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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/174

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LOGENHAGEN

LOGOS

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    1. LOGENHAGEN Jacques##

LOGENHAGEN Jacques, théologien belge, prêtre de l’ordre du Saint-Sauveur, né à Anvers, mort en 1611, a publié : Annotaliones in Epistolam canonicam D. Jacobi, in-8°, Anvers, 1571 ; Commenlarius in Evange-Uum secundum Lucatn ex operibus S. Augustini excerptus, in-8°, Anvers, 1574. — Voir Valère André, Biblioth. Belgica, p. 418 ; Dupin, Table des auteurs ecclésiast. du xrn* siècle, col. 1537.

B. Heurtebize.
    1. LOGOS##

LOGOS (grec : Aôyoç ; Vulgate : Verbum). — I. Le problème. — Le mot Xô-j-o ; signifie parole et raison, mais tandis que le second sens est très commun chez les écrivains profanes, la première acception est seule usitée dans la Bible. Il ne faut excepter que certaines phrases toutes faites comme Xôyov ScSdvat, rendre compte, Tivt)iôf(i), pour quelle cause, etc. Dans les Septante Xôyoç est la traduction ordinaire de l’hébreu dâbâr ou de ses synonymes poétiques’ônier et millâh. C’est toujours ; < parole » ou « discours » ; jamais « raison » : yoc toO ©soû désignera donc un oracle particulier ou l’ensemble de la révélation. Il en est de même dans le Nouveau Testament. Seulement ici ô Xôyoç (sous-entendu to-j ©ee>0 ou to-j Xpioroû) devient une sorte de terme technique pour signifier l’Évangile. — On sait que la terminologie de saint Jean est tout à fait spéciale. Six fois dans ses écrits é Xoyoç tout court désigne un être divin préexistant à la création du monde et qui s’identifie avec Jésus-Christ. Joa., i, 1 (ter) ; î, 14 ; I Joa., i, 1 ; Apoc, xrx, 13. Il est impossible de douter que le Verbe de Dieu de l’Apocalypse, xix, 13, soit identique à celui de l’Évangile et si l’on tient compte du contexte et du parallélisme on affirmera sans hésitation la même chose du Verbe de vie de la première Épître. Cependant, pour la doctrine du Logos, nous ne sortirons pas de l’Évangile, les passages de PÉpître et de l’Apocalypse ne nous offrant guère que le nom. — Nous avons à chercher quelle est la nature du Logos de saint Jean, comment il diffère du Logos de Philon, quelle est l’origine de cette conception dans l’évangéliste comme dans le philosophe alexandrin, enfin quelle est la provenance du nom lui-même.

IL Le Logos dans saint Jean. — 1° Prologue. — L’idée du Logos domine tout le Prologue. Il est tour à tour envisagé dans sa triple relation avec Dieu, avec le monde et avec l’humanité. —i.Le Logos et Dieu. — Trois affirmations résument son rôle au sein de la divinité : « Au commencement le Logos existait ; » il est donc sans commencement, éternel. « Et le Logos était en Dieu, » résidait auprès de Dieu, Ttpbç tôv ©eov, par conséquent était distinct de lui, é ®eô ; avec l’article désignant le Père. Enfin « le Logos était Dieu » : xai ©eo ; > à >.6yot. Il n’est pas dit que le Logos fût le Père, à ®e<5{, ce qui serait manifestement absurde ; mais il est dit qu’il était Dieu, 0e6{, qu’il avait la nature divine ; et cela est exprimé avec emphase par un procédé d’union’et de transition particulier à Jean, procédé qui consiste à renverser la place du sujet et de l’attribut et â mettre ce dernier en tête de l’incise. Il est à noter que les mots ï-i àpfâ, « au commencement, » allusion manifeste au début’de la Genèse, affectent les trois premières propositions et que le verbe -7, v, avec ses trois acceptions différentes « exister, subsister, être », indique un état contemporain de ce commencement, mais nécessairement antérieur. — 2. Le Logos et le monde. — Ici la doctrine de l’apôtre est la clarté même : « Tout a été fait par lui (St’aûtoû) et rien n’a été fait sans lui. » Absolument rien (où6è £v) de ce qui est soumis au devenir n’est arrivé à l’existence (ÈYévExb) indépendamment de lui (x< « >P^Ç aiitoO). La matière elle-même est comprise dans une.affirmation si générale et si catégorique. — 3. Le Logos et l’humanité. — « Et le Logos, s’est fait chair et il a fixé sa tente parmi nous et nous avons vu sa gloire. » i, 14. Il

est évident que le Logos est ici identifié avec le Christ historique auquel Jean-Baptiste a rendu témoignage : c’est un même sujet d’attributions, un même agent, une même personne.

