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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/139

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LIMBES — LIN


tir salutaire. L’Évangile apocryphe de Pierre, 41-42’, fait allusion à cette prédication du Christ aux limbes : « Ils entendirent des cieux une vois qui disait : As-tu prêché à ceux qui dorment ? èxvîpuÇa ; tosî xot[ « t>fiivoiç ; et une réponse fut entendue de la croix : Oui. » Cf. L’Évangile de Pierre, dans la Revue biblique, 1894, p. 529, 557. Saint Augustin, Ep. clxiii, ad Êvod., 21, t. xxxiii, col. 717, pense que la prédication aux esprits en prison, dont parle saint Pierre, est celle qui s’a’dresse aux infidèles. Cette explication n’est conforme ni au texte même ni à l’avis des autres Pères. Enfin, saint Jérôme, In Matth., xi, 3, t. xxvi, col. 70, et saint Grégoire le Grand, Hom. in Ezech., i, 5, et Hotn. in Evang., VI, 1, t. lxxvi, col. 788, 1096, émettent l’idée que quand saint Jean-Baptiste envoie demander à Jésus s’il est le Christ, Matth., xi, 3 ; Luc, vii, 19, c’est pour savoir s’il doit annoncer sa venue aux âmes qu’il va bientôt rejoindre dans les limbes. Cette idée ne sort pas naturellement du texte. Saint Cyrille de Jérusalem, Catech., iv, 11, t. xxxiii, col. 470, dit plus justement que le Christ est allé aux enfers pour annoncer la délivrance aux prophètes et particulièrement à celui qui avait dit : « Êtes-vous celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? » — On assigne encore les limbes comme séjour aux âmes des enfants morts sans baptême. La Sainte Écriture ne fait aucune allusion directe au sort de ces âmes ni à leur séjour.

H. Lesêtre.
    1. LIMBORCH##

LIMBORCH (Philippe van), théologien protestant hollandais, de la secte des arminiens ou remontrants, né à Amsterdam, le 19 juin 1633, mort dans cette ville le 30 avril 1712. Après avoir fait ses études au collège des Remontrants, puis à Utrecht, où il suivit les leçons de Voët, l’adversaire de Descartes, il fut choisi, en 1657, pour être ministre de ses coreligionnaires à Goude, puis, en 1667, à Amsterdam. L’année suivante, il fut nommé à la chaire de théologie de cette ville, où il professa avec un très grand succès jusqu’à la fin de sa vie. Outre l’édition presque complète des œuvres de son grand-oncle Episcopius, on lui doit plusieurs écrits théologiques, parmi lesquels : Commenlarius in Acta Apostolorum et in Epistolas ad Romanos et ad Hebrxos, in-f°, Rotterdam, 1711. — Il a paru de cet ouvrage une traduction hollandaise, imprimée à Rotterdam, en 1715, in-4°. — L’oraison funèbre de Ph. de Limborch a été faite par Jean Leclerc. A. Régnier.

LIME, outil de métal, dont les faces sont des stries ou des dents aiguës, pour user et polir le bois, la pierre ou des métaux moins durs. Il n’est pas fait mention de la lime en hébreu. Mais dans un texte d’Isaïe, xliv, 12, où il est dit que le forgeron fait une hache, ma’âsâd, les Septante traduisent par <iî$uvs, « il a aiguisé, » et la Vulgate par lima operatus est, « il a travaillé à la lime. » Il est possible qu’au lieu de tsyn, le traducteur ait lu

un mot comme ansa, mushâb, « poli, * il a rendu poli,

t :

Dans un autre passage où Ézéchiel, xxi, 9, 10, 11, 15, 28, représente l’épée sortant du fourreau, mit-ta’erâh, les Septante traduisent par (h>|i<&6r|xi, « menace, » irrite-toi, et la Vulgate par limatus, « limé, » poli, ce qui suppose, au lieu de (a’erdh, le mot (a’ar, s tranchant » de l’épée. — La lime, mentionnée souvent par les auteurs classiques, Phèdre, IV, 7 ; Plaute, Menech., i, 1, 6 ; Pline, H. N., xxviii, 9, 41 ; etc., ne devait pas être inconnue des Hébreux. Ils polissaient et aiguisaient les outils au marteau, I Reg., xiii, 20 ; Ps. vii, 13 ; Is., xli, 7, mais employaient aussi d’autres procédés pour le polissage des métaux, et parfois probablement se servaient de la lime. Cf. II Par., iv, 16 ; I Esd., viii, 27 ; Jer., xlvi, 4 ; Ezech., xxi, 14 ; Dan., x, 6 (hébreu).

