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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome III.djvu/972

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1887
1888
KENANENSIS (CODEX) — KENNICOTT


comparaison avec le célèbre Livre de Lindisfarne. Malheureusement le contenu du Book of Kells ne répond pas tout à fait à la splendeur de l’extérieur. C’est un texte mêlé, du type européen, avec nombre de leçons irlandaises et quelques doublets remarquables. Par exemple, Matth., vi, 16, la Vulgate porte : externnnant fades suas ; les manuscrits irlandais : demoliuntur faciès suas ; le Kenanensis : demuliuntur exterminant. Matth., xxi, 31, quelques manuscrits lisent : Dicunt primus, d’autres : Dicunt ei novissimus ; le Kenanensis en fait : Dicunt primus ei novissimus. Ce procédé de fusion apparaît de façon caractéristique dans la note suivante, intercalée dans le texte, sans que rien l’en distingue, Luc, xxiii, 15 : In alio sic : Remisi eum ad vos. Nam remisi vos ad illum. Cf. Berger, Histoire de la Vulgate, Nancy, 1893, p. 41. — "Voir Abbott, Evangeliorum versio antehieronymiana, Dublin, 1884, t. i, p. xxiv (au bas des pages il y a une collation du Book of Kells avec YAmiatinus) ; Wordsworth, Nov. Test, latine sec. edit. sancti Hieronymi, Ozford, 1889-1898 (le Kenanensis y est collationné sous le sigle Q) ; Bond et Thompson, Palseograph. Society, Londres, 1873-1883, t. ii, fac-similé n os 55-58, 88, 89 ; Westwood, Facsimiles of the Miniatures and Ornaments of Anglo-Saxon and Irish Manuscripts, Londres, 1868, p. 23-33, pl. viii-xi.

F. Prat.

    1. KENNICOTT Benjamin##


KENNICOTT Benjamin, érudit critique anglais, né le 4 avril 1718 à Totnes dans le comté de Devonshire ; mort à Oxford le 18 août 1783. Étant encore à l’école primaire, il se fit remarquer par plusieurs poèmes. Il devintdocteur en théologie à Oxford le 10 décembre 1761. Il y avait suivi les cours d’hébreu du célèbre Thom. Hunt (1696-1774) et devint lui-même professeur de cette langue à l’Exeter Collège de cette université. En 1753 il fut nommé pasteur de Culham (Oxfordshire), chanoine de Christchurch à Oxford (1 er nov. 1770) et conservateur à la bibliothèque Radcliffe de la même ville, 1767-1783. Sa femme apprit l’hébreu après son mariage afin de pouvoir l’aider à étudier les manuscrits. L’évêque anglican Rob. Lowth lui ayant montré en 1748 que la difficulté contenue dans le passage II Reg., xxiii, 8, disparaissait au moyen d’un léger changement fait au texte hébreu (cf. I Par., xi), Kennicott résolut de se vouer au rétablissement du texte original de l’Écriture Sainte. Wiston et Morin avaient déjà démontré l’incorrection du texte massorétique. Kennicott exposa ses vues dans les traités : The state of theHebrew text of the Old Testament considered, in-8°, Oxford, 1753 ; The state of the printed Hebrew text of the Old Testament considered, in-8°, Oxford, 1753, 1759. La première de ces dissertations fut traduite en latin par W. A. Taller et publiée à Leipzig, 1756. Le même savant traduisit la deuxième en allemand et il la publia avec des additions par~Vogel, Leipzig, 1765. Ces dissertations furent attaquées par plusieurs savants. Foveler Connings publia The printed Hebrew text of the Old Testament vindicated. An answer to Mr. Kennicott’s dissertation, 1753, et Julius Bâte : The Integrity of the Hebrew text vindicated from the objections and misconstructions ofMr. Kennicott, 1754. Kennicott répliqua par À word to the Hutchinsonians or Remarks on three sermons lately preached before the university of Oxford, 1756. George Rome intervint alors, par une apologie des adversaires de Kennicott : An Apology for certain gentlemen in the University of Oxford, 1756, et A view of Mr. Kennicott’s Method of correcting the Hebrew text, 1760. En 1761, Thomas Rutherforth, professeur à Cambridge, publia une lettre adressée à M. Kennicott sur la « Dissertation » de celui-ci, qui fit imprimer Answer to Dr. Rutherforth, 1762, in-8°. Ce dernier répondit par une « seconde lettre » et Richard Farry. désireux de rompre une lance pour lui, composa <les Remarks on Dr. Kennicott’s Letter, 1763.

