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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/986

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1893

EPI — ÉP’IMÉNIDE

1894

sur la tige, ou qui ondule au souffle du vent ; c’est l’épi au sommet de la tige. Melîlâh (matai, « détacher, froisser » ) est la poignée d’épis qu’on arrache et qu’on froisse dans la main.’Abîb, c’est l’épi mur, ou, selon d’autres, l’épi encore tendre et laiteux, tel qu’il est avant d’être arrivé à son entière maturité.

1° Sibbôléf. — Dans le songe mystérieux que Joseph expliqua au pharaon, Gen., xli, 5, 6, 7, 22-24, 26, 27, les sept épis maigres et desséchés par le vent brûlant du sud-est dévorèrent les sept épis pleins, sortant d’une même tige, marquant par là que sept années d’abondance seraient suivies de sept années de stérilité. Ruth va glaner les épis dans les champs de Booz, et ce dernier, pour la favoriser, ordonne à ses serviteurs de laisser après eux beaucoup d’épis. Ruth, II, 2, 3, 7, 15, 17. Ces épis qui restent à glaner s’appellent léqét qesîr, « la glanufce de la moisson. » Lev., xix, 9 ; xxiii, 22. Vulgate : rémanentes spicas. La façon dont on moissonnait, en coupant seulement la tête des blés ou de l’orge, sert de Comparaison dans Job, xxiv, 24 : l’impie est moissonné comme la tête de l’épi. Quand on fait la moisson, on ne laisse que peu d’épis çà et là, ainsi dit-on dans la prophétie contre Damas et Israël, Is., xvit, 5 : « Les ennemis faisant la moisson en Éphraïm enlèveront les habitants en ne laissant qu’un petit reste. » Dans Zach., IV, 12, l’extrémité des rameaux d’olivier chargés de fruits est comparé à des épis : « deux épis d’olivier. » Enfin quelques interprètes entendent dans le sens d’  « épi » le sibbôléf de Jud., xii. 6, qu’il paraît plus naturel de traduire par courant, selon une autre signification du même mot. Dans le combat de Jephté contre les Éphraïmites, ces derniers, vaincus, se précipitaient vers le Jourdain pour repasser dans leur pays. Mais les habitants de Galaad s’étaient emparés des gués, et chaque fois qu’un fuyard d’Éphraïm se présentait pour passer, on lui demandait s’il était d’Éphraïm. Sur sa réponse négative, on l’amenait à prononcer le nom du courant (sibbôléf) du fleuve. Comme il disait sibbôléf au lieu de sibbôléf, cette prononciation particulière le trahissait, et aussitôt il était massacré. La signification de courant rapide est certaine pour Is., xxvii, 12, et Ps. lxix (Vulgate, lxviii), 3, 16 ; et il était assez naturel, au bord du Jourdain, de faire aux fuyards une question qui les amenait à prononcer le mot désignant le courant du fleuve. Cependant le sens d’  « épi » ne serait pas impossible, quoique moins indiqué par les circonstances. La Vulgate, Jud., xii, 6, à côté du mot scibboleth, donne l’interprétation d’  « épi ». Les Septante, selon le Codex Vaticanus, traduisent directement par cnixuç, sans reproduire le mot hébreu : ce qui rend le passage obscur. Mais selon le Codex À lexandrinus, au lieu de orcr/u ; on li’iùv6ïi(<.a, « mot de passe. » Ce n’est pas qu’il y ait eu réellement un mot de passe ; mais, par le fait, la différence de prononciation pour les Éphraïmites rendait tel le mot sibbôléf.

2° Melildh. — D’après la loi, Deut., xxiii, 25 (hébreu, 26), il est permis, en passant par un champ, de prendre quelques épis et de les froisser dans la main pour en manger les grains, mais non de les moissonner avec la faucille. C’est un droit reconnu encore parmi les Arabes. Ed. Robinson, Biblical Researches in Palestine, 3e édit., 1867, t. i, p. 493, 499. Nous voyons les Apôtres en user librement ; aussi les pharisiens, qui leur reprochent à ce sujet de violer le sabbat, ne trouvent pas l’acte répréhensible par rapport à la justice. Matth., xii, 1 ; Marc, ii, 23 ; Luc, vi, 1.

3° Abîb. — Dans l’oblation des prémices des céréales, Lev., ii, 14, il est recommandé de prendre des épis encore verts, tendres, de les griller, puis de les égruger et ainsi de les offrir au Seigneur. « Quand l’orge était en épis, » est-il dit Exod., ix, 31 ; dans le même sens, saint Marc, iv, 28, parle du blé ou de l’orge qui germe dans la terre, pousse une petite tige herbacée, puis porte un épi, lequel se remplit de grains. Le mois dé Nisan, coïnci dant avec l’époque des épis mûrs, est appelé « mois d’Abib ». Exod., xiii, 4 ; xxiii, 15 ; xxxiv, 18 ; Deut., xvi, 1.