2° Rapports du Prologue avec l’Evangile. — D’après une explication assez répandue, le Prologue ne serait pas la porte de l’Évangile, mais un vestibule destiné à y introduire sans soubresauts, insensiblement, les esprits imbus de la culture hellénique. Ce serait une façade appliquée après coup à l’édifice et qui ne lui conviendrait pas. La maison n’aurait pas de rapport avec la devanture (Harnack) ; tout au plus accorde-t-on au Logos une place secondaire, subordonnée (Beyschlag). Les deux raisons qu’on donne pour séparer le Prologue du corps de l’ouvrage et en diminuer l’importance théologique sont : 1° Que le Jésus du quatrième Évangile ne prétend point au titre et à la qualité de Logos. 2° Que ce mot de Xô-j-o ; ne reparait plus dans son sens technique, en dehors du Prologue. — Nous croyons au contraire

— et H. J. Holtzmann semble l’avoir établi à l’évidence

— que le Prologue n’est pas un morceau composé après coup et séparable de l’Évangile, mais qu’il en est le programme et qu’il en livre la clef. L’Évangile entier a pour but de montrer que le Jésus historique possède toutes les propriétés du Logos fait chair du Prologue. En effet, le Logos est Lumière et Vie et il a pour fonction de communiquer aux hommes la lumière et la vie, I, 4-9 ; mais Jésus lui aussi est la Vie, xiv, le pain de vie, vi, 48, la Lumière, viii, 12 ; îx, 5 ; xii, 46, el il proteste en vingt endroits qu’il apporte aux hommes la lumière, m, 19-21 ; viii, 12 ; xii, 35-36 et la vie éternelle, iii, 15, 16, 36 ; v, 40, 47, 54, 68 ; x, 10, 28 ; xvii, 2, 3 ; xx, 31. Le Logos du Prologue est préexistant d’une préexistence éternelle, tout-puissant, omniscient ; mais ce sont là précisément les attributs que nous voyons appliqués à Jésus, avec le plus d’insistance, au cours de l’Évangile. Enfin le Logos est Dieu, i, 1, 18 (nous lisons avec les meilleures autorités : 6 [aovoysvïiç ©e<5 ; au lieu de vie ; ) ; mais Jésus se donne pour l’égal de Dieu, v, 18, pour le Fils de Dieu, xix, 7, pour Dieu, x, 33 ; il accepte ce nom de la bouche de saint Thomas, xx, 28 ; si saint Jean ne lui fait pas revendiquer le titre même de Logos, c’est que ce nom est notoirement étranger à la terminologie du Maître. On est donc obligé de reconnaître que le Prologue est soit un canevas tracé d’avance que l’Évangile remplit, soit un résumé qui condense en quelques lignes la quintessence de l’Évangile. Dans un cas comme dans l’autre, son importance, au point de vue de la théologie johannique, est capitale. « Le Prologue et le livre sont à expliquer l’un par l’autre, ^ ils sont inintelligibles l’un sans l’autre. » A. Loisy, Éludes évangéliques, 1902, p. 127.

3° Le Prologue et le reste du Nouveau Testavient. — Bien que le mot de Logos soit propre à saint Jean, car I Pet., i, 23, et II Pet., iii, 5, ne peuvent pas s’entendre du Logos personnel, non plus que Heb., IV, 12, la doctrine elle-même lui est commune avec d’autres écrivains sacrés. Les Épîtres de saint Paul, Col., 1, 13-20 ; il, 9 ; Phil., ii, 5-11, ainsi que Heb., i, 1-4, expriment en substance toutes les idées essentielles du Prologue, relativement à la personne unique du Christ et à sa double nature, mais elles les revêtent d’une terminologie différente. Elles s’accordent avec saint Jean sur les points suivants : 1. Identification, avec la personne historique de Jésus, d’un être divin, préexistant d’une préexistence éternelle. Notez comme ils passent, sans changement de sujet, de la préhistoire du Christ à sa vie historique et ensuite à son état glorifié. — 2. Filiation divine en un sens tout spécial qui ne convient ni ne peut convenir à aucun autre. Il est le Fils par excellence, Heb., i, 2, 5, 8 ; iii, 6, etc. ; Col., i, 13 ; le Monogène. Joa., i, 18. — 3. Rôle actif dans la création et la conservation de tous les êtres sans exception. JJeb., i, 2-3 ; Col., i, 16-17 ;