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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome III.djvu/10

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GABAA

L’hébreu porte ici : L’embuscade s'élança, mim-Ma'ârêh-Gâba' ; Septante : Ϻαρααγαϐὲ. Ce passage obscur a été différemment rendu par les versions et diversement interprété par les commentateurs. Le Codex Alexandrinus, ἀπὸ δυσμῶν τῆς Γαϐαά, est d’accord avec la Vulgate, qui fait venir « de l’occident » les troupes embusquées. La manière la plus simple, en effet, d’entendre le texte, est probablement de voir la ville attaquée à l’ouest et au sud, les deux côtés pour lesquels les assiégés craignaient le moins, puisqu’ils croyaient tout Israël enfui vers le nord et peut-être vers l’est. Cf. F. de Hummelauer, Comment. in lib. Judicum, Paris, 1888, p. 334. Pressés rudement, les Benjamites finirent par succomber et s’enfuirent en prenant le chemin du désert, c’est-à-dire vers l’est. Jud., xx, 35-43. — Cette seconde partie du récit ne nous apporte aucune lumière, sinon que Gabaa se trouvait près de Baal-Thamar, et, suivant l’interprétation qu’on peut donner à Jud., xx, 31, au carrefour de deux routes, mesillôṭ, l’une se dirigeant au nord, l’autre probablement à l’est.

[Image à insérer] Tell el-Foûl. D’après une photographie.

De tous les renseignements fournis par l'Écriture, il ne ressort que deux points bien déterminés, entre lesquels il faut chercher Gabaa : Jérusalem, au sud, et, au nord, Rama, aujourd’hui Er-Râm, à environ dix kilomètres plus loin. Voir la carte de Benjamin, t. i, col. 1588. L’ouadi Samri ou Zamri, à l’est de Tell el-Foûl, rappelle peut-être Baal-Thamar, Voir Baalthamar, t. i, col. 1342. Josèphe, Ant. jud., V, ii, 8, rapportant l’histoire du lévite, nous dit que celui-ci, en passant devant Jébus, ne voulut pas séjourner dans une ville chananéenne, et préféra parcourir vingt stades (3 kilomètres 700 mètres) de plus pour s’arrêter dans une ville d’Israélites ; ce que faisant, il vint à Gabaa de la tribu de Benjamin. Cette distance conduit à peine à Scha’fât, village situé sur un plateau élevé, d’où l’on découvre parfaitement les coupoles et les minarets de Jérusalem. « Il y avait une ville où est ce village ; les citernes antiques et d’autres restes le disent assez : elle était la première que devait trouver le lévite sur sa route. » L. Heidet, Maspha et les villes de Benjamin, Gabaa, Gabaon et Béroth, dans la Revue biblique, Paris, 1894, p. 337. D’après l’auteur de cet article, Scha’fât ne peut représenter que Gabaa. Il est cependant un autre passage du même historien juif qu’on peut rapprocher de celui-ci. Parlant, Bell. jud., V, ii, 1, de la marche de Titus sur Jérusalem, il nous apprend qu’il s’avança à travers la Samarie jusqu'à Gophna (aujourd’hui Djifnéh). « Là, dit-il, il campa une nuit, et le matin continua sa marche ; ayant fait une étape d’une journée, il établit son camp dans le lieu appelé des Juifs en leur langue la vallée des Épines, près d’un village appelé Γαϐαθσαούλη, Gabath-Saül (ce qui veut dire « la hauteur de Saül »), éloigné (δίεχων) de Jérusalem d’environ trente stades. » Dans le texte grec, il est clair, que le mot δίεχων, « éloigné, » ne se rapporte pas au village de Gabath-Saül, puisque ϰώμη est du féminin, mais à Titus ou à son camp. C’est donc, en réalité, la vallée des Épines qui est distante de trente stades, ou cinq kilomètres 548 mètres. Ce chiffre, d’après M. Heidet lui-même, Revue biblique, p. 337, note, « nous conduit… à l’ouadi ed-Dumm, « vallée des Doumm, » arbuste épineux, peut-être celui que Joséphe désigne sous le nom générique de Ἄϰανθα. » Or, l’ouadi en question est un peu au-dessus de Tell el-Fûl, localité avec laquelle on identifie généralement notre Gabaa. On peut donc croire que le bourg indiqué par l’historien comme voisin du camp est celui-ci, plutôt