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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome III.djvu/912

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JUDA (TRIBU DE)


actuellement Lifta) ; elle va vers les villages du mont Éphron (hébreu : har’Éfrôn, probablement la chaîne de collines où se trouvent Qastal, Qolûniyéh), et se dirige vers Baala, qui est Caria thiarim (hébreu : Qiryat Ye’ârim, maintenant Qarlyet el-’Ènab). De Baala, elle tourne à l’ouest vers le mont Séir (hébreu : har Sê’ir, peut-être le plateau escarpé où se trouve le village de Sârîs), passe sur le flanc du mont Jarim (hébreu : har Yëârîm) au nord, c’est-à-dire Cheslon (hébreu : Kesâlôn, aujourd’hui Kesla) ; puis elle descend à Bethsamès (hébreu : Bê( Semés =’Ain Schems) et passe à Thamna (hébreu : fimnâh = Tibnéh). Puis elle s’étend à la hauteur d’Accaron (hébreu : ’Êqrôn =’Aqir) au nord, et se dirige vers Sechrona (hébreu : Sikrônâh), passe au mont Baala, va à Jebnéel (hébreu : Yabne’êl = Yebna) et aboutit à la mer, » Cette ligne septentrionale correspond aux limites méridionales de Benjamin, Jos., xviii, 15-19, et de Dan. Jos., XIX, 40-46. — « La frontière occidentale, c’est la grande mer (la Méditerranée). » Cette dernière délimitation est plutôt idéale, car la plaine maritime fut occupée par les Philistins.

m. description. — Le territoire primitivement destiné à la tribu de Juda comprenait donc, comme le texte sacré lui-même nous l’indique, quatre parties topographiquement distinctes : le négéb ou « la contrée méridionale », la sefêlâh ou « la plaine », le har ou « la montagne », le midbarou <c le désert ». La première fut cédée à Siméon jusqu’à la hauteur de Bersabée, Sabée et Molada, et même de Sicéleg et de Remmon. Jos., xix, 2, 5, 7. C’est, suivant la signification du mot, un « pays desséché », la région des nomades ; aussi plusieurs des localités qui y sont mentionnées empruntent-elles leur dénomination au mode de campement des tribus pastorales : Asar, Asergadda, Hasersual, Hasersusa. L’hébreu Hdsâr, Hàsêr, signifie « lieu entouré de clôtures », et correspond au douar des Arabes d’Afrique. C’est une série de plaines élevées, de plateaux coupés de ravins, accidentés çà et là de groupes de rochers et de chaînes de hauteurs, une succession de cantons verdoyants et de contrées stériles. Pour les détails, voir Siméon (Tribu de). Le territoire proprement dit de Juda se réduisait donc à la . partie méridionale de l’arête montagneuse qui forme l’ossature de la Palestine, depuis la plaine d’Esdrelon jusqu’aux derniers contreforts qui, au-dessous d’Hébron, s’abaissent peu à peu vers le Négéb. La plaine côtière, avec les cinq villes qui constituaient les satrapies philistines, bien qu’attribuées aux enfants de Juda, ne fut jamais en leur possession, au moins d’une manière durable. Nous n’avons donc pas à la décrire. Voir Philistins. On aurait tort, par là même, de limiter la Séfélah à la plaine proprement dite, qui s’étend de la mer aux premiers chaînons de la contrée montagneuse. Presque toutes les villes que le livre de Josué place bas-Sefêlâh appartiennent à une région moyenne de collines séparées par de larges vallées, et située entre la partie basse et plate qui avoisine la mer, et le plateau élevé qui forme le faîte du pays.

Réduit à ces strictes limites, le territoire de Juda comprend, dans son ensemble, le double versant qui, de Jérusalem, se prolonge jusqu’au groupe de torrents dont les ramifications, partant des derniers échelons de la montagne, composent Vouadi es-Séba’, Vouadi esch-Schéri’âh et Vouadi Ghazzéh. Le plateau central, qui constitue la ligne de partage des eaux, s’élève jusqu’à Hébron aux plus grandes hauteurs de la chaîne : Beit Djala, 820 mètres ; Kh. Tequ’a, 850 ; Halhûl, 997 ; Hébron, 927 ; Yutta, 837. Le terrain s’abaisse graduellement, etn’aplusque 482 kKhirbet Umm er-Rummanun, 369 à Kh. el-Milh, et 290 à Bir es-Séba’. Le versant oriental descend rapidement vers la mer Morte ; les torrents, comme le Cédron ou ouadi en-Nâr, s’y sont creusé des lits profonds dans les parois des rochers nus et abrupts. Cette contrée pierreuse, la plus désolée de

