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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome III.djvu/464

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INSPIRATION


col. 34 ; v, 33, col. 152. De ce que l’Écriture est divinement inspirée, saint Ambroise, De Spir. Sanct., iii, 112, t. XVI, col. 803, conclut que le Saint-Esprit est Dieu. L’accord des deux Testaments est, à ses yeux, une preuve de l’unité de leur auteur. De parad., 8, n° 38, t. xiv, col. 291-292. C’est le même Esprit de vérité qui a inspiré les prophètes et les apôtres. De Spir. Sanct, , i, 4, n »  » 55 et 60, t. xvi, col. 718, 719. Les évangélistes n’ont pas eu d’efforts à faire pour écrire les Évangiles, l’Esprit divin leur communiquait abondamment les pensées et les paroles. Saint Luc s’est décidé, non d’après son bon plaisir seul, mais aussi selon le bon plaisir du Christ qui parlait en lui. In Luc., i, 1-3, 10 et 11, t. xv, col. 1533-1534, 1538. Les écrivains sacrés ont écrit, non d’après les réglés de l’art, mais suivant la grâce qui surpasse tout art ; ils ont écrit ce que le Saint-Esprit leur faisait dire. Epist. i, VIII, 1, t. XVI, col. 912. Saint Jérôme n’a cessé d’affirmer l’inspiration des Saintes Écritures. Pour lui, elles sont toutes du même Esprit et ne forment qu’un seul livre. In Is., ix, 29, t. xxiv, col. 332. Les prophètes n’étaient pas privés de sentiment, comme Montan l’a rêvé ; ils comprenaient ce qu’ils disaient et étaient libres de parler ou de se taire. Ibid., prolog., col. 19-20. L’illustre traducteur de la Bible ne se disait ni assez sot ni assez rustique pour penser qu’aucune parole de Notre-Seigneur, rapportée dansles Évangiles, ne soit divinement inspirée. Ep. xxrn, n » 1, t. xxii, col. 431. Rien dans l’Épître à Philémon ne lui paraît indigne de l’Esprit qui a suggéré tout ce qui est écrit. In Ep. ad Philem., prolog., t. xxvi, col. 599-602. Quand saint Paul semble parler en son nom propre, il n’est pas privé du Saint-Esprit. In Epist. ad Gal., iii, ibid., col. 403. Saint Augustin a prouvé surabondamment contre Fauste le manichéen que Dieu était l’auteur des deux Testaments. Les prophètes n’ont pas reçu un autre Esprit que les Apôtres. In Joa., xxxil, n » 6, t. xxxv, col. 1645. C’est par une providence spéciale du Saint-Esprit que saint Marc et saint Luc ont écrit l’Évangile, quoiqu’ils ne fussent pas apôtres comme saint Matthieu et saint Jean. De consensu Evangel., i, 1, n. 1-2, t. xxxiv, col. 1041-1043. Saint Augustin regarde comme divins les livres des autres Apôtres, parce que la parole de Dieu a été donnée aux hommes par les Apôtres aussi bien que par la loi, les prophètes et les Psaumes. De unit. Eçcl., 29, t. xxiii, col. 411. — Les Pères et les docteurs des siècles suivants ont conservé et transmis la doctrine de leurs prédécesseurs sur l’origine divine des Saintes Ecritures. Tous ont cru et enseigné que les écrivains sacrés avaient écrit sous l’inspiration du Saint-Esprit et qu’ainsi la Bible tout entière, était la parole de Dieu. Sur la tradition des Pères et l’enseignement des docteurs du moyen âge au sujet de l’inspiration biblique, voir P. Dausch, Die Schriftinspiration, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1891, p. 45-102 ; C. Holzhey, Die Inspiration der hl. Schrift in der Anschauung des Mittelalters, von Karl dem Grossetn bis zum Komil von Trient, in-8°, Munich, 1895 ; Rohnert, Die Inspiration der heiligen Schrift und ihre Bestreiter, Leipzig, 188t>, p. 85-134.

