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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/1112

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PARESSE — PARFUM


xix, 24 ; xxvi, 15 ; il trouve des obstacles partout, et son chemin est comme une haie d’épines, à travers laquelle il ne peut passer. Prov., xv, 19. Aussi ne faut-il pas lui parler de grosse besogne. Eccli., xxxvii, 14. Avec cela, il se croit plus sage que sept conseillers prudents. Prov., xxvi, 16. Il a des velléités de travail, mais sa main n’a pas le courage de se mettre à l’œuvre, Prov., xxi, 25, et il ne réalise pas ses désirs. Prov., xiii, 4. La conséquence de la paresse est inévitable :

Un peu de sommeil, un peu d’assoupissement, Les mains croisées pour dormir un peu ! Et la pauvreté te surprendra comme un rôdeur, L’indigence comme un homme en armes.

Prov., xxiv, 33, 34 ; vi, 9-11 ; x, 4 ; cf. xviii, 8 ; xix, 15. Nuisible à lui-même, le paresseux est désagréable aux_ autres comme le vinaigre aux dents et la fumée aux jeux, Prov., x, 26, comme une pierre souillée d’ordure et une boule de fiente, qui oblige celui qui les a touchées à se secouer la main. Eccli., xxii, 1, 2. Aussi le renvoiet-on à la fourmi, pour qu’il prenne auprès de ce petit animal des leçons d’activité. Prov., vi, 6. Voir Fourmi, t. ii, col. 2342. — 2° Quand les Israélites, accablés par les corvées en Egypte, demandèrent un allégement, le pharaon les accusa d’être des paresseux : nirpiin’a((ém nirpîm, « paresseux, vous, paresseux ! » Exod., v, 8, 17. La femme forte « ne mange pas le pain de l’oisiveté. » Prov., xxxi, 27. Le serviteur qui a enfoui les talents au lieu de les faire valoir est traité de méchant et de paresseux. Malth., xxv, 26. Saint Paul rappelle à Tite, i, 12, que les Cretois sont des « ventres paresseux, » c’est-à-dire des hommes de bonne chère et de nonchalance. Voir Cretois, t. ii, col. 1116. Il est recommandé aux chrétiens de n’être pas paresseux en bonnes œuvres, Heb., vi, 12, et de relever les mains languissantes et les genoux défaillants, c’est-à-dire de réveiller les activités endormies. Heb., xii, 12.

H. Lesêïre.

    1. PARFUM##

PARFUM (hébreu : mérqdfiâh, mirqabqt, roqati 7nqqifiim, (atnritq, sèmên, « l’huile parfumée ; » Septante : Ouu, ! ap.a, j)ojo’[io<, ap<j>u.a, u.-jpov ; Vulgate : aroma, unguentum, odoramentum), substance provenant d’ordinaire de certains végétaux et exhalant uije odeur subtile, agréable, forte, pénétrante, à des degrés divers, selon la puissance ou la préparation de la matière première. — Les parfums peuvent être simples ou composés, suivant qu’on les laisse isolés ou qu’on les mélange. On les prépare soit pour être brûlés, comme l’encens, soit pour imprégner l’huile qui sert aux onctions, voir Onction, col. 1805, soit pour se dégager à l’air libre et ainsi embaumer un lieu, un meuble, etc. Sur les différents végétaux qui entrent dans la composition des parfums, voir Aloès, t. i, col. 400 ; Astragale, t. i, col. 1188 ; Baume, t. i, col. 1517 ; Casse aromatique, t. ii, col. 335 ; Cinnamome, t. ii, col. 770 ; Encens, t. ii, col. 1768 ; Galbanum, t. iii, col. 20 ; Ladanum, t. iv, col. 29 ; Myrrhe, t. iv, col. 1363 ; Nard, t. iv, col. 1478 ; Safran ; Styrax. On employait le nard recueilli par un coquillage, l’onyx. Voir Onyx, t. iv, col. 1822.