Sur ces entrefaites, Kennicott avait commencé l’exa men des manuscrits hébreux, et il avait publié son programme détaillé. Methodus varias lectiones notandi et res scitu necessarias describendi a singulis Hebrseorum codicum manuscriptorum Veteris Testamenti collectoribus observanda, Oxford, 1763. Des comptes rendus dont le premier fut : On the collation of the Hebrew nus. of the Old Test., 1760, devaient tenir au courant les différents collaborateurs ; le dernier parut en 1769 et la série complète fut réunie en un volume : The ten annual accounts of the collation of the Old Testament, Oxford, 1770. Une souscription fut ouverte et elle atteignit rapidement le chiffre de £9119. Le duc de Nivernois fit collationer plusieurs manuscrits à Paris, e’t envoya la collation à Kennicott. Le roi de Danemark mit à sa disposition « 6 manuscrits très anciens » ( ?). Le roi de Sardaigne lui fit parvenir 4 volumes in-4° de variantes et le stathouder de Hollande le gratifia d’une pension annuelle de £ 400. Kennicott avait collationné environ 600 manuscrits. En 1767 il avait intéressé à ses travaux le professeur d’Iéna, Bruns, qui voyageait en Allemagne, en Hollande, en France et en Italie à la recherche de manuscrits hébreux. Il avait, en trois ans, reçu les variantes des 250 manuscrits ; d’autres collaborateurs avaient réussi à faire la même chose pour 300 manuscrits. Kennicott put enfin faire paraître l’ouvrage depuis longtemps.attendu : Vêtus Testamentum Hebraicum cum variis lectwnibus, 2 in-f°, Oxford, t. i, 1776 ; t. ii, 1780. Il avait mis en tête du t. il une Disserlatio generalis in Vêtus Testamentum qui traitait des manuscrits hébreux ; elle fut tirée à part à Oxford en 1780 et P. F. Bruns la réédita avec additions à Brunswick en 1783. Kennicott n’avait pas trouvé partout des admirateurs ; cependant les attaques auxquelles il avait été en butte même avant la publication du Vet. Test. hebr. de la part de savants anglais (Sam. Rutherforth), français et italiens, ne furent pour la plupart que des attaques personnelles. En 1771 parut à Paris (et non à Rome) une critique : Lettres de Mr l’abbé de… ex-professeur en hébreu… au S’Kennicott. L’année 1772 en vit paraître une traduction anglaise. Kennicott essaya de se défendre dans : À letter to afriend occasioned by a French pamphlet, 1772. Cette lettre parut anonyme. Kennicott voulait prouver que les « capucins hébraïsants » de la rue Saint-Honoré, à Paris, avaient composé ces « Lettres de M. l’abbé… ». William Jones, Life ofG. Home, 6 in-8°, 1899, p. x, p. 84-109, croit que ces « lettres » avaient été inspirées par un Juif du nom de Dumay, qui était l’assistant de Kennicott. Gabr. Fabricius critiqua Kennicott dans son livre : Des titres primitifs de la révélation, 2 in-8°, Rome, 1772. C’est l’Allemagne qui a fourni les plus grands adversaires de Kennicott, mais ces savants appuyaient du moins leurs critiques sur des raisons scientifiques. Cf. la critique de J. D. Michælis : dans sa Bibliotlieca orientalis : Orientalische und exegetische Bibliothek, t. xi, 1776, p. 72 ; t. xviii, 1782, p. 71. La critique de O. G. Tychsen était plus sévère. Il reprochait à Kennicott d’avoir estimé la valeur des manuscrits selon l’âge seul, et d’avoir choisi les variantes sans système aucun, et sans remarquer que beaucoup d’entre elles ne sont que de pures fautes de copiste. Cf. Hartmann, O. G. Tychsen, Brème, 1818, ii, 526. Bruns lui-même a reconnu les défauts du : Vêtus Testamentum hebraicum, dans le court traité : De variis lectionibus Bibliorum Kennicottianorum, dans le Repertorium fur Biblische undMorgendlandische Litteratur d’Eichhorn. Il faut en convenir, les manuscrits collationnés étaient tous relativement récents, aucun ne remontait au delà du x J siècle, et presque tous proviennent d’une seule source ou appartiennent à une seule famille. L’ouvrage de Kennicott, qui a nécessité tant de patientes recherches, ne laisse pas cependant d’être « une mine précieuse » pour la science biblique. Le travail entrepris par Kennicott a été continué par J.-B. De Rossi. Kennicott avait consulté,