se fit livrer le secret et le transmit aux intéressés. Le septième jour, avant le coucher du soleil, ceux-ci apportèrent leur réponse ; « Quoi de plus doux que le miel et de plus fort que le lion ? » À quoi Samson répliqua finement : « Vous n’auriez pas deviné mon énigme, si vous n’aviez pas labouré avec ma génisse. » Cet exemple nous montre la manière dont on procédait, et comment l’appât du prix à gagner s’ajoutait à l’intérêt du problème à résoudre. Cf. Joséphe, Ant. jud., V, viii, 6 ; Strauchius, De senigmate Simsonis, dans le Thésaurus de Hasée et Iken, Leyde, 1732, 1. 1, p. 545-552. — Salomon s’était acquis une grande réputation par son habileté à poser et à résoudre des énigmes. Eccli., xlvii, 17. La reine de Saba, qui en entendit parler, vint le trouver, tout d’abord « pour le mettre à l’épreuve au sujet des énigmes ». III Reg., x, 1 ; II Par., IX, 1. Le roi s’en tira à son honneur, et la royale visiteuse le jugea encore supérieur à sa réputation. III Reg., x, 7. A en croire Josèphe, Ant. jud., VIII, V, 3, Hiram, roi de Tyr, envoyait à Salomon des énigmes à résoudre. Le roi phénicien avait du reste parmi ses sujets un jeune homme, fils d’Abdémon, qui était fort habile à trouver les réponses. Josèphe, ibid. et Cont. Apion., i, 18. — Au livre des Proverbes, xxx, 1-33, plusieurs pensées sont proposées sous forme énigmatique ; la réponse suit d’ailleurs la demande : ꝟ. 15 : « Trois qui sont insatiables, un quatrième qui jamais ne dit : Assez ! » — ꝟ. 18 : « Trois qui me sont difficiles, un quatrième où je ne vois rien ; » — ꝟ. 21 : « Trois choses ébranlent la terre, elle ne peut souffrir la quatrième ; » — ꝟ. 24 : « Quatre les plus petits de la terre, et pourtant plus sages que les sages, » etc. Aussi n’est-il pas étonnant que le même livre, dès le début, i, 6, promette au disciple du sage l’art de résoudre les énigmes.

— Dans Isaïe, xxi, 11, 12, la prophétie sur Dumah prend le tour d’une énigme : « Un cri vient de Séir à mes oreilles : Sentinelles, quoi de la nuit ? quoi de la nuit ? — La sentinelle répond : Le matin est venu et de nouveau la nuit ; si vous voulez interroger, interrogez ; retournez - vous, venez ! » — Ézéchiel, xvii, 2-10, écrit aussi une prophétie sous cette forme : « Fils de l’homme, propose une énigme, raconte une parabole à la maison d’Israël et parlé ainsi : Voici ce que dit le Seigneur Dieu : Un grand aigle, à grandes ailes, à longues plumes, plein de plumes et de toutes couleurs, vint au Liban, prit la cime d’un cèdre, brisa la tête de ses branches, les transporta dans la terre des marchands, et les plaça dans la ville des commerçants. Ensuite il prit de la semence de la terre, pour la mettre dans un champ de culture ; il la prit et la mit dans un champ en plaine, auprès des eaux abondantes. Quand elle eut germé, elle devint une vigne luxuriante, , mais de petite taille, avec des rameaux qui la regardaient, et elle eut sous elle ses racines. Elle devint donc une vigne, , produisit des branches et poussa des surgeons. Or il y avait un [autre] grand aigle, aux grandes ailes, aux plumes abondantes, et voici que vers lui cette vigne inclina ses racines, tendit ses branches, pour qu’il l’arrosât hors des. parterres où elle était plantée, alors qu’elle était dans un bon terrain, plantée auprès des eaux abondantes, pour pousser des pampres, porter du fruit et être une belle vjgne. Dis donc : Voici ce que dit le Seigneur Dieu : S’en trouvera-telle bien ? Ne va-t-il pas (le premier aigle) arracher ses racines et ravager son fruit, pour qu’elle devienne stérile quand les pousses de ses branches seront desséchées ? » Dans ce passage, la parabole se mêle à l’énigme. — L’inscription tracée sur la muraille pendant le festin de Baltassar, Dan., v, 25, constitue une énigmeindéchiffrable pour tout autre que Daniel. Voir col. 1250..

— 3° Quelquefois l’énigme ne porte que sur un mot. Ainsi