H. Lesêtre.

1. LIN (Âîvo ;  ; Vulgate : Linus), chrétien de Rome dont saint Paul envoie les salutations à Timothée. II Tim., iv, 21. Il est simplement nommé par l’apôtre mais les anciens auteurs ecclésiastiques nous apprennent qu’il tut le successeur de saint Pierre sur le siège pontifical. On peut conclure de la mention que fait de lui saint Paul que Lin était à Rome à l’époque de la rédaction de cette Épltre, puisqu’elle fut écrite dans cette ville. Eubule et Pudens étant nommés avant Lin, il en résulte que ce disciple n’occupait pas encore à cette époque une situation éminente dans l’Église. Saint Irénée, III, iii, 9, t. vii, col. 849, nous fait connaître dans le passage suivant à quelle haute destinée il était réservé : 0£U.s).i<à<ravT£ ; oùv xal oExo80|nfi<ravTeç oî [laxâpcoi’AttôstoXoi ttjv’Exxiniffiav Aivw xr]V ttjç èiri<rxo5T71s XsttoupYfav ève^et’pt<rav. Toutou xoô Aêvov IlaOXoç èv xaîc Ttpoç Ti[i<S8eov éjtKrroXaîç (ié[ivY)Tai. AtaSé^exai Sï aùxôv’AvéyxXijxot, [texà toOtov SI xpîxw xô"7ra àrcô tûv’Aiuoitt <SXiv x » )v êiuKTxoTTTiv xX>ipoOxat KX^firiç. Saint Lin fut donc, d’après le témoignage de saint Irénée, le successeur immédiat de saint Pierre. Eusèbe, H. E., , 6, t. xx, col. 445, a reproduit ce passage, et il répète, en plusieurs autres endroits de son Histoire, que saint Lin fut le successeur de saint Pierre, H. E., iii, 2, 4, col. 246, 220-221 ; au chapitre 13, col. 248, il ajoute que ce pontile gouverna l’Eglise de Rome pendant douze ans, jusqu’à la seconde année du règne de Titus (53^57). Lin est aussi nommé comme le second évêque de Rome par saint Jérôme, De vir. M., 15, t. xxiii, col. 631 ; saint Augustin, Epist. lit, ad Generos., 2, t. xxxiii, col. 196 ; saint Épiphane, Rser. xxvii, 6, t. xli, col. 372 (cf. la note ibid.) ; Théodoret de Cyr, In II Tim., iv, 21, t. lxxxii, col. 856. D’après les Constitutions apostoliques, vu, 46, Patr. gr., t. i, col. 1052, Lin, « fils de Claudia, » aurait été ordonné par saint Paul premier (repâxoç) évêque de Rome, mais ce témoignage est sans valeur. Voir la note ibid. Cf. ibid.’j Rufin, Prsef. in Recognit. , col. 1207 et la note).

D’après le Bréviaire romain (lect. iv, 23 septembris), saint Lin était né à Volterra, en Étrurie. Il mourut martyr après un pontificat de onze ans, deux mois et vingt-trois jours, et fut enterré au Vatican, près du tombeau de saint Pierre. D’après le Pseudo-Hippolyte, De lxx Apostolis, 39, t. x, col. 956, et le Pseudo-Dorothée, Chronic. Pasch., n° iv, t. xcxii, col. 521, Lin aurait été un des soixante-dix disciples du Seigneur. Mais son origine latine rend cette supposition peu croyable ; son nom n’est probablement entré dans ces listes que parce qu’on le lisait dans une des Êpîtres de saint Paul. — Voir Acta sanctorum, 23 septembre, t. vi, 1757, p. 539-545 ; L. Duchesne, Liber Pontificalis, 2 in-f », Paris, 1886-1892, t. i, p. 52, 121.

2. LIN (hébreu : pêSéfetpi${âh ; Septante : X(vov ; Vulgate : linum), plante dont les filaments servent à fabriquer une toile fine, appelée également lin.

I. Description. — Herbe cultivée de temps immémorial pour les fibres textiles que fournit sa tige, le Linum usitatissimum de Linné (fig. 77), n’existe plus aujourd’hui nulle part à l’état spontané. Il est probable même que son origine doit être cherchée dans une des nombreuses espèces du genre, modifiée profondément dans ses caractères par une culture prolongée. Cet ancêtre du lin serait % Linum angustifolium Hudson (fig. 78), qui possède comme lui une tige couverte de nombreuses feuilles linéaires et terminée par un petit groupe de fleurs à 5 pétales bleus auxquelles succèdent des capsules septicides à 5 loges. Mais la plante sauvage diffère de celle de nos cultures par sa tige plus grêle, plus ramifiée, pouvant vivre plusieurs années et fleurir plusieurs fois. Elle est aussi plus réduite dans toutes ses parties, fleurs, fruits et graines, ses pétales sont entiers, etc. Mais ces différences en apparence tranchées s’effacent si l’on compare les formes de passage qui leur servent de trait d’union. La variété cultivée sous le nom de