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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome III.djvu/496

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ISAIE (LE LIVRE D’)


concerne la première partie on admet généralement que les chapitres i-vi sont l’œuvre d’Isaïe ; quelques auteurs pourtant soutinrent que ii, 2-4, appartiennent à un auteur plus ancien qu’Isaïe. Le Hollandais Roorda fit entendre une note discordante ; pour lui dans les chapitres i-vi, il n’y a que ii, 2-4, qui soient d’Isaïe ; tout le reste appartient à Michée ; cf. Alexander, Isaiah, t. i, p. 16. — Gesenius soutint que vil, 1-16, n’est pas probablement d’Isaïe, parce que le prophète y est mentionné à la troisième personne ; Der Prophet Jesaia, Leipzig, 18211829. Hitzig réfuta cette opinion et fut suivi en cela par la plupart des critiques ; Der Prophet Jesaia, in-8°, Heidelberg, 1839. — Koppe prétendit que la chapitre su est un cantique d’une date postérieure à Isaïe ; Jesaias neu libers, von Lovilh, 4 in-8°, Leipzig, 1779-1781. Ewald reprit cette hypothèse ; Die Propheten des alten Bundes erklârt, 2 in-3°, Stuttgart, 1840-1841 ; elle fut rejetée par Umbreit, Jesaia, 2e édit., in-8, Hambourg, 1842. — Bertholdt attribua à Jérémie les chapitres xv-xvi ; Hist. Kritische Einleitung in die Bûcher des A. und N. Testaments, 6 in-8°, Erlangen, 1812-1829 ; Ewald et Umbreit les assignent à un prophète inconnu plus ancien qu’Isaïe ; Hitzig, Maurer, Commentarhis gram.-criticus in V. T., 4 in-8°, Leipzig, 1835-1847, et Knobel, Der Prophet Jesaia, 4e édit., revue par L. Diestel, in-8°, Leipzig, 1872 (dans le Kurzgefasstes eoceg. Handb.), les attribuent à Jonas. — Eichhorn rejette le chapitre xix ; Die hebràische Propheten, 3 in-8°, Gœttingue, 1816-1819 ; Gesenius doute de l’authenticité des ji. 18-20 de ce même chapitre ; Koppe attaqua eelle des 11. 18-25 ; Hitzig pensa que les ꝟ. 16-25 sont l’œuvre du prêtre Onias. — On rejeta assez universellement les dix premiers versets du chapitre xxi, sous prétexte qu’ils ressemblent trop aux chapitres xiii et xrv. — Suivant Movers, le chapitre xxiii est l’œuvre de Jérémie ; Krit. Untersuchungen ûber die biblische Chronik ; Ein Beitrag zur Einleitung in das A. T., in-8°, Bonn, 1834 ; Eichhorn et Rosenmûller, Scholia in V. T., 3e édit., 3 in-8°, 1829-1834, déclarent que ce chapitre appartient à un auteur inconnu plus ancien qu’Isaïe ; pour Ewald, il est d’un disciple d’Isaïe.

— La prophétie, contenue dans les chapitres xxiv-xxvi, a été, d’après Knobel, écrite en Palestine vers le commencement de l’exil de Babylone ; au dire de Gésénius, « lie a été écrite à Babylone vers la fin de la captivité et par l’auteur des chapitres xl-lxvi ; Gromberg place sa composition après le retour de l’exil ; Krit. Geschichte der Reîigions-Ideen des A. T., in-8°, Berlin, 1829 ; Ewald la place au contraire avant l’invasion dé l’Egypte par Caihbyse ; pour Vatke, elle aurait été écrite dans la période des Machabées ; Die biblische Théologie wissenschaftlich dargestellt, in-8°, Berlin, 1835 ; pour Hitzig, « ’est en Assyrie, peu de temps avant la chute de Ninive.

— D’après Koppe, les chapitres xxviii-xxxiii contiennent diverses prophéties de divers auteurs ; pour Hitzig, ce sont des prophéties successives d’un seul et même auteur.

— Quant aux chapitres xxxiv-xxxv, ils sont, d’après Rosenmûller et de Wette, Einleitung in die Bibl. Allés und Neues Test., t. i, in-8°, Berlin, 1848-1852, l’œuvre de l’auteur des vingt-sept derniers chapitres ; Ewald, au contraire, déclara cette attribution impossible. Cf. Trochon, Isaïe, p. 3-5. Nous de poursuivrons pas plus loin cette exposition des diverses positions prises par la critique rationaliste. — Qu’il nous suffise de résumer les conclusions généralement admises aujourd’hui dans le camp de la critique négative. On rejette comme inauthëntiques les fragments suivants : xm-xiv, 23 (prophétie contre Babylone) ; xv-xvi, 12 (prophétie contre Moab) ; xxi, 1-10 (prophétie contre Babylone ravagée par les Mèdes et les Perses) ; xxrv-xxvii (prophéties contre les nations étrangères) ; xxxiv-xxxv (prophéties sur la ruine de l’Idumée et ( la venue du Libérateur) ; enfin quelques critiques, en moins grand nombre, rejettent aussi Je chapitre xxjii (prophétie contre Tyr) ; cf. E. Reuss, La