/II. DÉCISIONS OFFICIELLES DE L’ÈGLISB. — La foi de

l’Église en l’inspiration et l’origine divine des Écritures, que l’enseignement unamine des Pères et des Docteurs manifestait si clairement, reçut, au cours des siècles, une expression plus solennelle dans les symboles et fut officiellement définie par les conciles et les souverains pontifes. Dans la formule définitive du symbole de Nicée, qui fut adoptée en 381 au premier concile œcuménique de Constantinople, les catholiques croient au Saint-Esprit, tt) XaXî](Tov Stà i&’i TCpofT|Tb>v, « qui parlait par les prophètes, » les inspirait dans leurs discours et leurs écrits. DenzingerjHÉncfemdion symbolorum, 5e édit., Wurzbourg, 1874, n ?. 47, p. 16. La profession de foi que les Pères du quatrième concile de Carthage imposèrent en 398 aux nouveaux évêques, et qui est encore en usage

DICT. DE LA. BIBLE.

aujourd’hui, contenait ces paroles : Credo etiam Novi et Veteris Testamenti, Legis et Prophetarum et Apostolorum unum esse auctorem Deum et Dominum oninipotenteni. Hardouin, Collectio conciliorutn, t. i, p. 978. Elle est rédigée contre les manichéens qui attribuaient l’Ancien Testament au mauvais principe et le Nouveau au vrai Dieu. Au concile de Tolède, tenu en 447 contre les priscillianistes qui partageaient sur ce point l’erreur des manichéens, anathème fut porté contre quiconque « dirait ou croirait qu’autre est le Dieu de l’ancienne loi, autre celui des Évangiles ». Denzinger, n » 121, p. 36. La profession de foi que saint Léon IX fit souscrire à l’évêque Pierre d’Antioche et celle que l’empereur Michel Paléologue présenta à Grégoire X, en 1274, au second concile œcuménique de Lyon, contenaient la formule employée au quatrième concile de Carthage. Denzinger, n. 296 et 386, p. 1Il et 143. Celle qu’Innocent III prescrivit en 1210 aux Vaudois qui voulaient rentrer dans l’Église, disait : « Nous croyons que le Seigneur qui, subsistant en trois personnes, a créé toutes choses de rien, est l’unique et même auteur de l’Ancien et du Nouveau Testament. » Denzinger, n. 367, p. 135. Le Décret pour les jacobites, promulgué par Eugène IV au concile de Florence en 1441, exprime aussi cette croyance et l’enseignement de l’Église romaine : « Elle professe que l’unique et même Dieu est l’auteur de l’Ancien et du Nouveau Testament, c’est-à-dire de la Loi, des Prophètes et de l’Évangile, parce que les saints de l’un et l’autre Testament, dont elle reçoit et vénère les livres, ont parlé par le même Esprit-Saint ». Denzinger, n. 600, p. 178. Ces expositions de la foi catholique avaient directement pour objet de condamner l’erreur du manichéisme, qui a persévéré jusqu’en plein moyen âge ; mais elles déclaraient aussi que Dieu est l’auteur ou la cause principale des Écritures. Or le Décret pour les jacobites donne expressément la raison de l’origine divine des Livres Saints ; c’est l’inspiration des écrivains sacrés, auteurs secondaires de la Bible. Le concile de Trente, sans définir formellement l’inspiration des Livres Saints que les protestants ne niaient pas (voir Rohnert, Die Inspiration der heiligen Schrift, Leipzig, 1889, p. 134-169 ; Rabaud, Histoire de la doctrine de l’inspiration des Saintes Écritures dans les pays de langue française, de la Réforme jusqu’à nos jours, Paris, 1883, p. 29-74), exprime sa foi en l’origine divine de l’Écriture : « Suivant les exemples des Pères orthodoxes, il reçoit et vénère tous les livres tant de l’Ancien que du Nouveau Testament, puisque l’unique Dieu est l’auteur de tous deux ». Sess. iv, Décret, de canonicis Scripturis. Les rationalistes modernes niant l’inspiration de tous les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament, le concile du Vatican, Const. Dei Filius, can. 4, De révélât., définit contre eux la foi de l’Église et frappa d’anathème quiconque nierait que les Livres Saints, inscrits au canon du concile de Trente, sont divinement inspirés. Au chapitre deuxième de la même Constitution, il a précisé la nature de l’inspiration, en déclarant que l’Église tient ces livres pour sacrés et canoniques, « parce que, écrits sous l’inspiration du Saint-Esprit, ils ont Dieu pour auteur. » Acta et décréta conc. Vaticani, dans la Collectio Lacencis, t. vii, Fribourg-en-Brisgau, 1892, p. 251, 255. Léon XIII, Enc. Providentissimus Deus, t. i, p. viii, a répété cette définition et affirmé que telle a toujours été la doctrine constante de l’Église au sujet des livres des deux Testaments.

III. Nature de l’inspiration. — Il est donc de foi catholique que l’Écriture Sainte est d’origine divine, qu’elle se distingue des livres profanes en ce qu’elle a Dieu pour auteur principal. Mais Dieu n’est pas l’auteur unique des Livres Saints ; il ne les a pas écrits de son doigt comme les tables de la Loi ; pour les rédiger, il s’est servi d’écrivains humains, qui ont été ses intruments intelligents et libres. L’action divine qui s’est exercée

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