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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome III.djvu/702

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JÉRUSALEM


qu’elle a toujours été circonscrite par les fossés naturels qui l’entourent. En essayant de reconstituer l’ancienne ville, nous n’entendons donner que les derniers résultats de la science, dont plusieurs pourront être, par des recherches ultérieures, ou confirmés ou modifiés. Pour plus d’ordre, notre étude ira de l’origine de Jérusalem à la captivité, et de la captivité à la ruine de la ville par les Romains.

De l’origine à la captivité.

Que fut le noyau primitif

de la ville sainte ? Aucun témoignage historique ne nous l’apprend. Deux choses cependant durent attirer les premiers habitants : la source qui s’échappe des flancs de la colline orientale, aujourd’hui’Ain Vmm ed-Déredj, et la colline elle-même, celle d’Ophel, qui, resserrée entre deux profondes vallées, peu étendue et par conséquent facile à défendre, présentait une forteresse toute naturelle. Peut-être y eut-il là dés le commencement une sorte de douar ou Ifâsêr, entouré d’un petit mur de pierres, avec une tour de garde, pour protéger gens et troupeaux. Voir Haséroth, col. 445. On peut faire là-dessus d’ingénieuses hypothèses. Cf. C. Schick,

nemi peut s’avancer jusqu’au pied des fortifications sans être arrêté par aucun obstacle. C’est toujours par là, on le sait, que Jérusalem a été prise. Ce que l’on recherchait dans l’antiquité, c’étaient plutôt des ravins qui, tout en rendant difficile l’accès du fort, simplifiaient l’œuvre de l’homme obligé de compléter celle de la nature. Et tel est précisément l’avantage de la colline orientale, plus restreinte, mieux délimitée, entourée à l’ouest, au sud et à l’est par des vallées bien plus profondes autrefois qu’aujourd’hui. C’est là un point très important à remarquer : des fouilles ont permis de constater que les ravins du Tyropœon et du Cédron ont été en partie comblés par les décombres qui s’y sont accumulés. Dans le premier, le sol actuel est à 20, et, dans certains endroits, à près de 30 mètres au-dessus du sol ancien ; dans le second, la différence, sans être aussi considérable, est encore de 8 à 10 mètres. Vers le Cédron, le roc, dont le pied est maintenant caché sous des éboulis, descendait autrefois presque à pic ; le Tyropœon, sans se creuser autant, n’en formait pas moins un fossé très redoutable à l’ennemi. Il suffit de jeter les

247. - Coupe de la vallée du Tyropœon, d’après le Pal. Expl. Fund, Quart. Stat., 1897, p. 179.

Die Baugeschichte der Sladt Jérusalem, vordavidische Zeit, dans la Zeitschrifl des Deutschen Palastina-Vereins, t. xvi, 1893, p. 237-246.

i. Sous David, Salomon et les premiers rois de Juda. Première enceinte. — Une question plus difficile et très vivement débattue de nos jours est celle-ci : Où se trouvait la forteresse de Sion des Jébuséeus, devenue plus tard la Cité de David ? Cf. II Reg., v, 7-9. La solution du problème est souverainement intéressante pour l’histoire et la topographie de la ville, puisque c’est précisément par ce point que commencèrent les agrandissements successifs qu’elle reçut. Deux opinions sont en présence. L’une place Sion, sur la colline du sudouest, qui, depuis de longssiècles, en porte le nom. L’autre regarde la colline du sud-est commeJe véritable emplacement de l’antique Jébus. Voir Sion. C’est à cette dernière que nous nous rangeons, comme plus conforme à l’Écriture dûment interprétée, à l’histoire et aux exigences de la topographie. Par sa situation et ses dimensions, Ophel répond mieux à l’idée que nous pouvons nous faire d’une acropole toute primitive. Ce qui, à première vue, semble contre elle, milite plutôt en sa faveur. Le plateau occidental est, il est vrai, plus élevé ; mais, à une époque où l’artillerie était inconnue, on ne craignait pas d’être dominé. Il est beaucoup plus large, mais aussi beaucoup plus difficile à défendre. Sans compter les nombreux soldats qu’il eût fallu pour garder les trois côtés protégés par les escarpements, le côté nord n’eût pu être garanti que par une longue et haute muraille flanquée de tours puissantes. Cette partie septentrionale suit la pente générale du terrain, et l’en yeui sur les figures 247, 248, pour se rendre compte de ces détails. Le terrain a été sondé, à l’ouest d’Ophel, sur une ligne assez étendue, A, B, descendant de la colline occidentale pour remonter sur le coteau oriental (fig. 247 et 249), et, à l’est, sur trois points différents, A, B, C (lig. 248 et 249). Cf. Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, 1886, p. 198 ; 1897, p. 179. La bourgade chananéenne pouvait étager ses maisons sur la pente méridionale de la colline où le roc aplani formait une suite de petites terrasses. « Il n’y avait guère à protéger, par des murs, que le côté nord ; or, l’espèce d’isthme par lequel cette colline se rattache au corps des monts de Juda était plus étroit que celui qui y relie la colline occidentale. Le mont Moriah n’a qu’une très faible largeur, et ce qui le rétrécissait encore, tout près de son point culminant, c’était un ravin, aujourd’hui comblé, qui allait rejoindre obliquement la rive droite du Cédron. L’existence de ce pli du sol a été démontrée par les fouilles récentes ; une partie a été utilisée pour former le réservoir qui est connu sous le nom de Birket-Isræl, tandis que le reste du creux a été caché sous les substructions du temple. » Perrot, Histoire de l’art, Paris, 1887, t. iv, p. 165. Enfin, la seule source de Jérusalem se trouve sur la colline orientale ; or, dans un pays aride comme la Judée, on devait avant tout s’assurer la possession d’une fontaine qui coulât en tout temps. On ne pouvait, en cas d’attaque, l’abandonner à l’ennemi. Peut-être même, dès cette époque, une rigole à ciel ouvert conduisait-elle les eaux à la piscine inférieure. Audessous de cette piscine, sur les pentes voisines, jusque vers le Bir-Éyiib, pouvaient s’étendre les jardins de la