I. Les parfums chez les anciens. — 1° Les anciens orientaux, comme ceux d’aujourd’hui, ont toujours eu une grande prédilection pour les parfums. « Le Créateur, qui place d’ordinaire le secours à côté du besoin, le remède à côté du mal, n’a-t-il pas mis sur le sol de l’Orient la plupart des végétaux qui produisent des parfums pour combattre la putréfaction, les odeurs malsaines, les insectes incommodes, que la chaleur et les autres conditions y développent avec tant de facilité ? Aussi les parfums sont-ils pour l’indigène une des nécessités de la vie. Toutes les grandes villes, le Caire, Damas, etc., ont leur "bazar aux parfums. » Jùllien, L’Egypte, Lille, 1891, p. 255. Dès les plus anciens temps, on en faisait grand commerce. Les Ismaélites auxquels

Joseph fut vendu par ses frères transportaient de Galaad en Egypte une cargaison d’astragale, de baume et de ladanum. Gen., xxxvii, 25. Les Égyptiens faisaient une très forle consommation de parfums pour le culte de leurs dieux et— l’embaumement de leurs morts. La plus grande partie leur venait de l’Arabie et de la Palestine orientale. Cf. Vigoureux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. ii, p. 10-19. Plus tard, les marchands de Saba et de Rééma apportaient à Tyr les meilleurs aromates pour les échanger avec des objets manufacturés. Ezech., xxvii, 22. Cf. Apec, xvitl, 13.

— 2° Le goût des parfums se répandit à Jérusalem particulièrement â l’époque de Salomon. La reine de Saba en offrit au roi une quantité telle qu’on n’en vit jamais d’aussi grande dans le pays. III Beg., x, 2, 10 ; II Par., ix, 1, 9. À partir de ce moment, on lui en apportait annuellement, sous forme de tribut volontaire, soit de la Palestine, soit de l’étranger. 1Il Reg., x, 25 ; II Par., ix, 24. Ces parfums étaient gardés dans le trésor royal. Parmi les objets de prix qu’Ézéchias montra avec tant de complaisance aux envoyés du roi de Babylone, se trouvaient les aromates et l’huile de prix, au même titre que l’or, l’argent et les armes. IV Reg., xx, 13 ; Is., xxxix, 2. — 3° Dans l’éloge de l’Épouse du Cantique, il est constamment fait mention de parfums et d’aromates, symboles de ses charmes et de ses qualités. Cant., i, 3 ; iii, 6 ; iv, 10, 16 ; v, 1, 13 ; viii, 14. On parfumait d’aromates l’huile et le viii, même à grands frais, Prov., xxi, 17, et l’on trouvait que ces prépations réjouissaient le cœur. Prov., xxvii, 9. — 4° L’introduction des coutumes grecques et romaines en Palestine contribua encore à vulgariser le goût et l’usage des parfums dans la toilette et les divers soins du corps. « Les parfums étaient généralement fabriqués avec des substances que Rome recevait de l’Egypte, de l’Arabie, de l’Inde… Le jonc odorant fournit un des parfums les plus communs et les moins estimés ; il ne coûtait guère que 12 à 13 francs la livre. Outce les odeurs que l’on tirait directement des plantes, il existait beaucoup de parfums composés. Les plus recherchés étaient le megalium, le telinum, de Télûs, le malobathrum, de Sidon, le nardum, surtout celui de Perse, Vopobalsamutn, etc. Le cinnamome Coûtait au moins 246 francs la livre… Les parfums étaient renfermés dans des flacons d’albâtre (alabastra) ou dans des vases d’onyx ; on les conservait dans l’huile et on les colorait en rouge avec du cinabre ou de l’orseille. Les bains étaient souvent parfumés ; les chambres et les lits étaient arrosés de parfums. Au moment des représentations scéniques, le théâtre était également parfumé avec du safran, de la cannelle, du cinnamome. On ajoutait même des parfums aux vins les plus estimés. On allait jusqu’à en mettre dans l’huile des lampes. » Bouyer, Études médicales sur l’ancienne Rome, Paris, p. 110, 111. Plusieurs de ces traits se retrouvent dans la Sainte Écriture.

II. Usage des parfums. — 1° Liturgie. — 1. Au désert, les Hébreux durent apporter à Moïse des aromates pour la confection du parfum liturgique. Exod., xxv, 6. Moïse composa d’abord une huile parfumée pour faire les onctions sacrées : elle comprenait 500 sicles de myrrhe vierge, 250 de cinname odorante, 250 de canne odorante, 500 de casse et un hin d’huile d’olive. Exod., xxx, 23-24. Avec d’autres aromates, il composa un second parfum destiné à être brûlé sur un autel spécial : ce parfum comprenait des aromates, styrax, onyx odorant, galbanum, et autant d’encens très pur, auquel on ajoutait un peu de sel. Ce parfum, considéré comme très saint, ne pouvait être imité pour l’usage privé sous peine de retranchement (sorte d’excommunication ) ; cf. Jïxod., xxx, 34-38 ; xxxi, 11 ; xxxv, 15, 28 ; xxxvii, 29 ; xxxix, 38 ; Lev., xvi, 13 ; Il Par., ii, 4. Il rappelle le kyphi ou parfum sacré des Égyptiens.