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JEPHTÉ — JÉRAMÉEL


de quelqu’un ne se dit pas d’un animal, tout au plus du chien, et le chien était un des animaux dont la chair était exclue des sacrifices. Ce serait du reste une alternative plus que bizarre que celle qui mettrait sur le même pied la mort d’un animal et celle d’un homme ou d’une femme. On a mis en avant d’autres essais d’interprétation bénigne du vœu de Jephté, mais elles viennent toutes se heurter au fond du récit, avec lequel elles sont en contradiction, ou à quelque règle essentielle d’exégèse. Il faut, en effet, selon la sage remarque de Suarez, à propos du vœu de Jephté, De virtut. et statu relig. tr. vi, lib. ii, x, n. 10, Paris, 1859, t. xiv, p. 878, ne point abandonner le sens propre, naturel, des mots à moins d’y être contraint par la force des raisons ou le poids des autorités. Or ce n’est pas ici le cas, et les modernes n’ont trouvé aucune raison qui ne fût connue de l’antique synagogue, de nos vieux docteurs et des rabbins des dix premiers siècles chrétiens. Aussi Reuss fait-il, à ce sujet, cette réflexion fort juste que le supplice de la torture, abolie partout, a été conservé chez les exégètes ; ils l’appliquent à un texte des plus clairs pour lui faire dire que la fille de Jephté a été vouée à une virginité perpétuelle. Hummelauer, Jud., 235.

L’ancienne interprétation qui voyait dans le vœu de Jephté l’engagement d’offrir en sacrifice une personne semble donc devoir toujours être préférée ; elle est conforme au sens littéral, elle s’adapte naturellement et sans effort à toutes les particularités du récit, et les difficultés qu’on peut y opposer ne sont pas plus graves que celles qu’on peut faire contre d’autres passages de l’Écriture sur lesquels néanmoins tout le monde est d’accord. Ses tenants, du reste, " se sont montrés aussi désireux que les adversaires d’excuser Jephté autant que le permet la narration du livre des Juges : ils ont volontiers, pour atténuer sa faute, fait valoir l’oubli pratique de la loi en ces temps troublés, l’exemple de faits analogues communs chez les peuples voisins et qui se produisaient parfois même en Israël, comme on l’a vu ci-dessus, enfin, les mœurs rudes de ces vieux hébreux qu’on veut trop juger d après nos mœurs modernes, etc. On peut dire encore, à la décharge de Jephté, que, loin de songer à sa fille en formant ce vœu funeste, il n’avait en vue aucune personne déterminée ; tout au plus pensait-il peut-être d’une manière vague à quelqu’un de ses serviteurs, empressé de venir, selon l’usage, à sa rencontre pour le saluer. Toutefois, s’il est possible d’excuser jusqu’à un certain point son vœu pour ces raisons ou d’autres semblables, telles que son ignorance possible de la loi, ou une inadvertance explicable dans la circonstance, on ne saurait l’absoudre en ce qui regarde l’exécution : pendant les deux mois qui s’écoulèrent depuis sa promesse, il pouvait s’éclairer et s’assurer qu’un tel engagement était illicite et n’obligeait pas sa conscience. Saint Thomas a résumé à son ordinaire le sentiment traditionnel et il l’a exprimé dans une formule où l’on retrouve sa concision accoutumée : Jephté, dit-il, « fut insensé en formant ce vœu, parce qu’il le fit sans discrétion, et il fut impie en l’accomplissant. » II" II", q. lxxxviii, a. 2, ad 2um. Ce qui pourrait encore, non pas justifier, mais expliquer en partie la cruelle dureté de ce juge envers sa fille, c’est que, soit par nature, soit par suite de la vie qu’il avait menée jusque-là, et peut-être pour les deux causes ensemble, Jephté était d’un tempérament dur et enclin à verser le sang, comme on le voit par un événement qui arriva bientôt après, s’il n’eut même pas lieu entre son triomphe et l’immolation de sa fille.

