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1087 JACQUES (SAINT) LE MINEUR - JACQUES (ÉPITRE DE SAINT) 1088

et n’embrassât la foi à la divinité de Jésus. Comme il ne mourut pas de sa chute, ils voulurent l’achever à coups de pierres. Pendant qu’on le lapidait, le juste à genoux répétait les paroles du divin Maître sur la croix : « Je vous prie, Seigneur, Dieu Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu’ils font. » Sur ces entrefaites, un des fils de Réchab, fils des Réchabites dont parle le prophète Jérémie, s’écria : « Cessez ; que faites-vous ? Le Juste prie pour vous. » Enfin comme la lapidation n’était pas un moyen assez expéditif aux yeux des persécuteurs, un foulon l’acheva à coups de bâton. Cf. Eusèbe, H. E., ii, 23, t. XX, col. 197-204 ; V. Ermoni, Les

201. — Tombeau dit de saint Jacques dans la vallée de Josaphat. D’après une photographie.

Églises de Palestine aux deux premiers siècles, dans la Revue d’histoire ecclésiastique, janvier 1901, p. 17-18. Le même Hégésippe rapporte, col. 201, que Jacques fut enterré dans le lieu même de son martyre, et qu’on voyait encore son tombeau près du temple. Au témoignage d’Eusèbe, on conservait religieusement sa chaire. H. E., vii, 19, t. xx, col. 681 ; 32, col. 733. — D’autres données, qui paraissent avoir un caractère légendaire, se greffèrent sur la tradition relative à Jacques ; on dit qu’il était marié, peut-être à cause de I Cor., ix, 5 ; c’était un rigide ascète, un nazaréen vivant continuellement dans le temple, comme Anne la prophétesse. Cf. Routh, Reliquise. sacrée, Oxford, 1846. t. i, p. 228 ; Stanley, Apostolical âge, Oxford, 1847, p. 319. — L’historien Josèphe varie un peu les détails de son martyre ; ce qu’il y a de plus intéressant, c’est que le grand-prêtre Ananias fit comparaître Jacques et quelques autres devant le sanhédrin, et, les ayant accusés de violer la loi, les livra pour être lapidés. Ânt. jud., XX, ix, 1. — Saint

Épiphane mentionne d’au Ires circonstances. Sur la foi d’Eusèbe et de Clément, il nous apprend, Hser., xxix, 4, t. xii, col. 396, que Jacques portait sur la tête de irÉTa>ov ou lame d’or du grand-prêtre, Lev., viii, 9 ; H doit probablement confondre avec ce que Polycrate, évêque de Smyrne, dit de l’apôtre saint Jean. Eusèbe, H. E., v, 24, t. xx, col. 493. Il serait mort à l’âge de 96 ans, et aurait gardé la virginité perpétuelle. Hser., lxxviii, 13, t. xlii, col. 720. — Enfin si l’on en croit Grégoire de Tours, il aurait été enterré sur le mont des Oliviers dans un tombeau où il axait déjà fait enterrer Zacharie, père de Jean-Baptiste, et le saint vieillard Siméon. De glor. mart., i, 27, t. lxxi, col. 727, 728. Un des tombeaux de la vallée de Josaphat porte le nom de saint Jacques le Mineur (fig. 201). Il est situé vis-à-vis de l’angle sudest de l’esplanade du Temple de Jérusalem. C’est une excavation taillée dans le roc et comprenant plusieurs salles et des galeries. D’après la tradition locale, Jacques, frère du Seigneur, s’y serait réfugié pendant la Passion et y aurait été enterré après son martyre.

V. Ermoni.

    1. JACQUES (ÉPITRE DE SAINT)##


3. JACQUES (ÉPITRE DE SAINT), la première des Épltres catholiques. Voir Catholiques (Épures), t. ii, col. 350.

I. Destinataires.

L’Épître porte la suscription ; « aux douze tribus qui sont dans la dispersion, » ïaïç StiSsxa çuXaîç t<xïç èv xîj SiacjTropà. Jac., l, l.Les destinataires sont aussi les frères de i’auteur. Jac, i, 2. Quels sont-ils ? On a proposé trois opinions, dont deux, les extrêmes, sont fausses : — 1° opinion. — Quelques exégètes, entre autres Lardner, Macknight, Theile, Credner, Hug, pensent que l’Épître s’adresse à tous les Juifs sans distinction. Cette opinion n’est pas probable. — 1. Elle est écartée par la condition même des destinataires : ils sont les frères de l’auteur, Jac, I, 2, 19, etc. ; ils ont été engendrés avec lui par la parole de vérité ; ꝟ. 18, ils reçoivent le verbe qui peut sauver leurs âmes ; y. 21 ; ils portent « un bon nom », xoc), àv 6’vou.a, qui est invoqué sur eux, c’est-à-dire le nom de Jésus-Christ, il, 7 ; tout cela ne peut convenir qu’à des chrétiens. — 2. Jac, ii, 1, montre qu’ils ont la foi en Jésus-Christ, qu’ils pratiquent cette foi sans acception de personnes, c’est-à-dire sans respect humain ; cela ne convient non plus qu’à des chrétiens. — 3. Jac, v, 7, les exhorte à pratiquer la patience jusqu’à l’avènement du Seigneur ; ce langage ne peut s’adresser qu’à des chrétiens. — Les partisans de cette opinion opposent trois arguments : 1. Au commencement de l’Épître, disent-ils, il y a une salutation générale ; à la fin, il n’y a pas de bénédiction chrétienne, ce qui prouve qu’elle ne s’adresse pas exclusivement à des chrétiens. — En parlant ainsi, ils ne prennent pas garde que la salutation générale du commencement : « aux douze tribus, » est restreinte par les divers correctifs dont nous venons de parler ; et quant au manque de bénédiction à la fin, ce n’est pas un indice suffisant. — 2. Le chapitre m convient, assure-t-on, à tout le monde : aux Juifs aussi bien qu’aux judéo-chré-, tiens. — Sans doute, mais c’est parce que : a) il est des exhortations générales qui s’adressent à tout le monde et qui conviennent à toutes les situations ; b) certains indices de ce chapitre montrent que l’auteur parle à des judéo-chrétiens ; ainsi : iii, 1. fait évidemment allusion aux paroles de Jésus ; Matth., xxiii, 8 ; iii, 9, emploie un terme foncièrement chrétien : « Patrem. » — 3. Jac, iv, 1-10, prétend-on, vise les intrigues des Juifs, et particulièrement des zélotes. — Ce passage convient à tout le monde, car les discordes, dont il y est question, sont celles qui proviennent de nos passions et de nos mauvaises inclinations, Jac, iv, 1.

S 1 opinion. — Koster, Kern et de Wette ont prétendu que le titre 1, 1, « aux douze tribus, est purement symbolique ; au sens littéral il indiquerait les ethno-chrétiens, vivant en dehors de la Palestine et formant le