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    1. JÉHOVAH##

JÉHOVAH (THÉODICÉE) — JÉLTU

124ï

Cf. II Reg., v, 23-21 ; vil, H ; Num., xiv, 20-21 ; Ps. lxv (xliv), 8 ; Jer., xxxii, 12. — 3. Le Messie reçoit des attributs divins tout en restant distinct de Jéhovah ; l’Ange de Jéhovah, appelé aussi l’Ange de l’alliance, parle et agit en qualité de Dieu, il semble identique à Jéhovah et pourtant différent de lui ; de même l’Esprit de Dieu dans Ézéchiel, la Sagesse de Dieu dans les Proverbes. Isolés, ces faits n’auraient rien de décisif ; réunis, ils emportent la conviction et permettent de reconnaître des allusions à la Trinité même dans des énonciations moins nettes ; par exemple : « Le Verbe de Dieu a fait lescieux, et son Esprit toute leur milice. » Ps. xxxiii (xxxii), 6.

— Mais tout cela, comparé à la clarté du Nouveau Testament, n’est qu’ombre et ténèbres. Non seulement nous constatons au sein de Dieu une triade, } Cor., xii, 4-11 ; Rom., viii, 14-17, 26-30, mais cette triade est composée de personnes divines qui envoient ou sont envoyées, qui donnent l’une à l’autre ou reçoivent l’une de l’autre, Joa., xiv, 16, 26 ; xv, 26 ; xvi, 7, 10, 13, 15 etc., qui, en particulier, confèrent à titre égal une chose dont Dieu seul peut disposer, la grâce, II Cor., X[H, 14, et à qui l’homme tout entier est voué et consacré par le baptême. Matth., xxviii, 19. Voir Jésus-Christ, VIII, i.

/II. PROGRES DE L’IDÉE DE DIEU DANS SES RAPPORTS

avec l’humanité. — On a exagéré à plaisir le particularisme de l’Ancien Testament. Tiele et Kuenen vont jusqu’à prétendre qu’avant les prophètes la religion juive ne regardait pas au delà de l’horizon national. De telles affirmations sont inconciliables avec l’existence des proséljtes à toutes les époques, avec la persuasion que Jéhovah était le Dieu de l’univers et avec les promesses solennelles faites aux patriarches, en qui toutes les nations de la terre devaient être bénies. Gen., XII, 3 ; xviii, 18 ; xxii, 18 ; xxvi, 4. Néanmoins Jéhovah était d’une manière toute spéciale le Dieu d’Israël. Jusqu’à Jésus-Christ, qui abolira les privilèges et renversera le mur de séparation, pour faire entrer tous les hommes dans son Eglise avec égalité de droits et de devoirs, les Juifs étaient la race élue, le sacerdoce royal, la nation sainte, le patrimoine de Dieu ; et saint Paul, tout jaloux qu’il est de l’égalité chrétienne, ne conteste pas ces prérogatives. Rom., ix, 4-5. — À l’inverse de ce particularisme destiné à finir, il y avait, relativement aux Hébreux, une sorte de collectivisme momentané. Dans l’Ancien Testament, Dieu s’adresse le plus souvent à la conscience individuelle par l’intermédiaire de la société ; les peines et les récompenses proposées aux Juifs sont surtout d’ordre social ; la société expie les crimes des individus et les individus trouvent dans l’état social le châtiment de leurs fautes. En d’autres termes, les rapports entre Dieu et les âmes sont moins directs, moins intimes. Dieu est le père d’Israël, Deut., i, 31 ; viii, 5 ; xxxii, 6 ; Jer., iii, 4, 19 ; xxxi, 9 ; Israël est le fils ou le premierné de Dieu. Exod., iv, 22 ; Ose., xi, 1. Plus rarement les Israélites en bloc sont appelés fils de Dieu, Deut.’, xiv, 1 (cf. Is., LXiii, 16 ; Tob., xiii, 4) ; mais en dehors des livres deutérocanoniques, où un individu isolé appelle Dieu « père », Sap., xiv, 3 ; Eccli., xxiii, l-4, peut-être le titre de fils de Dieu n’est-il jamais accordé qu’au Messie, Ps. il, 7, au Juste idéal qui est le portrait ou la figure du Messie, Sap., ii, 13-16, et au roi théocratique qui en est le type. Ps. lxxxix (lxxxviii), 27-28. — Au contraire, le nom de « père » devient pour ainsi dire le nom spécial de Dieu dans le Nouveau Testament. C’est le premier mot de la prière par excellence, de l’oraison dominicale. La paternité divine à notre égard nous est sans cesse rappelée comme un motif de confiance ; car si Dieu est le Père de Jésus-Christ par nature, il est le nôtre par adoption, puisque Jésus-Christ nous reconnaît pour frères. Dieu est le Dieu de tous les hommes, Rom., iii, 29, le Seigneur de tous, libéral envers tous ceux qui l’invoquent, Rom., x, 12, le juge intègre qui ne fait point acception de personnes, Act., x, 34 ; mais il est

aussi et surtout notre commun Père. — Rien ne montre mieux le caractère intime et universel du christianisme.