4° La Vulgate emploie plusieurs fois le mot spica, là où l’original ne porte aucun des noms précédents, ni aucun mot désignant expressément un épi. Ainsi’ôrnêr, « gerbe, » est traduit par manipulas spicarum, Lev., xxm, 10 ; fyittim, « grains de blé, » est rendu par spicas tritici, dans II Reg., iv, 6. E. LevesQUE.

    1. ÉPICURIENS##

ÉPICURIENS (’Emxoupetot, Epicurei), sectateurs de la philosophie d’Épicure. Act., xvii, 18. Épicure (342270 avant J.-C, ), philosophe grec, né à Samos, mais d’origine athénienne, se fixa définitivement à Athènes à l’âge de trente-cinq ans, et y enseigna, dans un jardin qu’il avait acheté dans cette ville (Horti Epicuri), la doctrine philosophique à laquelle il donna son nom. Son enseignement dura trente-six ans, c’est-à-dire jusqu’à sa mort. Il avait adopté la théorie atomistique de Démocrite, et, à la suite d’Aristippe de Cyrène, il fit du plaisir le but de la vie et le résumé de la morale. Sans nier l’existence des dieux, il les relégua hors du monde et admit qu’ils ne s’occupaient point de l’humanité. Les conséquences de cette doctrine, quelles que fussent les intentions de son auteur, furent l’athéisme et le matérialisme. Dès avant la mort d’Épicure, Zenon avait fondé, à Athènes même, l’école stoïcienne, destinée à combattre l’épicurisme ( voir Stoïciens) ; mais une philosophie qui favorisait les mauvaises passions était devenue rapidement populaire, et au commencement de l’ère chrétienne elle dominait en Grèce. « L’école [épicurienne] se perpétua sans interruption, dit Diogène Lærce, X, v, 9, et tandis que disparaissaient presque toutes les autres, elle eut toujours des sectateurs. » Toute la philosophie grecque semblait alors se résumer dans les deux écoles opposées des Épicuriens et des Stoïciens. Act., xvii, 18. La doctrine épicurienne se réduisait elle-même, pour la plupart de ses adhérents, à la négation de la Providence et de la loi morale. C’est pourquoi saint Paul, dans le discours qu’il adresse aux Athéniens, sachant que ses auditeurs sont les uns Épicuriens et les autres Stoïciens, insiste sur les dogmes chrétiens de la création, de la providence, de la résurrection et du jugement. Act., xvii, 24, 26, 31. Ceux qui étaient imbus des idées matérialistes et fiers de leur fausse science n’accueillirent qu’avec des moqueries l’annonce de ces grandes vérités, qui devaient renouveler la face du monde. Act., xvii, 32. — Les écrits d’Épicure, que Diogène Lærce porte jusqu’à trois cents, sont perdus. On en a retrouvé des débris dans des papyrus enfouis dans les ruines d’Herculanum. Quelques fragments des livres H et xi d’un Traité sur la nature ont été publiés parj. C.Oveïïi, Fragmenta librorum u et xi de Nalura in voluminibus papyraceis ex Herculano erutis reperta, in-8°, Leipiig, 1818. J. G. Schneider a édité Epicuri Physica et Meteorologica, duabus epistolis ejusdem convprehensa, in-8°, Leipzig, 1813. — Voir Herm. Wygmans, Quœstiones variée de philosophia Epicuri, in-8°, Leyde, 1834 ; M. Guyau, La morale d’Épicure, 3e édit., in-8°, Paris, 1886. F. Vigouroux.

    1. ÉPIMÉNIDE##

ÉPIMÉNIDE, poète grec, né à Cnosse, en Crète. Il passait pour avoir un commerce intime avec les dieux. Platon, De leg., i, édit. Tauchnitz, t. v, 1873, p. 25, l’appelle « un homme divin », àvrip Œïo ; , et Cicéron, De divin., i, 18, l’associe. à la Sibylle d’Erythrée, parmi ceux qui futura prsesentiunt. Solon l’appela à Athènes en 596 avant J.-C ; il y éleva de nouveaux autels, Ut divers règlements utiles et réconcilia les partis divisés. Diogène Lærce, i, 10, lui attribue de nombreux poèmes. C’est de ce poète, regardé par les Grecs comme une sorte de prophète, que parle saint Paul, lorsqu’il dit dans son Épltre à Tite, i, 12 : « Un d’entre eux (des Cretois), leur propre prophète, a dit : Les Cretois sont toujours menteurs, méchantes bêtes, ventres paresseux. » Callimaque,