En effet, les Êphraimites ne tardèrent pas à se soulever contre lui et ils vinrent lui chercher querelle comme ils l’avaient fait autrefois à Gédéon après la défaite des Madianites. Jud., viii, 1-3. Ils lui parlèrent d’un ton arrogant et avec des termes de mépris, lui demandant raison de ce qu’il ne les avait pas convoqués pour cette guerre et les avait ainsi frustrés de l’honneur et des fruits de

la victoire. Jud., xii, 1-4. L’accusation était d’une fausseté capable de révolter Jephté ; il les avait convoqués au contraire et ils avaient refusé de venir, ne comptant guère apparemment alors sur un triomphe qui excitait maintenant leur jalousie et leur dépit. Ils joignirent 3 leurs récriminations la menace de brûler la maison du vainqueur. Mais celui-ci ne ressemblait pas à Gédéon, le citoyen pacifique, improvisé général pour quelques semaines, et désireux de se décharger au plus vite du fardeau du pouvoir ; le vieux soldat ne craignait pas la lutte et le nouveau chef entendait faire respecter son autorité. Il releva cet insolent défi et, rassemblant de nouveau les troupes de Galaad, il attaqua les mécontents, les tailla en pièces et les traita ensuite sans merci. Au moment de la déroute, des Galaadites allèrent, par son ordre, occuper les gués du Jourdain pour en empêcher le passage aux troupes débandées. Les fuyards étaient tués là à mesure qu’ils se présentaient. Ceux qui, pour échapper à la mort, prétendaient faussement n’être pas Éphraimites, étaient mis en demeure de dire sibboléf, « épi, » qu’ils prononçaient sibbolet ; cette prononciation défectueuse propre aux Éphraimites, cf. Matth., xxvi, 73, les faisait reconnaître sans peine et ils étaient massacrés aussitôt. Quarante mille des enfants d’Ephraim périrent ainsi, soit dans la bataille soit sur les bords du Jourdain.

— Jephté vécut encore six ans, après sa double victoire, et il fut enseveli dans sa ville de Maspha en Galaad. Jud., xii, 1-7. E. Palis.

    1. JEPHTHA##

JEPHTHA (hébreu : Iffdfy ; omis dans le Valicanus ; Alexandrinus : ’IxipSa), ville de Juda, dans la plaine de la Séphéla. Jos., xv, 43. Elle fait partie du troisième groupe des cités de « la plaine », comme Esna (t. ii, col. 1951), Nésib, Marésa, etc. Nésib est aujourd’hui Beit Nusib à deux heures dei marche environ à l’est de Beit-Djibrin (l’ancienne Éleuthéropolis). Marésa est très probablement le Khirbet Mer’ascfi actuel, à un kilomètre et demi à peu près au sud de la même localité de Beit-Djibrin. C’est donc dans ces parages qu’il faut chercher Jephtha, mais elle n’a pu être identifiée jusqu’à présent.

    1. JEPIFANIJ Slavineckig (Épiphane)##


JEPIFANIJ Slavineckig (Épiphane), théologien russe, mort en 1676. Il professa la rhétorique à Moscou et dirigea une traduction nouvelle de la Bible du grec en russe. Il traduisit lui-même le Nouveau Testament et le Pentateuque. On lui doit aussi un lexique des termes bibliques et patnstiques, Lefesifco » - greko-slavjanolalinskij.

J. Sedlacek.’JÉRAA (hébreu : Yarfia’; Septante : ’ïtaxfr), esclave égyptien de Sésan, de la tribu de Juda. Son maître, n’ayant pas d’enfants mâles, lui donna en mariage l’une de ses filles, probablement Oholai. De cette union naquit lithéi, et Jéraa devint ainsi le chef d’une famille de Juda. I Par., ii, 31, 34-35. Parmi ses descendants, on remarque Zabad, I Par., ii, 36, qui fut un des braves soldats de David, I Par., XI, 41, et Azarias, I Par., ii, 38, l’un des chefs qui aidèrent le grand-prêtre Joiada à faire monter Joas sur le trône. II Par., xxiii, 1. Voir Éthéi, t. ii, col. 2006, et Azarias 16, t. i, col. 1301.

    1. JÉRAMÉEL##

JÉRAMÉEL (hébreu : Yerah.me’êl, « que Dieu fasse miséricorde t), nom, dans la Vulgate, de deux Israélites et d’une contrée d’Arabie. Dans le texte hébreu, trois personnages portent le nom de Yerafyme’êl. La Vulgate l’a rendu deux fois par Jéraméel (voir Jéraméel 1 et 2) et une fois par Jérémiel. Jer., xxxvi, 26. — Le pays des Jéraméélites n’est désigné en hébreu que par le nom ethnique de la tribu qui l’habitait. Voir Jéraméel 3.

1. JÉRAMÉEL (Septante : ’Ispoc|ic « », I Par., Il, 9 ; ’IspouETiX, I Par., ii, 25-27, 33, 42), fils aîné d’Hesron et petit-fils de Juda. I Par., ii, 9. Sa descendance est énumérée dans I Par., ii, 25-41, et joua un rôle important