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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome III.djvu/827

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JOIE


Cf. I Par., xvi, 32. Voir aussi Ps. lxxxis (lxxxvih), 13 ; Is., xxxv, 1-3, etc.

5° Mais Israël n’a pas seulement à remercier Dieu de ses bienfaits généraux, il doit se réjouir aussi des dons spéciaux qu’il lui a faits : le don de la Loi et la promesse du Messie : « Je garde à jamais tes commandements, car ils sont la joie de mon cœur, » dit l’auteur du Psaume eux (cxviii), qui a eu un sentiment si profond de la beauté et du prix de la Loi. « Des oies que m’indiquent tes commandements, je me réjouis plus que de toutes les richesses, » ꝟ. 111, 14 ; cꝟ. 16, 47, 70, 24, 35, etc. — L’attente du Messie, dont la venue transformera le monde, remplit aussi de joie Israël. Les prophètes comme les Psalmistes lui rappellent souvent cette promesse, et ils lui peignent l’avènement du Sauveur du monde avec les plus brillantes couleurs :

Le peuple qui marchait dans les ténèbres

Voit briller une grande lumière,

Et sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre de la mort

Resplendit une lumière éclatante.

Tu rends le peuple nombreux,

Tu lui prépares une grande joie.

Us se réjouissent devant toi,

Gomme on se réjouit au temps de la moisson,

Comme on est dans l’allégresse quand on partage le butin.

Is., ix, 1-2. Cf. ii, 11 ; xxxv, 10 ; xlii, 10-13 ; lxvi, 1-4, 10 ; liv, 1 ; lxi, 10 ; lv, 12-13 ; lxv, 18 ; lxi, 1-3 ; xii, 2-3 ; Jer., xxxi, 4, 7 ; xxx, 19 ; Zach., ix, 9.

6° On voit que la joie à laquelle les auteurs sacrés invitent le peuple de Dieu est surtout une joie religieuse, aussi se manifestait-elle avec éclat dans les fêtes du Seigneur. Moise lui avait prescrit expressément de célébrer avec joie le culte divin, Deut., xii, 7 ; cf. xiv, 26 ; xvi, 15 ; Lev., xxiii, 40 ; et il fut fidèle à ce précepte. Ps. xlii (xli), 5 ; xlhi, 3-4. Nous savons avec quel éclat et quelle jubilation David et les douze tribus avec lui transportèrent l’arche à Jérusalem, II Reg., vi, 1-2, 12-19 ;

I Par., xv, 3-28 ; et puis comment Salomon célébra la dédicace du Temple. III Reg., viii, 1-66 ; II Par., v-vii. Des fêtes analogues, quoique moins éclatantes, se renouvelèrent du temps d’£sdras, I Esd., vi, 16, 22, de Néhémie,

II Esd., xii, 27, 41 ; cf. viii, 9-10, et des Machabées. I Mach., iv, 42-58 ; II Mach., ii, 15-20. Cf. Esth., ix, 31 Ps. cxxii(cxxi), 1.

7° L’Écriture recommande principalement de se réjouir en Dieu, mais les joies naturelles elles-mêmes ne sont pas proscrites, pourvu qu’elles soient raisonnables et modérées. Deut., xxx, 9. Cf. Eccle., ix, 7 ; xi, 9 ; Prov., v, 1819 ; Eccle., ix, 9 ; Prov., xviii, 22 ; xxiii, 15 ; Is., lxii, 5 ; Deut., xii, 7 ; Eccli., xxx, 15-16, etc. Les auteurs sacrés font cependant remarquer que la vraie joie est le privilège du juste, parce qu’elle est la récompense du bien qu’il fait et le fruit de la bonne conscience. Prov., xxi, 15. Cf. xiv, 9 ; xii, 20 ; I Par., xvi, 10 ; II Par., vi, 41 ; Job, xxii, 29 ; Ps. v, 12 ; xxxii (xxxi), 11 ; xxxv (xxxrv), 27 ; xl (xxxrx), 17 ; lxiv (lxiii), H ; lxx (lxix), 5 ; Eccli., i, 12 ; Prov., xxix, 6. Ils condamnent expressément les jouissances mauvaises. Prov., 11, 14 ; Ose., vii, 3. — Un des châtiments que Dieu inflige aux coupables ou qui est la conséquence de sa vengeance contre les pécheurs, c’est la privation de la joie. Is., xxi, 4, 5, 7, 8, 11 ; Joël, i, 2. Tandis que les justes se réjouissent, les méchants sont dans la tristesse. Is., xli, 16 ; lxv, 13-14 ; Ps. liv (lui), 8 ; cxlvii, 42 ; Is., xiv, 7 ; Jer., vil, 34 ; xvi, 9 ; Lam., v, 15. Pour" les bons, même les pratiques de pénitence deviennent une source de joie, Zach., viii, 19, tandis que pour les méchants, les jouissances sont mêlées d’amertume. Cf. Eccle., ii, 2.

II. La. joie dans le Nouveau Testament. — l » Nous retrouvons dans les Evangiles et dans les Épîtres la même doctrine que dans les Psaumes et dans les prophéties, mais la joie est encore plus épurée et plus surnaturelle.