Bible, 1877 ; Wellhausen, dans VEncyclopxdid britannica, 9e édit., t. xvi, p. 535 ; W. R. Smith, The prophets of_Israël and their place in history to the close of the 8°> century B. C, 1882, 2e édit., 1895, p. 91, 392 ; Dillmann, 5e édit. refondue du commentaire de Knobel, 1890 ; Kuenen, Einleitung, 2e édit., t. ii, 1889, p. 28-157 ; T. K. Cheyne, Introduction to the book of Isaiah, 1895, p. 121, 147 ; Frz. Delitzsch, Messian. Weissagungen in gesch. Folge, 1890, traduction anglaise, Edimbourg,

1891, § 44 ; Kirkpatrick, The doctrine of the prophets,

1892, p. 475 ; Smend, dans la ZeiUchrift fur die Alttest. Wissenschaft, 1884, p. 161 ; Driver, Intr. to the Lit, of Ihe old Test., 7e édit., 1898, p. 213, 214, 216, 217, 218220, ’225, 226 ; Marti, Jesaja, p. 117, 133, 161, 177, 182, 242 ; tous ces auteurs sont dans l’ensemble hostiles à l’authenticité des fragments énumérés.

2. Démonstration de l’authenticité de la première partie. — Les preuves qui établissent l’authenticité de la première partie sont assez nombreuses. Nous ferons valoir les plus importantes :

Divergence entre les auteurs.

L’esquisse historique

que nous venons de dessiner montre bien à quelles conclusions diverses et parfois opposées sont arrivés les critiques. Si l’on excepte quelques points, pour tout le reste ils sont en complet désaccord ; ils ne s’entendent ni quant à l’auteur, ni quant au lieu, ni quant à la date des fragments dont ils nient l’authenticité, et qu’ils se refusent à attribuer à Isaïe lui-même. Cette divergence de vues, ce grand nombre d’opinions sont déjà une preuve, négative il est vrai, en faveur de l’authenticité.

Répétitions dans les auteurs postérieurs.

Beaucoup

des oracles de la première partie d’Isaïe sont répétés dans les auteurs postérieurs, ainsi :

A. » - Prophétie contre Babylone, xm-xrtr, 23. — Is., xiii-xiv, 23, se trouve répété dans Jer., l-li. Cf. Keil, Lehrbuch der histor. krit. Einleitung, 2e édit., § 67, 10.

Is., xiii, 3, est répété dans Soph., i, 7. — Is., xiii, 2022 ; xxxiv, 11, et Soph., ii, 13-15.

B. — Prophétie contre Moab, xv-xvi, 12. — On peut admettre sans inconvénient qu’Isaïe a emprunté cet oracle à un auteur plus ancien. Lui-même semble le laisser entendre dans la réflexion qui sert comme de conclusion à l’oracle, xvi, 13-14 : « Hoc verbum, quod locutus est Dominus ad Moabea : tune : Et nunc locutus est Dominus dicens, etc. » L’oracle n’en serait pas moins authentique dans ce sens que de fait il a été prononcé par Isaïe, mais ce serait la répétition d’une prophétie antérieure. Cf. Knabenbauer, In Is., t. i, p. 17.

C. — Prophétie contre Tyr, xxiii. — Gesenius et de Wette ne trouvent pas convaincantes les raisons de ceux qui rejettent l’authenticité de cette prophétie. D’autres auteurs protestants la regardent comme authentique ; Ainsi Keil, op cit. ; Dreschsler, Der Prophet Jesaja ; m" part., Stuttgart, 1845, 1849 ; Frz. Delitzsch, Jesaja, 3= éd., Leipzig, 1879 ; Nâgelsbach, Der Prophet Jesaja, Bielefeld et Leipzig, 1877.

D. — Oracles contre les nations étrangères, xxivxxvii. — Ces oracles se retrouvent dans des auteurs postérieurs. On peut s’en assurer par le tableau ci-dessous :

Isaïe. Jérémie.

xxiv, 1-12, 19, 20, 23… iv, 23-26.

IU., ±0. Id., 1.

ld., 4. viii, 13.

Ézéchiel.

xxvi, 21. …. xxiv, 8.

xxvii, 1 xxix, 3.

Nahum.

xxiv, 1 ii, 10.

Cf. Scholz, Commun tar zum Bûche des l’roph. Jeremia, p. 62, 125, 166 ; Keil, toc. cit.

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