F. Prat.

    1. JÉHOVAH (DANS LA COMPOSITION DES NOMS PROPRES)##


2. JÉHOVAH (DANS LA COMPOSITION DES NOMS PROPRES)."

Ce nom divin entre sous une forme abrégée dans la composition 1° d’un grand nombre de noms de personnes et avec sa forme pleine, 2° dans la composition d’un titre donné au Messie, 3^ de trois noms de lieux et 4° de deux noms d’autels.

I. DANS LA COMPOSITION DES NOMS DE PERSONNES. —Le

nom de Jéhovah entre dans la composition de cent soixante-trois noms hébreux de personnes, mais toujours sous forme abrégée. Il devient Yehô, Yô, au commencement des noms ; Yâh, Ydhû, k la fin. Voir Gesenius, Thésaurus, p. 580-582. Ces noms sont appelés théophores ; ceux dont les formes abrégées de Jéhovah constituent l’élément composant initial sont au nombre de quarante-huit ; ceux dont elles forment l’élément final, au nombre de cent quinze. Voir col. 1230.

II. DANS LA COMPOSITION D’UN NOM DONNÉ AU MESSIE.

— Yehôvdh çidqenû, « Jéhovah est notre justice » (Septante : Kvpio ;, ’Ico<re6sx ; Vulgate : Dominus justus noster), nom donné au Messie dans Jérémie. — D’après l’interprétation commune, c’est le Messie qui est appelé « Jéhovah notre justice » dans Jer., XXHI, 6, quoique quelques modernes veuillent attribuer cette dénomination à Israël. Voir Knabenbauer, Comment, m Jer., 1889, p. 289.

III. DAhS LA COMPOSITION DES NOMS DE LIEUX. — 1° Yehôvdh ire’é, <i Jéhovah pourvoira » (Septante : Kûpto ; eîSsv ; Vulgate : Dominus videt), nom donné par Abraham à l’endroit où il offrit un bélier en sacrifice à la place de son fils Isaac. Gen., xxii, 14 ; cf.ꝟ. 8. Voir Mo RIA.

2° Yehôvdh Sdmmdh, « Jéhovah est là » (Septante : Itûpioç èxeî ; Vulgate : Dominus ibidem), nom donné par Ezéchiel, xlviii, 35, à la Jérusalem nouvelle qui lui fut montrée en vision. Dieu habite « là » pour toujours au milieu de son peuple. Cf. Is., lx, 14-22 ; lxii, 2 ; Apoc, xxi, 2-3 ; xxii, 3.

3° Yehôvdh sidqênû (Septante : KOpeo ; SraaioTÙvi] ?i(j.à)v ; Vulgate : Dominus justus noster). Ce nom donné au Messie par Jérémie, xxiii, 6, (voir n), est donné aussi à Jérusalem par le même prophète, xxxiii, 16.

IV. DANS LA COMPOSITION DE DEUX NOMS D’AUTELS. —

1° Yehôvdh nissî, « Jéhovah est mon étendard » (Septante : Kûpio ; xoeTaçuyif) |iov ; Vulgate : Dominus exaltatio mea), nom donné par Moi&e à l’autel qu’il éleva en mémoire de la défaite des Amalécites par Josué à Raphidim. Exod., xvii, 15. Les Septante ont fait dériver nissî du verbe nùs, « se réfugier. » La Vulgate y a vu un composé du verbe nâ&â’, « . cle^er. » Cf. Ps. iv, 7 (hébreu). Les exégètes modernes voient simplement dans nissi le mot nés avec le pronom po&sessif, « mon étendard. » Voir Étendard, t. ii, col. 2000. Le mot dd, kes, « trône » (Vulgate : solium), qui se lit Exod., xvii, 16, est probablement une altération du texte pour ds, nés, « étendard. »

2° Yehôvdh Salôm, « Ji’hovah est paix, » c’est-à-dire donne la paix, la prospérité (Septante : VÂp-rpr, Kupt’ov ; Vulgate : Domini paoc), nom donné par Gédéon à l’autel qu’il éleva à Éphra à l’endroit où un ange lui apparut pour lui annoncer qu’il était appelé à délivrer son peuple de la servitude des Madianites. Jud., vi, 24.

    1. JÉHOVISTES (PASSAGES)##


JÉHOVISTES (PASSAGES). Voir Pentateuque.

JÉHU (hébreu : Yêhû’), nom de cinq Israélites. Ce nom peut être une contraction de Yehô-hû’, « Jéhovah est. »

1. JÉHU (Septante : ’Ioj), fils d’Hanani. III Reg., xvi, 1, etc. Son père avait été aussi prophète, si l’on