— Dans le Nouveau Testament grec, la « joie » est ordi nairement exprimée par -/apâ (Vulgate, gaudium), Matth., ii, 10 ; xiii, 44 ; Marc, xiv, 16 ; Luc, viii, 13. etc., et « se réjouir » par /"’P'* (Vulgate, gaudeo). math., u, 10 ; Jac, xiii, 29, etc. À x « P « > gaudium, est opposé Xujrij, tristilia, Joa., xvi, 20 ; II Cor., ii, 3 ; Heb., xii, 11 (mœror) ; et à xa’P" ! xXou’eiv, flere, Rom., xli, 15 ; I Cor., vu, 30, ou xXaietv xai 8pï)vetv, plorare et flere, Joa., XVI, 20, ou Xyin]v sxeiv, tristitiam habere. Joa., XVI, 22. Les Septante et les écrivains du Nouveau Testament, ont une expression inconnue aux auteurs profanes et qui est propre à leur dialecte, àyaXkiâaiç, exultatio, « grande joie, s Luc, I, 14 G°i nt à x « P « )> ^4 ; Act., Il, 46 ; Heb., i, 9 ; Judse, 24, et àY « XXiàou.at, exultare, « se réjouir beaucoup. » Matth., v, 12 ; Luc, i, 47 ; x, 21 ; Act., ii, 26 ; xvi, 34 ; xix, 7 ; Joa., viii, 36 ; I Pet., i, 6, 8 ; iv, 13. Voir E. F. Gelpke, Neutestamentliche-lexikahsche Studien, dans les Theologische Studien und Kriliken, 1849, p. 645-646.’AyaXkiâaii ; correspond au gil hébreu, et a été adopté par les Pères grecs. Voir S. Clément, 1 Cor., xviii, xxxiii.

2° Un des souhaits les plus ordinaires aux Grecs était de « se réjouir » : yaXçt, xafpetv, c soyez joyeux. » Voir l’histoire et le sens de cette salutation, dans Thésaurus grseese linguse, édit.Didot, t. viii, col. 1229-1232, comme chez les Latins celui « d’être fort, de se porter bien », voie. Ce souhait se lit Matth., xxvi, 49 ; xxvii, 29 ; xxviii, 9 ; Marc, xv. 18 ; Luc, I, 28 ; Joa., xix, 3 ; Act., xv, 23 ; xxiii, 26 ; II Joa., 10-11 ; Jac, 1, 1. La Vulgate traduit dans tous ses passages x aî Pe > X a, P stv > P ar ave > excepté Act., xv, 23 ; xxiii, 26, et Jac, i, l, qui sont le commencement de lettres, où elle emploie salutem. Cf. II Mach., ix, 19 ; Tob., v, 11, Rom., xv, 13. — Les Apôtres ont substitué ordinairement à cette salutation le mot plus chrétien et le souhait plus surnaturel de la grâce divine : x*P’?> gratta. Rom., i, 7 ; I Cor., i, 3 ; II Cor., i, 2, etc. ; I Pet., i, 2 ; II Pet., i, 2 ; II Joa., 3. Voir H. Cremer, Biblisch-theologisches Wôrterbuch der neutestamentlichen Grâcitât, ! ’édit., in-8°, Gotha, 1893, p. 937-944. Cf. Suidas, au mot x a’P £tv > édit. Bernhardy, 1853, t. ii, col. 1610 ; J. H. Schleusner, Novus Thésaurus Veleris Testamenti, 1821, t. v, p. 496-497.

3° Jésus est la source de la joie des chrétiens. Dans son discours de la Cène, il dit à ses Apôtres : « Je vous ai parlé ainsi, afin que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète. » Joa., xv, 11 ; cf. xvl, 20-22, 24 ; xvii, 13. La joie est la récompense de ses élus. Matth., xxv, 21, 23. Le royaume de Dieu est « joie dans le Saint-Esprit », Rom., xiv, 17, et la joie est un des dons du Saint-Esprit. Gal., v, 22 ; cf. Luc, x, 20. Aussi l’Apôtre écrit-il à ses chers Philippiens : « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ; je vous le répète : Réjouissez-vous. » Phil., iv, 47. Voir aussi ii, 18, 28 ; iii, 1. Cf. II Cor., xiii, 11 ; I Thess., v, 16. Saint Jean dit à son tour, dans ses deux premières Épltres : « Nous vous écrivons ces choses, afin que vous vous réjouissiez et que votre joie soit complète. » I Joa., i, 4 ; cf. II Joa., 11. Jusque dans les peines, il faut se réjouir en Dieu. II Cor., vi, 10. Cf. Rom., xii, 12 ; I Cor., vii, 30 ; Col., i, 24.

4° Un trait saillant, qui distingue la joie telle qu’elle nous est présentée dans le Nouveau Testament, de la manière dont elle nous est décrite dans l’Ancien, c’est que la souffrance endurée pour l’amour de Dieu devient une joie et un honneur. Les Apôtres, maltraités par le Sanhédrin, se retirent « joyeux, parce qu’ils ont été iugés dignes (xaT7] !  ; iwflr)<rav, digni habiti sunt) de souffrir des outrages pour le nom de Jésus ». Act., v, 41. El saint Paul écrit aux Corinthiens : « Je surabonde de joie au milieu de toutes nos tribulations. » II Cor., vil, 14. Le martyre le plus cruel va ainsi devenir un sujet d’allégresse pour les confesseurs du Christ, le bonheur le plus envié. Voir S. Ignace, Epist. ad Rom., 1, 3, 4, i’atr. Apost., 3e édit., Gebhardt, t. ii, p. 56, 60. — Cf. A. Wunsche, Die Freude in den Schriften des alten