la Palestine, s’appelle dans l’Écriture le désert de Juda. Voir Juda. (Désert de), col. 1774. Le versant occidental a des pentes moins rapides. Les ouadis qui, à la partie supérieure, découpent le terrain en nombreux fossés, finissent par s’unir en plusieurs vallées qui s’élargissent peu à peu, Vouadi es-Surâr, Vouadi es-Sam t, Vouadi el-Ghuéit, Vouadi el-Hésy, pour ne citer que les principales. Tous ces cours d’eau se déversent dans la Méditerranée par trois canaux, qui sont, en allant du nord au sud, le nahr Rûbîn, le nahr Sukréir etl’ouadi el-Hésy. La région moyenne, qui est la partie haute de la Séphélah, forme comme le premier étage du massif orographique. Elle se compose de collines plus ou moins élevées, séparées par de grandes plaines et admirablement disposées pour servir de forteresses. C’est un terrain d’embuscades, de surprises, où tout l’art de la guerre consiste à se cacher, à grimper avec l’agilité des chèvres. Les vallées peuvent être considérées comme les voies naturelles de communication entre la côte et la montagne, donnant accès au cœur du pays. Cette contrée fut, on le comprend, le théâtre des combats qui eurent lieu entre les Philistins et les enfants de Juda. Aujourd’hui les sentiers connus qui servent de roules sillonnent la région en passant par les points les plus importants. Signalons celle qui part de Gaza pour aller à Beit Djibrin, et de là passe à Beit Nettif, Bittîr, et aboutit à Jérusalem, ou se dirige plus bas vers Bethléhem ou vers Hébron ; celle qui part de Bersabée pour remonter vers Gaza, ou Khirbet Umm er-Rummamm, ou Dhâheriyéh et Hébron. Le chemin de fer de Jaffa à Jérusalem traverse un coin du territoire de Juda en suivant les contours des vallées. L’aspect général nous offre une série de collines couvertes d’herbes et de fleurs au printemps, mais nues et arides le reste de l’année, de champs cultivés ou hérissés de ronces, de vallons où s’épanouit parfois une belle végétation. Dans les endroits où se trouvent des sources, autour de certains villages, on rencontre des plantations d’orangers, de grenadiers, de figuiers, de citronniers. Les flancs des collines portent par-ci par-là des jardins ou des vignes disposés en terrasses. Le sol est, en plusieurs endroits, percé de grottes qui forment de vrais labyrinthes et ont autrefois servi d’habitation ou de refuge temporaire aux hommes. On en trouve de semblables dans les environs de Beit Djibrin, de Deir Dhibbân, comme à Khirbet Khoréitùn, au sud de Dethléhem. Le plateau supérieur est, nous l’avons dit, un des plus élevés de la Palestine. Une route carrossable va aujourd’hui de Jérusalem à Hébron. Elle se déroule le plus souvent sur un terrain rocailleux et aride, où les arbres sont remplacés par des broussailles rabougries, où croissent çà et là de maigres taillis de chêne vert épineux. Quelques champs de blé, quelques bouquets d’oliviers et de figuiers apparaissent dans les fonds. Au milieu de ces montagnes dénudées, on trouve cependant des vallées fertiles, bien arrosées, des coteaux plantés de vignes. Hébron est bâtie dans une de ces gracieuses vallées, entre deux chaînes de collines verdoyantes. Rethléhem est elle-même située sur deux collines, qui descendent par une suite de terrasses couvertes de vignes et d’oliviers jusqu’aux profondes vallées qui les entourent de trois côtés. L’ouadi Urtâs forme comme une oasis au milieu de cette contrée pierreuse et rappelle la beauté des jardins de Salomon. Un des traits les plus caractéristiques de la tribu de Juda, ce sont ses vignobles. Il y en avait de célèbres à Escol, Num., xiii, 23, 25, à Engaddi. Cant., i, 13 ; II Par., xxvi, 10. Aujourd’hui encore, malgré l’état de délabrement dans lequel est tombé le-pays, on trouve là, plus que partout ailleurs en Palestine, les flancs des collines tapissés de vignes avec leurs tours de garde et leurs murs soutenant les terrasses. Le terrain pierreux, l’altitude des coteaux et des plateaux, la chaleur du climat, tout favorise l’entretien et la beauté des vignobles. La pro-